Réchauffement climatique : on n'a jamais mesuré aussi peu de glaces dans l'Arctique

Selon le Centre américain de données sur la neige et la glace, la formation de glace de mer arctique semble être terminée pour cette année. Photo archive La Presse Canadienne
Au cours de l'hiver 2014-2015, les glaces dans l'océan Arctique ne se sont accrues que de 9,91 millions de km2. C'est l'étendue maximum des glaces arctiques la plus faible jamais mesurée en hiver depuis le début des observations par satellite en 1979, a indiqué ce jeudi le Centre américain de la neige et de la glace (National Snow and Ice Data Center/NSIDC).
Un maximum de 14,54 millions de km2
La superficie de la banquise a atteint au plus 14,54 millions de km2 le 25 février, ce qui devrait être le maximum pour l'année, selon une estimation préliminaire, soit 1,10 million de km2 sous la moyenne de 15,64 millions de km2 mesurée de 1981 à 2010 et 130.000 km2 au-dessous du précédent minimum en 2011. Cette année, le maximum a été atteint quinze jours plus tôt que la moyenne entre 1981 et 2010 à savoir le 12 mars, précise le NSIDC. Vu la variabilité de la superficie des glaces à cette époque de l'année, il est possible que la banquise continue à s'étendre au cours des deux ou trois prochaines semaines, selon les scientifiques. Toutefois, il apparaît désormais improbable qu'il se produise une accumulation de glace suffisante pour surpasser l'étendue atteinte le 25 février, estiment ces glaciologues.
Températures de + 8 à 10°C au dessus de la moyenne
La faible formation de glace durant ce dernier hiver s'explique en partie par un mois de février caractérisé par une combinaison inhabituelle du jet stream qui s'est traduit par un réchauffement de l'Arctique du côté de l'océan Pacifique entraînant une faible étendue de la glace dans la mer de Béring et d'Okhotsk. Durant les deux première semaines de mars, les températures sur l'ensemble de l'est l'Arctique à environ mille mètres d'altitude ont été plusieurs degrés au-dessus de la moyenne jusqu'à huit à dix degrés en mer de Barents au nord de la Norvège, précise le NSIDC.
"Sonnette d'alarme"
Pour l'organisation écologique World Wide Fund for Nature (WWF), "cela devrait être une sonnette d'alarme". "Le changement climatique ne s'arrêtera pas au cercle arctique et sans une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre nous finirons par avoir un climat complètement différent, imprévisible et destructeur pour les écosystèmes et les humains", a déclaré dans un communiqué Samantha Smith, responsable de l'Initiative climat et énergie au WWF. Elle rappelle que 2014 a été l'année la plus chaude sur le globe depuis le début des relevés de température en 1881.
La porte du frigo de la planète est ouverte
La fonte des glaces de l'Arctique, le frigo de la planète qui régule et équilibre le climat entre les régions équatoriales et tropicales chaudes toute l'année, est un très mauvais signe pour le réchauffement climatique mais aussi pour la montée du niveau des océans auquel contribuent la dilatation des mers qui se réchauffent et l'apport des eaux des glaciers qui fondent. Dans son dernier rapport, publiée en avril 2014, le Giec estime que la hausse totale du niveau des mers au cours de ce siècle sera comprise entre 28 centimètres et 98 centimètres. Une fourchette déjà réactualisée par rapport aux projections de 2007 – qui prévoyaient entre 18 et 59 centimètres supplémentaires. L'hypothèse d'une augmentation d'un mètre du niveau des océans d'ici à la fin du siècle devient de moins en mois hypothétique.
Nantes, Bordeaux, Bayonne... un jour sous les eaux ?
Dans le futur, la France pourrait perdre jusqu'à 20% de son littoral. En France, le Sud-Ouest et l'Aquitaine sont particulièrement menacé : l’île de Ré, celle d’Oléron, l’estuaire de la Loire, le marais poitevin, l'estuaire de la Gironde, le bassin d’Arcachon (photo ci-contre), les stations balnéaires du littoral girondin, comme Lacanau, celles des Landes et les grands ports et villes du Pays Basque sont en première ligne en cas d'élévation du niveau de la mer de 1 mètre, ainsi que le laisse découvrir la carte de simulation réalisée par le site Flood Maps.
Ce vendredi 20 mars 2015, jour des grandes marées d'équinoxe, dites "marées du siècle" en raison de l'extrême amplitude de leur coefficient, ayons bien ceci en tête : si nous ne faisons rien pour contenir le réchauffement des températures à la surface du globe à +2°C d'ici à la fin du siècle, les zones littorales où vit une grande partie de l'humanité, y compris en France, seront noyées. Le phénomène est déjà en cours au Bangladesh et dans les îles du Pacifique.
►LIRE AUSSI
- Les articles de Ma planète sur le réchauffement climatique: cliquer ICI
 - Les articles de Ma planète sur la montée du niveau des mers : cliquer ICI
 

Véritable moteur du climat de l’hémisphère nord, le jet-stream qui souffle d’Ouest en Est est traditionnellement plus fort en hiver car ce courant d’altitude est formé par la différence de température opposant l’Arctique et les tropiques. A l’altitude de croisière des avions de ligne, environ 10 km au-dessus de la surface de la mer, les vents peuvent dépasser les 300 km/h. Or, sous l’effet du réchauffement climatique généré par l’activité humaine, le Grand Nord se réchauffe à vitesse grand V, plus rapidement qu’ailleurs sur la planète. Pour les scientifiques, la fonte des glaces a, ou aura, une incidence sur le jet-stream.
Les puissants courants aériens ces dernières semaines obligent un nombre croissant d’avions venant d’Europe, à court de carburant, à se poser pour ravitailler avant d’arriver à leur destination finale. Ainsi, à l’avant-poste de l’Amérique du Nord, à l’extrême est du Labrador, le petit aéroport canadien de Goose Bay, d’ordinaire peu animé, a vu se poser en décembre et en janvier un nombre anormalement élevé d’Airbus et de Boeing. Certains jours, il peut y avoir jusqu’à 10 gros porteurs sur le tarmac faisant le plein simultanément, a expliqué à l’AFP le directeur de cet aéroport, Goronwy Price. Autre exemple, le 8 janvier, alors que des milliers de Britanniques étaient privés d’électricité sous l’effet d’une violente tempête, le vol 114 de British Airways a effectué la liaison New York – Londres en 05h16. Le Boeing 777 a flirté avec la vitesse du son en battant le record de la traversée de l’Atlantique nord pour ce type d’appareils...
A la pointe des recherches sur ce phénomène, Jennifer Francis, climatologue de l’
Vous habitez Bordeaux ou Bayonne. Ce matin, le nez vous démange, votre sinusite chronique se réveille, vous vous raclez la gorge et vous toussotez, votre parcours à vélo pour aller travailler vous a essoufflé... Mais non, vous ne couvez pas la grippe et votre forme est toujours (presque) olympique.