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A Tokyo, les piétons utilisent des parapluies pour se protéger du soleil. Ici, le 11 juillet 2014. Photo AFP
Une très forte vague de chaleur sévit cet été sur le Japon. Elle a fait 8 morts et conduit 1.810 personnes à l’hôpital, dont 10 dans un état inconscient, au cours de la seule journée du 26 juillet, selon les données diffusées par la chaîne de télévision publique NHK.
39°C à l'ombre
Comme la veille, la température avait largement dépassé samedi dernier les 35 degrés à l’ombre dans de nombreuses régions du Japon, avec des pointes à près de 39 degrés par endroits. L’Agence de météorologie nipponne a de nouveau mis en garde contre les risques de nouvelles pointes de température dans toutes les régions du sud et du centre du Japon, d’ouest en est. Elle prévoit en outre des changements brutaux de temps avec des risques de violentes pluies soudaines sporadiques.
Une vague de chaleur qui s'accentue
Tous les ans, des milliers de Japonais sont victimes de malaises dus aux températures élevées et à la « lourdeur suffocante de l’air ». Les lieux publics et une grande majorité des habitations sont équipés de climatiseurs, mais certaines personnes âgées rechignent à les utiliser ou ne savent pas s’en servir, et se laissent ainsi déshydrater. Si cette vague de chaleur est donc assez habituelle en cette saison, elle s’est accentuée ces derniers jours pour battre des records hors norme et quotidiennement, les Japonais sont des centaines à devoir recevoir des soins médicaux à l'hôpital et à être pris en charge par une ambulance. Ainsi, la semaine dernière, selon l’Agence nipponne des feux et désastres, près de 3.200 personnes avaient déjà dû être emmenées dans des hôpitaux et trois étaient décédées, portant alors le total des morts à 14 depuis le début de la saison, un bilan qui s’est nettement alourdi depuis. En 2013, le Japon avait déjà enregistré une vague de chaleur historique avec des températures allant jusqu'à 40 degrés pendant plusieurs jours. Des milliers de Japonais avaient été hospitalisés et au moins 70 d'entre eux étaient morts.
Compte tenu de l’arrêt de l’ensemble des 48 réacteurs nucléaires de l’archipel, les autorités demandent certes de faire des économies d’énergie, mais elles insistent néanmoins sur la nécessité de climatiser chez soi modérément pour éviter les incidents de santé. A l’inverse, les lieux accueillant le public (commerces, restaurants, salles de spectacle) ont tendance à faire tourner les climatisations à fond, au point que les clients ont carrément froid...
La centrale nucléaire de Fessenheim en Alsace. Photo archives AFP
Trois ans et demi après la catastrophe de Fukushima, les Japonais se tâtent aujourd'hui pour relancer deux de leurs 48 réacteurs nucléaires. L'Etat et les autorités sont fin prêts, mais pas vraiment la population, plutôt réticente et méfiante.
Le premier enseignement des résultats du sondage, livrés le mardi 8 juillet, est à méditer : 2 Français sur 3 considèrent que le nucléaire est un sujet tabou. Pour Jean-Claude Delalonde, le président de l'ANCCLI (photo ci-contre), ce résultat est révélateur d’"un véritable manque d’information et de transparence vis-à-vis de la population concernant l’activité nucléaire". D’autant que cette perception est – de la part des personnes interrogées - identique, quelle que soit la proximité du lieu de résidence d’une centrale nucléaire.
Pour les Français, le nucléaire est synonyme d"électricité" et de "déchets"
Deuxième enseignement : interrogés sur les mots qu’ils associent en priorité au nucléaire, les Français citent d’abord le mot«électricité » à 48%, puis le mot «centrale» à 41% et en troisième position le mot « déchet » à 32%. La notion d’ «accident» n’est citée que par 15% des sondés, et celle de « progrès » par seulement 9% d'entre eux... Près d’un Français sur deux associe donc prioritairement le mot nucléaire au terme «électricité ». Un résultat peu surprenant, dans la mesure où les 3/4 de la production d’électricité en France sont d’origine nucléaire. Alors que la transition énergétique doit plancher pour s'efforcer de réduire cette part au profit des énergies renouvelables, ce paramètre, objet de fierté industrielle nationale, est en effet largement connu de nos concitoyens, d'autant qu'EDF a beaucoup communiqué sur le sujet. Mais un tiers des Français associent aussi le mot « déchet » au nucléaire, ce qui montre une prise de conscience de la question délicate de la gestion des déchets de l'industrie nucléaire, insoluble à ce jour. Les jeunes y sont plus sensibles (39% contre 32% pour l’ensemble des répondants) avec les Français qui résident à proximité d’une centrale nucléaire (41% de citations parmi ceux résidant à moins de 20 km). Logique.
330 km, la distance de sécurité nécessaire pour être protégé en cas d’accident nucléaire ?
Troisième enseignement: le nucléaire fait peur. A la question cruciale pour la sécurité nucléaire, « En cas d’accident nucléaire, quelle est, selon vous, la distance de sécurité à observer pour préserver la population de toute conséquence ? », les Français sont très partagés. Près d’un tiers des Français (32%) considère que le périmètre de sécurité autour d’une centrale en cas d’accident nucléaire s’étend de 100 à 249 kilomètres. Un tiers indique une distance inférieure à 100 km. Pour le dernier tiers, cette distance de sécurité est supérieure à 250 kilomètres. En moyenne, les Français situent cette distance de sécurité à 330 km. A noter que la proximité immédiate d’une centrale nucléaire impacte la perception de la distance de sécurité à observer en cas d’accident nucléaire. Plus on habite près, plus on la distance citée est élevée. Les Français résidant à moins de 20 km d’une centrale l’estiment, en moyenne, à 489 km ! En réalité, la distance de sécurité fixée aujourd'hui par l'Etat est de 10 km...
Pour un devoir d’information renforcé sur le nucléaire
Avec les 58 réacteurs qui quadrillent l'Hexagone, chaque Français habite à moins de 200 km d'un site nucléaire.Quand on habite à Bordeaux,on a pour voisins 4 sites nucléaires : le Blayais (photo ci-contre), Golfech, et un peu plus loin, Civaux. Une réalité parfaitement illustrée par un webdoc mis en ligne sur son site par Greenpeace. Or, Jean-Claude Delalonde note que l'analyse des réponses à la question sur la distance de sécurité concernant les sites nucléaires montre bien que les Français n’ont absolument pas conscience de cette réalité...
Et la culture du risque ?
Plus encore, pour le président de l'ANCCLI, les résultats du sondage démontrent, qu’en matière nucléaire comme dans bien d'autres domaines (érosion du littoral, submersion, inondations, pour ne citer que ceux-là), la culture du risque n’est pas clairement intégrée par la population française. Pourtant, l'information des citoyens sur les risques naturels et technologiques majeurs est un droit codifié. Maillon essentiel de la prévention des risques naturels et technologiques, elle doit permettre au citoyen de connaître les dangers auxquels il est exposé, les dommages prévisibles, les mesures préventives qu'il peut prendre pour réduire sa vulnérabilité ainsi que les moyens de protection et de secours mis en oeuvre par les pouvoirs publics. D'où, selon Jean-Claude Delalonde, l'importance et "la nécessité de la veille citoyenne en matière de nucléaire", même dans une démocratie comme la France où règne l'excellence technologique et industrielle. Telle est, selon lui, l'une des leçons majeures à tirer de l'expérience de la catastrophe de Fukushima.
Tabou, sensible et flou
Malgré les progrès notoires en matière d’information, de transparence et de communication effectués par les différents acteurs, des exploitants en passant par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), les experts et la société civile depuis plus de 25 ans (date de la catastrophe de Tchernobyl), force est de constater que le nucléaire reste un sujet à la fois sensible et flou, en particulier s’agissant de la sûreté. Et ce, en dépit de l'action de l'ANCCLIelle-même qui informe depuis 2000 le grand public et développe l’expertise citoyenne sur les activités nucléaires.
Jean-Claude Delalonde profite des résultats édifiants du sondage pour demander, au nom de l'ANCCLI, que le périmètre de sécurité prévu par le plan particulier d'intervention (PPI) en cas d'accident nucléaire et de rejet grave et durable, soit porté de 10 km à 40km autour des centrales. Au vu des missions qui lui sont confiées par l'Etat aujourd'hui et que le projet de loi sur la transition énergétiqueva renforcer, le président de l'Association nationale des Commissions locales d'information y est plus qu'autorisé.
Le sondage a été effectué par l’IFOP du 20 au 21 mai 2014 auprès d’un échantillon de 1200 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
Résultats du sondage téléchargeables : cliquer ICI
Résultats détaillés du sondage téléchargeables : cliquer ICI
Le projet de Loi sur la Transition Energétique renforce la mission de l’ANCCLI en prévoyant que les CLI organisent au moins une fois par an une réunion publique d’information. Ce projet de loi prévoit aussi que l’exploitant assure régulièrement une information (mesures de sécurité, conduites à tenir en cas d’accident) auprès des populations vivant à proximité d’une installation nucléaire.
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Les réacteurs nucléaires Sendai 1 et 2 susceptibles d'être relancés par le Japon. DR
Trois ans et demi après lacatastrophe de Fukushima Daiichi, les autorités japonaises sont prêtes à relancer l'énergie nucléaire au pays du Soleil levant. Selon la NRA, l'équivalent nippon de l'Autorité de sûreté nucléaire française (ASN), deux réacteurs nucléaires remplissent les nouveaux critères de sûreté post-Fukushima.
"Le danger réduit autant que possible"
Les deux réacteurs nucléaires pressentis pour redémarrer leur activité sont ceux de Sendai, dans la préfecture Kagoshima, au sud-ouest du Japon. Depuis le désastre de Fukushima le 11 mars 2011 (photo ci-contre), le parc des 48 réacteurs nippons est resté arrêté et aucune unité n'a encore reçu de certificat de conformité aux nouvelles normes de sécurité ultra sévères, entrées en vigueur en juillet 2013. "Ce sont presque les plus hauts niveaux de sûreté au monde", a affirmé mercredi le président de la NRA, Shunichi Tanaka. Tout en précisant bien qu’on ne peut jamais dire que les risques sont absolument nuls: "l’examen sert à mesurer si les normes sont respectées de sorte que le danger soit réduit autant que possible", a-t-il ajouté.
Tsunamis, séismes, éruptions volcaniques, tornades... promis, Sendai résistera à tout !
Les membres de l’autorité de régulation nucléaire ont approuvé un rapport de 420 pages selon lequel les dispositions techniques prises par la compagnie Kyushu Electric Power pour les tranches Sendai 1 et 2 sont compatibles avec ces nouvelles exigences, en cas d"accident critique". Selon le document, Sendai est parée pour faire face aux tsunamis, séismes, éruptions volcaniques, tornades et autres dangers afin d’éviter que la situation ne dégénère en catastrophe majeure, comme en mars 2011 à la centrale de Fukushima, détruite par un puissant tremblement de terre au large suivi d'un gigantesque raz-de-marée. Il vaut mieux, car en 2011, la ville de Sendai a également été rayée de la carte par le séisme et le tsunami géant (photo AFP ci-dessus).
Shinzo Abe proche de la victoire
L'avis de la NRA conforte le premier ministre de droite nippon, Shinzo Abe, qui ne crie pas encore victoire mais s'y prépare : il a pour objectif de faire redémarrer 19 des 48 réacteurs japonais. Son gouvernement qui souhaite réduire les importants déficits commerciaux subis par le pays depuis que l’arrêt des réacteurs nucléaires l’oblige à importer des quantités massives d’hydrocarbures pour ses centrales thermiques, veut surtout retrouver une indépendance énergétique basée sur le nucléaire. Et ce, en dépit du potentiel énorme des renouvelables en plein boum au Japon.
Les réticences et l'opposition de la population
Mais, avant d'avoir un feu vert définitif, les deux réacteurs de Sendai doivent encore passer par "un appel à commentaire publics d'une durée de 30 jours", avant validation définitive de l'avis de la NRA. Autrement dit: la population est censée avoir son mot à dire. Et au Japon, tout le monde n'est pas d'accord pour renouer avec le nucléaire. Selon Greenpeace, "des milliers d’habitants de la préfecture de Kagoshima (où se trouvent les unités Sendai 1 et 2) et de la province voisine de Kumamoto ont fait part de leurs inquiétudes". "Les principaux problèmes comprennent l’absence de plan réel d’évacuation de la population en cas de nécessité, notamment des personnes âgées, des enfants, ou des personnes hospitalisées", ajoute l’organisation.
Les intérêts commerciaux des compagnies avant la sécurité de la population
Les opposants, dont certains se sont immédiatement rassemblés devant le complexe atomique de Sendai dès mercredi pour protester contre la remise en route des réacteurs, considèrent en outre que la compagnie Kyushu Electric Power et l’autorité ne sont pas parvenues à établir un diagnostic et fournir une réponse précise au risque volcanique dans la région. "L’autorité a cédé à la pression énorme de l’industrie nucléaire et du gouvernement Abe ", lance Kazue Suzuki, de Greenpeace. "Elle place les intérêts commerciaux des compagnies électriques avant la sécurité de la population".
L'épreuve de la démocratie
Des rencontres avec les habitants et les municipalités proches de la centrale de Sendai sont prévues en octobre. Dores et déjà, le gouvernement de Shinzo Abe sait qu'ils ne sont pas favorables au redémarrage et qu'il sera difficile de les convaincre. Mais tiendra-t-il compte réellement de l'opinion de la population ? Au vu de ses déclarations, on peut en douter. "Quand une décision définitive aura été prise sur la sûreté de la centrale, nous entamerons la procédure pour redémarrer les réacteurs, en essayant d'emporter l'assentiment des communautés locales et des habitants", a-t-il dit.
Les dossiers de 17 autres réacteurs, tous en zone sismique et en bord de mer, doivent désormais également être scrutés à la loupe.