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L'espace : nouvelle poubelle de l'humanité

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La sonde Phobos-Grunt. Photo DR

Cela avait échappé aux Mayas, mais il se peut que le ciel nous tombe sur la tête dès le lundi 15 janvier 2012.

Les fragments de la sonde Phobos-Grunt doivent retomber sur Terre, entre le 6 et le 16 janvier. Et plus précisément le 15, selon les dernières estimations des scientifiques. Lancée par les Russes le 9 novembre 2011, Phobos n'a pas réussi à se détacher de l'orbite terrestre pour prendre la route de Mars. Un satellite qui retombe sur la planète bleue ? Il va falloir s'y habituer, depuis quelques mois, le phénomène devient presque banal : on a dénombré environ une chute par mois d'engin spatial, depuis septembre dernier. Le 24 septembre 2011, le satellite UARS de la Nasa, d'un poids de 6,3 T, tombait sur notre planète. Le 23 octobre, c'était Rosat, un satellite allemand de 2 T. Enfin, la veille de Noël, le 24 décembre, les morceaux dun satellite russe s'écrasaient en Sibérie,  dans un petit village, rue des Cosmonautes (cela ne s'invente pas).

Plus de 350 millions d'objets dans l'extra-atmosphère

Après avoir pollué la Terre, l'humanité s'est donc attaqué avec succès à l'espace. Non sans conséquences possible sur la sécurité des Terriens  : jusqu'à présent, aucun engin spatial n'a fait de victimes en retombant sur notre bonne vielle planète, mais les probabilités ne peuvent pas exclure que cela arrive un jour. Comble du comble, l'un d'eux pourrait même tomber sur une centrale nucléaire... Une foule d'objets évaluent en effet aujourd'hui dans l'espace extra-atmosphérique, et peuvent un jour revenir au bercail terrestre : le Centre national des études spatiales (CNES) en dénombrait, à la fin août, la bagatelle de 350 316 000. Dans l’espace, rien n’échappe à  la vigilance du CNES, qui travaille sur le sujet au sein du comité de l’espace des Nations Unies (COPUOS), et qui tient une comptabilité précise des déchets spatiaux qui encombrent l’espace, menacent les satellites et risquent de faire s’effondrer le ciel sur nos têtes.

Des "encombrants" spatiaux très spéciaux

De taille et de nature diverses, ces "encombrants" d'un nouveau genre mesurent de moins de 1 cm de diamètre (les plus nombreux, 350 millions) jusqu’à plus de 10 cm de diamètres (les moins nombreux, 300 000). 15 000 « objets » tournent en orbite basse, dont 2 523 satellites hors d’usage. Satellites hors service, étages de lanceurs, fragments divers… ces corps créés par l’humanité dans sa conquête de l’espace, s’accumulent dans le ciel depuis un demi-siècle. Il est vrai que depuis le premier Spoutnik, en 1957, les hommes ont procédé à quelque 4 800 lancements dans l’espace. Soit  89 par an, en moyenne... La situation est telle que, selon un rapport cité par le Monde le 2 septembre 2011, elle inquiète au plus haut point  les scientifiques américains, non pour les risques encourus par les populations dans le cas où ces objets retournent sur terre, mais parce que leur quantité finit tout simplement par menacer les futurs lancements spatiaux et leur exploitation. Imaginons les trottoirs de nos rues jonchés de vieux écrans de télévision ou d’ordinateurs, et de réfrigérateurs …. difficile de circuler et d'y faire la course !

Vers une "gendarmerie de la propreté spatiale"

Après les brigades vertes de nos villes, une sorte de "gendarmerie de la propreté spatiale internationale" pourrait bien ainsi voir le jour : pour "protéger" l'espace, des règles très strictes s’élaborent désormais sur la gestion des lancements et des satellites en fin de vie. De même, de multiples projets de nettoyage de l’espace sont à l’étude : moteur ionique, kit de désorbitation, voile solaire, filet, véhicules remorqueurs…. Le CNES, toujours lui, y réfléchissait déjà en 2005.

Des "pollueurs-payeurs" intergalactiques  ?

Enfin, la question écologique de la gestion des déchets spatiaux a une dimension politico-juridique inattendue  : nettoyer, oui, mais qui nettoie quoi et avec quels financements ? Selon les Nations-Unis, les Etats sont responsables des dommages qu’ils peuvent causer par leurs lancements. Alors, faut-il aussi organiser la collecte sélective de déchets spatiaux ? L’association écologique Robin des Bois planche déjà sur la question et appelle de ses vœux, pour l’espace comme pour la Terre, l’application du principe pollueur-payeur. Telles sont les conclusions du rapport très détaillé que l’ONG a publié en juin dernier : la création par l’humanité d’une pollution industrielle d’un genre nouveau, encore plus « irrécupérable » que celle des déchets de plastique ou d’hydrocarbure dans l’océan, nécessite, selon elle, la création d’un fonds alimenté par tous les usagers de l’espace.

Paradoxalement, l’espace, comme la Terre, n’est finalement pas si grand. Il constitue lui aussi un monde « fini », si on le rapporte aux champs des possibles de l'activité humaine, et on y retrouve les mêmes contraintes écologiques que sur la planète Terre. Ce sera notre leçon "verte" du 15 janvier 2012.
 

Cathy Lafon

 

 

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