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Pollution - Page 299

  • OGM et pesticides : sale temps pour le miel et les abeilles

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    Apiculteurs au travail dans une école d'apiculture en Dordogne. Photo archives Sud Ouest

    Mauvaises nouvelles en série pour les abeilles. Au moment où les apiculteurs accusent une chute de production de miel en 2013 et doivent batailler pour obtenir le durcissement des restrictions des pesticides afin de stopper la mortalité des abeilles, le parlement européen a rejeté, le 15 janvier, une résolution rendant obligatoire l’étiquetage du pollen OGM contenu dans le miel.

    miel fabrication.jpg"A quoi bon labelliser le miel OGM ?", se demande l'Europe

    Alors qu'ils viennent de s'opposer à l’autorisation d’un nouveau maïs génétiquement modifié dans l'Union européenne, et qu'ils se proposent d'interdire l'utilisation de certains pesticides nuisibles aux abeilles, les eurodéputés sont allés à l’encontre de la Cour de justice européenne pour autoriser désormais les apiculteurs à ne pas labelliser leur produit OGM. La raison de ce paradoxe serait qu'ils considèrent le pollen comme "constituant naturel du miel et non comme ingrédient". En effet, justifie la rapporteuse du texte, Julie Girling, "seul le contenu génétiquement modifié dépassant 0,9% du produit doit être mentionné sur l’étiquette. Etant donné que le pollen n’est présent qu’à hauteur de 0,5% environ dans le miel, il ne dépassera jamais le seuil qui nécessiterait son étiquetage". Un argument que le Tartuffe de Molière n'aurait pas renié.

    rayon miel.jpgFavoriser les importations de miel

    Plus de 40% du miel consommé en Europe est importé. Il provient principalement des pays d’Amérique latine, Mexique et Argentine, où prospèrent les cultures OGM. En allant à l’encontre de la Cour de justice européenne, les eurodéputés ont satisfait les producteurs de ces pays exportateurs pour qui cette mesure aurait menacé l’approvisionnement en miel de l’Union Européenne.

    La décision européenne ne satisfait ni les associations de protection de l’environnement ni le groupe européen des Verts qui déplore un arbitrage qui "protège les OGM" aux dépens des consommateurs, ni les apiculteurs français. Et encore moins les abeilles.

    miel.jpgMais où est donc passé tout le miel ?

    En 2013, 16.000 tonnes de miel ont été récoltées en France, des chiffres bien inférieurs à ceux de 2012, où la filière apicole ne produisait déjà plus que 45% de la consommation nationale de miel, estimée à 40.000 tonnes, contre 64% en 2004, selon FranceAgrimer. La diminution du miel va de pair avec celle des petites ouvrières qui le fabriquent :  de 2004 à 2013, le nombre de ruches a diminué de 20%. En cause : les attaques de frelons asiatiques et surtout les pesticides, responsables de la surmortalité des colonies d'abeilles.

    le foll.jpgLe bras de fer sur les pesticides

    Lors du dernier Comité Stratégique pour l'Apiculture du 17 décembre 2013, cinq organisations apicoles (Confédération Paysanne, Fédération Française des Apiculteurs Professionnels, Fédération Nationale des Organisations Sanitaires Apicoles Départementales, Union Nationale de l'Apiculture Française et Syndicat National de l'Apiculture ) ont claqué la porte. Irrités par "l'incohérence des propositions du plan de développement durable de l'apiculture proposé" par Stéphane Le Foll, Ministre de l'Agriculture, les apiculteurs réclament dans un communiqué de presse du 20 janvier, qu'avant toute initiative visant à développer la filière apicole, l'Etat prenne la décision politique d'interdire l'utilisation des néonicotinoïdes. Ils dénoncent aussi  le récent avis favorable de la France à l'utilisation européenne du thiaméthoxame, un pesticide utilisé notamment dans la vigne, jugé hautement toxique par les producteurs de miel. 

    Les abeilles... et les hommes

    En clair : pour les apiculteurs, le gouvernement doit s'engager clairement à réduire les  pesticides pour stopper la mortalité continue des abeilles. Et donc, tout mettre en œuvre pour réduire l'utilisation et la toxicité des phytosanitaires, qui, argumentent-ils, "impactent en permanence les abeilles, les insectes, les oiseaux, l'air, l'eau, les poissons... et l'homme, bien entendu".

    Cathy Lafon

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  • Réchauffement climatique : l'Australie étouffe sous une vague de chaleur historique

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    A Melbourne, en Australie, c'est la fournaise. Photo AFP

    Dans l'hémisphère sud, c'est l'été. Et cette année, l'été austral est chaud, très chaud. Depuis plusieurs jours, le sud-est de l'Australie subit une vague de chaleur d'une ampleur exceptionnelle qui a provoqué des centaines de brousse et l'interruption des matches de l'Open d'Australie sur les courts extérieurs.

    Il y a un an, déjà

    Il y a très exactement un an de cela, le 17 janvier 2013, Sydney battait tous les records de chaleur enregistrés depuis la mise en place des relevé de températures: le thermomètre avait atteint les 45,8° C  dans l'après-midi. Le précédent record datait de 1939 où la plus grande ville d'Australie avait alors enregistré 45,3° C. "C'est un jour historique pour Sydney aujourd'hui", déclarait Dick Whitaker, météorologiste auprès de la chaîne météo australienne Weather Channel, "Nous n'avons jamais connu de chaleur pareille à Sydney depuis le début des relevés". L'Australie restera la proie  plusieurs semaines durant de vagues de chaleur sans précédent sur les deux-tiers de son territoire et d'incendies ravageurs. En octobre dernier, le sud-est de l'Australie était à nouveau la proie d'incendies d'une ampleur sans précédent et d'une précocité anormale pour la saison, avec des centaines de feux de brousse qui menaçaient la capitale d'un incendie géant. Le printemps austral commençait juste.

    chaleur open australie.jpgEn 2014, toujours plus

    En ce début janvier, les températures dépassent les 40°C à l'ombre depuis ces quatre derniers jours dans l'Etat d'Australie méridionale, où 109 personnes ont dû être hospitalisées ces trois derniers jours, épuisés par la chaleur ou victimes de grave déshydratation. A Melbourne, la capitale de l'Etat voisin de Victoria qui accueille l'Open d'Australie, le jardinier d'une école, âgé de 76 ans, est mort mercredi après s'être évanoui, terrassé par la fournaise. On s'en doute, les joueurs de tennis et les ramasseurs de balle ne sont pas à la fête et sont particulièrement affectés par la chaleur étouffante et intense qui enveloppe Melbourne:vomissements, évanouissements et malaises sont le lot de plusieurs d'entre eux. Les organisateurs ont dû déclencher la Extreme Heat Policy ("politique en cas de chaleur extrême") pour suspendre, jeudi, les matches prévus sur les courts extérieurs, jusqu'à 17h00 locale. Les matchs ont repris ce vendredi et certains joueurs résistent plutôt bien : la chaleur suffocante n'a aucunement perturbé Novak Djokovic et Serena Williams, lesquels se sont qualifiés en coup de vent mercredi pour le troisième tour de l'Open d'Australie.

    Le risque du grand incendie

    De même que l'an dernier, lescarte australie.png feux de brousse font rage dans les deux Etats, dont 800 en Australie méridionale où les autorités  craignent "un schéma d'agravation des incendies pour les 48 prochaines heures". Pour John Nairn, responsable des service météo de l'Etat, Adelaide, la capitale, pourrait bien battre son précédent record de chaleur, qui était de 46,1°C en janvier 1939. Dans l'Etat de Victoria, plus d'un millier d'incendies se sont déclaré en l'espace de vingt-quatre heures, provoquant un mort ce vendredi. Les violentes rafales de vent prévues pour aujourd'hui, accroissent le risque d'incendies échappant à tout contrôle.

    +12°C en 2013

    Le deuxième volet du cinquième rapport du GIEC sur le réchauffement climatique écrit que pour l'Australie, " le changement climatique augmentera le nombre de jours de conditions extrêmes propices aux incendies ". En 2013, la moyenne d'augmentation des températures en Australie, par rapport à la normale, a été de +12°C et l'année a été la plus chaude jamais enregistrée. Toujours en 2013, la Commission gouvernementale australienne sur le climat a indiqué dans un rapport que le changement climatique contribuait à l'enregistrement de ces chaleurs intenses et que l'exception deviendrait la règle. Après l'Open de tennis de Melbourne, ce dimanche 19 janvier, c'est la saison 2014 de cyclisme qui doit s'ouvrir à Adelaide, avec le "Tour Down Under" qui se déroule jusqu'au 26 : pour les coureurs, c'est ultra-chaud devant !

    L'Australie suffoque, le gouvernement regarde ailleurs

    Pourtant, le ministre de l'environnement australien, Greg Hunt, a boudé le sommet sur le climat qui s'est tenu à Varsovie en novembre dernier. Il a préféré rester à Canberra pour y défendre, devant le Parlement, le premier texte du gouvernement conservateur de Tony Abbott, élu en septembre : l'abrogation des outils de lutte contre le réchauffement mis en place par les travaillistes, dont l'emblématique taxe carbone...

    Cathy Lafon

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  • Pollinisation des cultures : mais où sont les abeilles ?

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    Abeille à miel. Photo extraite du documentaire de Markus Imhooh, "Des abeilles et des hommes", DR

    L’Europe affiche un lourd déficit de 13,4 millions de colonies d’abeilles. Environ 7 milliards de ces petites ouvrières des champs manquent à l'appel pour correctement polliniser ses cultures, estiment des chercheurs de l’Université de Reading (Royaume-Uni), dans une étude récente publiée par la revue en ligne "PLOS ONE".

    La faute aux agrocarburants

    Selon les conclusions de l’étude publiée mercredi dernier, la faute en revient au développement des cultures oléagineuses notamment utilisées dans les agrocarburants, qui ont accru les besoins de pollinisation cinq fois plus vite que le nombre de colonies d’abeilles entre 2005 et 2010. D’où aujourd’hui, une situation de déficit: « l’Europe a seulement deux tiers des colonies d’abeilles dont elle a besoin », indiquent les auteurs. Dans la moitié des 41 pays étudiés, « il n’y a pas assez d’abeilles pour polliniser correctement les cultures, notamment en France, en Allemagne, au Royaume Uni et en Italie », précisent les chercheurs.

    La Grande-Bretagne en manque grave

    Le cas de la Grande-Bretagne est particulièrement préoccupant avec moins d’un quart des abeilles nécessaires à la pollinisation. En France et en Allemagne, c'est un poil mieux : entre 25 et 50% des colonies d’abeilles nécessaires sont présentes. Du coup, soulignent les scientifiques, l’agriculture est de plus en plus dépendante des pollinisateurs sauvages (bourdons etc), des espèces qui peuvent se révéler vulnérables, notamment dans le cas de monocultures.

    Mieux protéger les pollinisateurs sauvages

    Décidément, les agrocarburants n'ont pas que des mérites. Très critiqués par les écologistes qui estiment qu'ils remplissent les réservoirs des voitures avec de la nourriture, et aboutissent surtout à faire progresser la faim dans le monde tout en polluant gravement l'environnement, les carburants verts ont "pour   conséquence imprévue de nous rendre plus dépendants des pollinisateurs sauvages", relève Tom Breeze, l’un des auteurs de l’étude. Selon son collègue Simon Potts, "nous allons vers une catastrophe à moins d’agir maintenant: les pollinisateurs sauvages doivent être mieux protégés".

    50 à 90% des abeilles ont disparu

    Ce phénomène vient se rajouter au désastre écologique du déclin des abeilles, raconté par Markus Imhooh  dans le documentaire animalier "Des abeilles et des hommes". En février dernier, le cinéaste suisse lançait l'alerte : combien de temps encore à vivre pour l'Apis mellifera (l'abeille à miel), arrivée sur Terre 60 millons d'années avant nos premiers ancêtres ? Selon les régions du monde, entre 50 % à 90 % des abeilles ont disparu en une quinzaine d'années de la surface du globe. L'espèce a totalement disparu de Chine. Cette épidémie, d'une violence et d'une ampleur phénoménale se propage de ruche en ruche, sur toute la planète. L'hécatombe a partout le même scénario : par milliards, les abeilles quittent leurs ruches pour ne plus y revenir.

    Les origines de l'hécatombe

    Les causes de l'origine du déclin des abeilles mellifères sont multiples : les pesticides et les médicaments employés pour les combattre, les parasites tels que le varroa, les virus, la multiplication des émissions électromagnétiques qui perturbent les nanoparticules de magnétite présentes dans l'abdomen des abeilles... Il semble qu'une combinaison de tous ces agents détruise les défenses immunitaires des abeilllles. L'Europe et certains de ses Etats membres, dont la France, qui a déjà interdit le Cruiser OSR le 29 juillet 2012, ciblent les pesticides. La Commission européenne pourrait interdire l'utilisation de certains pesticides après les conclusions inquiétantes rendues le 16 janvier 2013 dernier par l'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) sur leur impact létal pour les abeilles.

    "Il y a une déconnexion entre les politiques environnementales et agricoles en Europe: les agriculteurs sont encouragés à cultiver des oléagineux, mais il n’y a pas suffisamment de réflexion sur la manière d’aider les insectes à assurer la pollinisation", conclut Simon Potts. Dont acte.

    Cathy Lafon avec l'AFP

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    A VOIR

    • "Des abeilles et des hommes". Documentaire, 20 février 2013. Réalisé par :Markus IMHOOF. Durée : 1h32. Pays de production : Suisse. Titre original : More Than Hone. Distributeur : Jour2Fête