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Pollution - Page 414

  • L'espace : nouvelle poubelle de l'humanité

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    La sonde Phobos-Grunt. Photo DR

    Cela avait échappé aux Mayas, mais il se peut que le ciel nous tombe sur la tête dès le lundi 15 janvier 2012.

    Les fragments de la sonde Phobos-Grunt doivent retomber sur Terre, entre le 6 et le 16 janvier. Et plus précisément le 15, selon les dernières estimations des scientifiques. Lancée par les Russes le 9 novembre 2011, Phobos n'a pas réussi à se détacher de l'orbite terrestre pour prendre la route de Mars. Un satellite qui retombe sur la planète bleue ? Il va falloir s'y habituer, depuis quelques mois, le phénomène devient presque banal : on a dénombré environ une chute par mois d'engin spatial, depuis septembre dernier. Le 24 septembre 2011, le satellite UARS de la Nasa, d'un poids de 6,3 T, tombait sur notre planète. Le 23 octobre, c'était Rosat, un satellite allemand de 2 T. Enfin, la veille de Noël, le 24 décembre, les morceaux dun satellite russe s'écrasaient en Sibérie,  dans un petit village, rue des Cosmonautes (cela ne s'invente pas).

    Plus de 350 millions d'objets dans l'extra-atmosphère

    Après avoir pollué la Terre, l'humanité s'est donc attaqué avec succès à l'espace. Non sans conséquences possible sur la sécurité des Terriens  : jusqu'à présent, aucun engin spatial n'a fait de victimes en retombant sur notre bonne vielle planète, mais les probabilités ne peuvent pas exclure que cela arrive un jour. Comble du comble, l'un d'eux pourrait même tomber sur une centrale nucléaire... Une foule d'objets évaluent en effet aujourd'hui dans l'espace extra-atmosphérique, et peuvent un jour revenir au bercail terrestre : le Centre national des études spatiales (CNES) en dénombrait, à la fin août, la bagatelle de 350 316 000. Dans l’espace, rien n’échappe à  la vigilance du CNES, qui travaille sur le sujet au sein du comité de l’espace des Nations Unies (COPUOS), et qui tient une comptabilité précise des déchets spatiaux qui encombrent l’espace, menacent les satellites et risquent de faire s’effondrer le ciel sur nos têtes.

    Des "encombrants" spatiaux très spéciaux

    De taille et de nature diverses, ces "encombrants" d'un nouveau genre mesurent de moins de 1 cm de diamètre (les plus nombreux, 350 millions) jusqu’à plus de 10 cm de diamètres (les moins nombreux, 300 000). 15 000 « objets » tournent en orbite basse, dont 2 523 satellites hors d’usage. Satellites hors service, étages de lanceurs, fragments divers… ces corps créés par l’humanité dans sa conquête de l’espace, s’accumulent dans le ciel depuis un demi-siècle. Il est vrai que depuis le premier Spoutnik, en 1957, les hommes ont procédé à quelque 4 800 lancements dans l’espace. Soit  89 par an, en moyenne... La situation est telle que, selon un rapport cité par le Monde le 2 septembre 2011, elle inquiète au plus haut point  les scientifiques américains, non pour les risques encourus par les populations dans le cas où ces objets retournent sur terre, mais parce que leur quantité finit tout simplement par menacer les futurs lancements spatiaux et leur exploitation. Imaginons les trottoirs de nos rues jonchés de vieux écrans de télévision ou d’ordinateurs, et de réfrigérateurs …. difficile de circuler et d'y faire la course !

    Vers une "gendarmerie de la propreté spatiale"

    Après les brigades vertes de nos villes, une sorte de "gendarmerie de la propreté spatiale internationale" pourrait bien ainsi voir le jour : pour "protéger" l'espace, des règles très strictes s’élaborent désormais sur la gestion des lancements et des satellites en fin de vie. De même, de multiples projets de nettoyage de l’espace sont à l’étude : moteur ionique, kit de désorbitation, voile solaire, filet, véhicules remorqueurs…. Le CNES, toujours lui, y réfléchissait déjà en 2005.

    Des "pollueurs-payeurs" intergalactiques  ?

    Enfin, la question écologique de la gestion des déchets spatiaux a une dimension politico-juridique inattendue  : nettoyer, oui, mais qui nettoie quoi et avec quels financements ? Selon les Nations-Unis, les Etats sont responsables des dommages qu’ils peuvent causer par leurs lancements. Alors, faut-il aussi organiser la collecte sélective de déchets spatiaux ? L’association écologique Robin des Bois planche déjà sur la question et appelle de ses vœux, pour l’espace comme pour la Terre, l’application du principe pollueur-payeur. Telles sont les conclusions du rapport très détaillé que l’ONG a publié en juin dernier : la création par l’humanité d’une pollution industrielle d’un genre nouveau, encore plus « irrécupérable » que celle des déchets de plastique ou d’hydrocarbure dans l’océan, nécessite, selon elle, la création d’un fonds alimenté par tous les usagers de l’espace.

    Paradoxalement, l’espace, comme la Terre, n’est finalement pas si grand. Il constitue lui aussi un monde « fini », si on le rapporte aux champs des possibles de l'activité humaine, et on y retrouve les mêmes contraintes écologiques que sur la planète Terre. Ce sera notre leçon "verte" du 15 janvier 2012.
     

    Cathy Lafon

     

     
  • News fil vert

    rena04.JPGNouvelle-Zélande: retour du risque de marée noire dans un sanctuaire naturel

    Le porte-conteneurs Rena qui s'est échoué le 5 octobre 2011 sur un récif situé à 22km au large de Tauranga sur la côte Est de l'île Nord du pays, a déjà déversé quelque 300 tonnes de carburant et quelques uns de ses conteneurs dans la mer (photo AFP, octobre 2011).

    Il vient de se briser en deux sous l'effet de la tempête, ravivant les craintes d'une pollution au fioul lourd, a-t-on appris dimanche 8 janvier par l'agence Reuters. Des experts de lutte contre la pollution pétrolière et des spécialistes de la protection de la nature ont été mobilisés, du fioul lourd ayant recommencé à s'échapper des soutes du navire naufragé sur le récif de l'Astrolabe depuis le 5 octobre, proche de la localité touristique de Tauranga (côte est de l'île du Nord).  Les deux parties du Rena se sont éloignées de 20 à 30 mètres l'une de l'autre après avoir été heurtées par des vagues de 7 m de haut. La baie menacée de la plus importante castrophe maritime qu'ait connue la Nouvelle Zélande, constitue un formidable espace naturel, peuplé de mammifères marins et de multiples oiseaux, dont plus de 1 300 ont déjà été englués par le carburant largué par le Rena.

    Cathy Lafon

  • Nucléaire. Cher André-Claude Lacoste, je te kiffe

    lacoste.jpgCher André-Claude Lacoste (ACL), toi le grand patron de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), permets-moi d'abord de te tutoyer. Car il faut que je te dise un truc : je te kiffe. Grave.

    Ca ne date pas d'aujourd'hui. Déjà, en mars dernier, mon coeur avait frémi lorsque je t'avais vu à la télévision, commenter l'impensable : dans un pays capitaliste, d'un haut niveau technologique et scientifique, dont la valeur travail est un modèle pour tout l'Occcident, une centrale nucléaire venait de péter. Le 13 mars 2011, le monde entier, sidéré, découvrait que le Japon avait eu une centrale nucléaire qui s'appelait Fukushima. J'avais la grippe, 40 ° de fièvre, le cerveau embrumé, le moral dans les chaussettes et je me trainais consciencieusement devant ma téloche pour ne pas rater le moindre commentaire des "experts" qui défilaient sans rien savoir des réalités de la situation au Japon. "Fukushima addict", je devenais, redoutant une fin du monde dont on ne m'avait pas dit qu'elle était prévue pour le 21 décembre 2012. Quand soudain, on annonce la venue sur le plateau télé du "gendarme de l'ASN", c'est à dire toi, cher ACL. Ouh la la la, me dis-je, celui-là, il va nous refaire du professeur Pierre Pellerin (patron du SCPRI en 1986), genre post-tchernobylesque : "Le nuage de Fukushima, il va éviter la France".  "Mais non, ce n'est pas une catastrophe nucléaire là, juste un tsunami qui a mal tourné".  "Et puis d'abord, un accident nucléaire, ça ne peut pas arriver en France."

    Ou du NKM, genre je noie le poisson : "Fukushima, c'est une catastrophe naturelle, pas un accident technologique nucléaire". Et le lendemain  : "C'est un ACCIDENT nucléaire,  oui, mais PAS une CATASTROPHE nucléaire. Nuance". Et là, avec tes faux airs de général Bertineau dans "Taxi" (l'excellent Jean-Christophe Bouvet, qui joue le rôle du papa de Marion Cotillard), tu m'as scotchée. Je résume tes propos: "Oui, Fukushima, c'est un accident nucléaire d'une gravité sans précédent". "Oui, cela peut arriver en France, car malgré toutes les précautions prises, un accident nucléaire ne peut jamais être exclu, même en France". J'en avais les larmes aux yeux : un expert du nucléaire et de la sûreté qui va avec, qui ne nous prend pas pour des imbéciles ! Dieu existe, et Eva Joly est la Sainte Vierge !

    La révélation

    Il a "la révélation", me suis-je dis. Ce gars là, symbole de l'industrie nucléaire française, va virer anti-nucléaire et devenir le meilleur pote de Stéphane Lhomme, ex-héraut girondin du réseau Sortir du Nucléaire et militant actif de Tchernoblaye.  Les larmes aux yeux que j'avais. Là, c'était la fièvre qui me faisait délirer. Mais dix mois après, le 3 janvier 2012, mon coeur s'emballe à nouveau ! A l'heure où tu dois remettre, cher ACL, au nom de l'ASN, le rapport commandé par le gouvernement français sur la sûreté de nos centrales françaises, je suis à l'affût de tes propos, sur internet et sur France Info. Et boum, tu récidives. Certes, tu ne demandes l'arrêt immédiat d'aucun réacteur français, mais tu mets les choses au clair : "La poursuite de l'exploitation des centrales nécessite d'augmenter leur robustesse face aux situations extrêmes" et "malgré toutes les précautions prises, un accident nucléaire ne peut jamais être exclu. C'est ce qui fonde toute notre action". Pas de langue de bois, avec ACL. Juste les faits. Et cette façon, juste, élégante et virile à la fois, de se poser en arbitre au dessus de la mêlée, en renvoyant gouvernants politiques et exploitants face à leurs responsabilités.  "Il faut un investissement massif"  : tu le dis, oui, ça va coûter très cher. Mais tu rajoutes aussi que rien n'interdit à un gouvernement ou à un exploitant,  de prendre la décision d'arrêter un ou des réacteurs, s'il s'avère que la mise aux normes de sécurité n'est pas rentable. Fessenheim, suivez mon regard... Alors là, je dis chapeau. Et puisque le nucléaire est là et restera bien là pour des centaines d'années, même si on décide d'en sortir, je nous souhaite d'avoir plein d'autres ACL pour les mille ans qui viennent. Cher André-Claude, tu es bien un des rares gendarmes de ce pays à me donner le sentiment d'être en sécurité.

    Alors, je t'embrasse et te souhaite une excellente année 2012. Honnête homme, scrupuleux et indépendant, tu as déjà 70 ans. Puisses-tu rester longtemps encore à la tête de l'ASN.

    Dictionnaire des sigles

    ASN : Autorité de sûreté nucléaire

    ACL : André-Claude Lacoste, président de l'Autorité de sûreté nucléaire

    SCPRI : Service central de protection contre les rayons ionisants (aujourdhui IRSN)

    NKM : Nathalie Kosciusco-Morizet, actuelle ministre de l'Ecologie en France

     Lire aussi  

    Intégralité du rapport de l'ASN : cliquer ICI.

    Il faudra des milliards d'euros pour sécuriser les centrales

    L'ambition d'être un arbitre "en dehors de la mêlée"

    Revoir la conférence de presse d'ACL du 3 janvier


    Présentation du rapport de l'ASN sur les... 

    Cathy Lafon