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Santé - Page 128

  • OGM toxiques ? Les ondes de choc de l'étude de Gilles-Eric Séralini

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    Le maïs OGM NK603 de Monsanto, du poison dans nos assiettes ? Ou pas ? Photo DR

    Ce n'est pas vraiment une surprise. L'avis des experts français, rendu public le lundi 22 octobre, a conclu que le travail mené par Gilles-Eric Séralini sur l'OGM NK603 et le RoundUp de Monsanto, ne permettait pas de démontrer la toxicité de cet OGM. Ce qui l'est peut-être plus, c'est qu'ils demandent cependant que de nouvelles études, indépendantes et financées par des fonds publics, soient menées sur les OGM, car ils estiment que les risques sanitaires ne sont pas assez documentés à l'heure actuelle.

     "D'importantes lacunes scientifiques"

    hcb,anses,ogm,maïs,pesticide,nk603,roundup,monsanto,étude,séraliniSaisis par le gouvernement, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et le Haut Conseil des biotechnologies (HCB) ont tous les deux conclu que cette "étude-choc", qui liait le développement de tumeurs à la consommation d'OGM, présentait d'importantes lacunes scientifiques. "Les données présentées ne permettent pas d'établir scientifiquement un lien de cause à effet entre la consommation du maïs OGM et/ou de pesticide et les pathologies constatées", a estimé dans un communiqué l'Anses. De son côté, le Haut Conseil aux biotechnologies (HCB), une instance d'expertise et de consultation spécifiquement chargée des questions relatives aux OGM, n'a pas dit autre chose, en soulignant lundi matin "des lacunes et des faiblesses méthodologiques rédhibitoires" qui annulaient, selon lui,  toutes les informations contenues dans cette étude.

    "Des études à long terme" et indépendantes, recommandées par les deux instances


    OGM: l'Anses juge nécessaires des études de long... par afp

    Mais l'Anses souligne cependant l'originalité de ce travail, qui aborde le sujet jusqu'ici très peu étudié - l'Anses ne recense que deux autres études - des effets sanitaires à long terme de la consommation d'OGM. Et l'agence sanitaire "recommande d'engager des études et recherches sur la question des effets à long terme des OGM associés aux préparations phytopharmaceutiques". "Ces travaux devraient être menés dans le cadre de financements publics", ajoute l'autorité, qui propose son aide pour définir les protocoles de ces études.  De même, le HCB précise dans un communiqué que, pour le "lever le doute" dans l'opinion publique, "le comité éthique et social recommande qu'une étude de long terme soit immédiatement entreprise sous l'égide des pouvoirs publics afin de lever le doute quant à la sécurité sanitaire du maïs NK603".

    Monsanto, pas vraiment convaincu

    Interrogé sur la perspective de telles études, un porte-parole de Monsanto a relevé que "l'avis de cet organisme ne change pas l'évaluation du risque" d'utilisation du maïs visé. "Celle qui est faite nous semble suffisante", a-t-il dit.

    "Un progrès", pour Séralini, qui veut faire interdire entre-temps le maïs concerné


    Maïs OGM: le Pr Séralini conteste l'évaluation... par afp

    Quant au biologiste Gilles-Eric Séralini, dont le travail portait sur la consommation par des rats pendant deux ans de maïs NK603 et/ou de pesticide Round Up de Monsanto, en mettant à disposition de la communauté scientifique l'intégralité des données de son étude, il avait lui-même appelé à une généralisation des études de long terme sur les OGM. S'il conteste les conclusions des experts français remettent en question la fiabilité de son étude, elles répondent cependant favorablement à ses intentions, qui étaient de susciter de nouvelles études indépendantes et de long terme, sur la sécurité sanitaire des OGM. Le scientifique estime donc que cette recommandation du HCB est  un "progrès", mais réclame, entre-temps, l'interdiction du maïs concerné, par principe de précaution. Il a demandé en outre, lundi, que les études de Monsanto qui ont servi à autoriser des OGM soient publiées et «décortiquées» comme les siennes, lors d'une conférence de presse à Caen (Calvados), après les avis négatifs des autorités sanitaires sur son travail.  «Là on comprendra que les études qu'ils ont faites sont carrément insuffisantes avec une puissance statistique qui, je vous le promets, sera encore inférieure à la nôtre. Il ne faut pas prendre la des enfants en otage», a-t-il déclaré.

    Une controverse écologique et sanitaire utile

    hcb,anses,ogm,maïs,pesticide,nk603,roundup,monsanto,étude,séraliniPour la ministre de l'Ecologie, Delphine Batho, l'étude Séralini sur les OGM "a au moins un mérite : elle a mis en avant la nécessité de bouger" même si elle "n'est pas conclusive" et qu'elle est "controversée".  "Il faut donc à l'avenir "des études à long terme, des études qui portent sur les effets cumulés des OGM et des pesticides qui les accompagnent et revoir la procédure d'évaluation", a-t-elle détaillé en marge du Sial (le Salon international de l'alimentation, qui se tient jusqu'à jeudi à Villepinte).

    "Laxisme européen"

    Début octobre, l'Autorité européenne de sécurité alimentaire (Efsa) avait déjà jugé que l'étude menée par l'équipe de Gilles-Eric Séralini était d'une qualité scientifique insuffisante. Le biologiste français - ainsi que la député européenne Corinne Lepage, avec qui il a co-fondé un comité de recherche (CRIIGEN)- a mis en cause les experts européens, qu'il accuse de "grave laxisme" dans l'autorisation des produits OGM. Dernier rebondissementt, hier, à la suite d’une demande écrite envoyée par le professeur Séralini, l'Efsa a publié sur son site avoir donné au chercheur l’accès à toutes les données disponibles en relation avec l’évaluation réalisée par l’Autorité sur le maïs génétiquement modifié (GM) NK603 en 2003 et 2009.

    Remettre à plat le dispositif européen d'autorisation des OGM et des pesticides

    Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, s'était engagé à demander l'arrêt des importations de ce type de produits et la révision des procédures d'homologation en Europe si l'étude était validée. Ce qui n'est pas le cas. Le gouvernement français considère donc, dans un communiqué publié lundi, qu'il "n'y a donc pas lieu de revenir sur les autorisations accordées au maïs NK603 et à l'herbicide Roundup". Mais il plaide aussi pour une "remise à plat du dispositif européen d'évaluation, d'autorisation et de contrôle des OGM et des pesticides", et affirme qu'il va chercher à renforcer les études sur les effets à long terme de la consommation d'OGM associés à des pesticides.

    Rappelons que, conformément à la réglementation européenne, l'importation de produits OGM est autorisée en France, et donc indirectement leur consommaion, mais pas leur culture.

    Cathy Lafon

    EN SAVOIR PLUS

    • L'Anses (l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) assure des missions de veille, d'expertise, de recherche et de référence sur un large champ couvrant la santé humaine, la santé et le bien-être animal, et la santé végétale. Son site : cliquer ICI
    • L'avis de l'Anses, sur l'étude de Gilles-Eric Séralini : cliquer ICI
    • Le HCB (Le Haut Conseil des biotechnologies) qui réunit depuis 2009 une soixantaine d'experts, est une instance indépendante chargée d'étudier toutes les décisions publiques concernant les OGM.  Son site : cliquer ICI
    • L'avis du HCB : cliquer ICI
    • L'Efsa (l'Autorité européenne de sécurité des aliments) est la pierre angulaire de l'Union européenne (UE) pour ce qui concerne l'évaluation des risques relatifs à la sécurité des aliments destinés à l'alimentation humaine et animale. Son site : cliquer ICI
    • L'avis de l'Efsa sur l'étude Séralini : cliquer ICI
    • Le site du CRIIGEN : cliquer ICI
    • L'étude de Gilles-Eric Séralini : cliquer ICI
  • Initiative. Repas bio : les cantines de l'agglo bordelaise sont exemplaires

    cantine bdx.jpg

    Le bio à l'école, une affaire qui marche en Gironde, à Bègles, Bordeaux et Mérignac (Photo AFP)

    La ville de Bègles avait été distinguée en juin dernier par l'Arbio (Association interprofessionnelle au service des opérateurs bio d'Aquitaine) pour son engagement en faveur du bio, dans la restauration scolaire. Samedi 13 octobre, c'était au tour des villes de Bordeaux et  Mérignac de recevoir le label "Territoire BIO engagé", pour leurs efforts en matière de nourriture bio dans leurs cantines.

    arbio.jpgBordeaux-Mérignac : le goût du bio

    Les deux villes ont une cuisine centrale commune (le SIVU Bordeaux-Mérignac) qui alimente les écoliers des écoles maternelles et élémentaires, mais aussi les centres de loisirs, les clubs seniors, les restaurants municipaux et les repas livrés à domicile. Soit la bagatelle de 20.000 repas par jour et de 3 millions de repas par an ! En juin dernier, elle a atteint le taux de 23,6 % de bio dans le volume total de ses achats, dépassant ainsi l'objectif de 20 % fixé par le Grenelle de l'environnement.

    Un label, pas un concours

    Opération unique en France, "Territoire BIO engagé" n'est pas un concours, mais un label, remis par l'Arbio. Pour pouvoir l'afficher, les collectivités locales doivent apporter la preuve qu’elles ont atteint l’un des deux objectifs chiffrés par le plan « Horizon 2012 » ou les deux : 6% de surface agricole cultivée en production biologique et/ou 20% de l’approvisionnement des restaurations collectives en produits bio.

    « Le Bio, bon pour la nature, bon pour nous »

    A l'heure de la Semaine du goût, la formule de l’Agence Bio a le mérite de souligner les avantages que chacun de nous peut attendre de ce mode de production qui protège les sols et les ressources naturelles, mais aussi la santé des agriculteurs et des habitants d’un territoire. Des tout petits aux personnes les plus âgées.

    Cathy Lafon

    EN SAVOIR PLUS

    • Le SIVU Bordeaux Mérignac  : cliquer ICI
      Le Syndicat Intercommunal à Vocation Unique est un établissement qui associe les communes de Bordeaux et de Mérignac. Il prépare près de 20.000 repas chaque jour pour restaurer les enfants des écoles maternelles et élémentaires, les centres de loisirs, les clubs seniors, les restaurants du personnel municipal et les livraisons à domicile (13.000 par jour à Bordeaux). Des chiffres impressionnants : 3 millions de repas par an, 200 points de livraison, 94 agents sur le site et un budget d’environ 13 millions d’euros, dont 7 millions dédiés à l’alimentaire.
    • Les produits bio, de la production à la transformation, sont contrôlés par des organismes indépendants permettant d’attester le strict respect de la règlementation bio.
    • L’Aquitaine est la 5ème région française en nombre d’exploitations bio, avec 2160 producteurs. Elle est, avec Midi-Pyrénées, la région qui a le plus progressé (+ 500 exploitations en 2010). Les surfaces cultivées en bio ont progressé de plus de 40% en un an, pour représenter près de 57 000 hectares(4,1 % de la surface agricole utile régionale).  (Sources : Chiffres 2010 et 2011 de l’Agence Bio).
    • Le site internet d'Arbio : cliquer ICI
    • Le site internet de l'Agence bio : cliquer ICI
  • Planète vidéo. Peut-on nourrir le monde sans pesticides ? Oui, pour Marie-Monique Robin

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    Marie-Monique Robin, journaliste-militante. Photo archives AFP

    La Semaine du goût, organisée en France du 15 au 22 octobre, ponctuée mardi 16 octobre par la Journée mondiale de l'alimentation, est l'occasion de réfléchir à nos modes d'agriculture et d'alimentation.

    Peut-on nourrir les milliards de Terriens avec une agriculture plus écologique et sans engrais chimiques ? Marie-Monique Robin y croit dur comme fer. Après des enquêtes à charge sur Monsato ou les pesticides, la journaliste a parcouru les continents pour témoigner des réussites de l'agroécologie.  

    "Les Moissons du futur", dont la version écrite est paru 11 octobre et dont la version filmée sera diffusée le 16 octobre sur Arte, clôt la trilogie "alimentaire" de l'auteur du "Monde selon Monsanto" (2008) et "Notre poison quotidien" (2010).

    "Aujourd'hui, si on ne peut pas nourrir le monde, c'est à cause des pesticides"

    "Après ces films, j'ai participé à des dizaines de conférences où on me demandait: mais est-ce qu'on peut nourrir le monde sans pesticides?", raconte cette fille d'agriculteurs. Après avoir rencontré des agronomes, agriculteurs et experts sur tous les continents, du Japon au Mexique en passant par l'Allemagne, le Malawi, le Kenya ou les Etats-Unis, elle livre un verdict sans appel : non seulement on peut produire en quantités suffisantes sans polluer les sols, dit-elle, mais "si aujourd'hui on ne peut pas nourrir le monde, c'est à cause des pesticides..."

    "Les Moissons du futur", un film porteur d'espoirs

    Contrairement à ses deux films précédents, "Les Moissons du futur" n'est pas à proprement parler une enquête mais davantage un film/livre de témoignages, au ton plus léger. Une illustration aussi des conclusions d'un rapport publié en mars 2011 par Olivier De Schutter, rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à l'alimentation. Développer l'agroécologie, méthode basée sur le renouvellement des sols en bannissant les engrais chimiques, peut permettre d'améliorer les rendements dans les régions les plus pauvres tout en étant plus adapté au changement climatique, énonçait en substance ce document. "Les projets agroécologiques ont montré une augmentation moyenne des rendements de 80% dans 57 pays en développement, avec une augmentation moyenne de 116% pour tous les projets africains", affirmait son auteur. 

    Les réussites de l'agroécologie

    Marie-Monique Robin est donc partie "sur le terrain, à hauteur d'hommes" voir à quoi ressemblaient ces réussites. Elle s'intéresse, par exemple, à l'agroforesterie, méthode consistant à planter au milieu des cultures, des arbres capables de capter l'eau plus profondément dans le sol, de maintenir la qualité des sols et de lutter contre l'érosion. "Les études montrent que les systèmes agricoles les plus productifs sont ceux qui présentent une densité importante d'arbres", rapporte la journaliste.

    Au Kenya, une plante plus efficace qu'un pesticide

    Au Kenya, la réalisatrice raconte comment des agriculteurs ont remplacé les insecticides par la technique du "push-pull" pour combattre un parasite, la pyrale du maïs: ils ont planté entre leurs rangs de céréales du desmodium, une plante dont l'odeur fait fuir le papillon indésirable, et en lisière de champs de l'herbe à éléphant, qui attire l'insecte mais tue ses larves ! Des techniques à première vue simples mais qui nécessitent en amont un sérieux travail de recherche, allant souvent au-delà du cahier des charges de l'agriculture biologique: "Cette agriculture intensément écologique, c'est très moderne, ce n'est plus l'âge de pierre", rappelle l'ingénieur agronome Marc Dufumier.

    Le "Bonheur est dans l'assiette" !

    alimenation,pesticidesUne agriculture saine, c'est aussi la gourmandise d'une gastronomie renouvelée. Outre les "Moissons du futur", la chaine Arte diffuse également cette semaine un documentaire en cinq volets : "Le bonheur est dans l'assiette". Tout autour du monde, cinq hommes s'appuient sur les traditions culinaires et agricoles et mettent en valeur l’écosystème de leur région pour régaler leurs convives et réfléchir à notre destin alimentaire. Les vertus de l'agroécologie sont également conviées à la table de ces inventeurs de la cuisine de demain qui, à leurs principes, joignent le geste, la démarche et l’action. L'Aquitain Arnaud Daguin qui valorise les superbes produits du pays Basque et encourage l’approvisionnement en filières courtes, inaugure la série ce soir, à 19 h. Si 19 heures, c'est trop tôt, ou si on préfère le son sans les images, on peut aussi ré-écouter avec profit la passionnante émission "On va déguster", consacrée dimanche 14 octobre à "La gastronomie durable !", en compagnie justement d'Arnaud Daguin...

     Cathy Lafon

    A LIRE

    • "Les Moissons du futur, Comment l'agroécologie peut nourrir le monde", de Marie-Monique Robin, éditions La Découverte, 304 pages, 19,50 euros.

    A VOIR

    • Diffusion du documentaire le 16 octobre à 20H50 sur Arte, disponible en DVD à partir du 24 octobre.
    • Diffusion du documentaire :  "Le bonheur est dans l'assiette", du 15 au 19 octobre, Arte, 19 h.

    A ECOUTER

    • "La gastronomie durable !", "On va déguster", France Inter, dimanche 14 octobre 2012 : cliquer ICI

    A SAVOIR

    • Qu'est-ce que l'agroécologie : cliquer ICI
    • Le rapport de l'ONU sur l'agroécologie et le droit à l'alimentation : cliquer ICI