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Infrastructure - Page 48

  • Climat : "Sustain", le plus grand simulateur d'ouragans au monde a été inauguré à Miami

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    "Sustain" le plus gros simulateur d'ouragans au monde, est installé à Miami. Photo AFP

    "Sustain", le plus grand simulateur d’ouragan du monde qui vient d’ouvrir aux Etats-Unis, à l’université de Miami, en Floride, devrait permettre d’améliorer les capacités des météorologues à prédire l’intensité des cyclones et des tempêtes tropicales, domaine qui reste un point faible de la science.

    Des ouragans de plus en plus violents

    ouragan nuages.jpgL'une des conséquences du changement climatique est l'augmentation de l'intensité des phénomènes météorologiques extrêmes, comme les ouragans. Le Sud-Est des Etats-Unis, le Golfe du Mexique, les Caraïbes et le Pacifique sont des régions particulièrement soumises aux ouragans et autres cyclones et typhons qui les frappent régulièrement. D'où l'importance pour les chercheurs de parvenir à mieux connaître les mécanismes de formation et de déplacement de ces tempêtes hors norme, qui tuent et dévastent tout sur leur passage, mais aussi la façon dont les vagues qu'elles provoquent frappent les habitations le long des côtes. Pour y parvenir, l'une des solutions consiste à utiliser des simulateurs de vents et de vagues, comme la machine qui vient d'être inaugurée à Miami.

    Comment ça marche ?

    sustain le plus-grand-simulateur-douragan-au-monde-en-action.jpg"Sustain", six fois plus grande que les précédents simulateurs de vent et de vagues jamais construits,   ressemble à un gigantesque aquarium. Son coût, 62 millions de dollars (dont 47 millions pour le bâtiment qui l'abrite), est à la hauteur de sa démesure. Quand on met en marche son moteur de 1.700 chevaux, un rugissement se fait entendre et des pagaies commencent à agiter les 144.000 litres d’eau du simulateur. Des vagues de couleur bleu-vert viennent mourir doucement sur les vitres du réservoir. Ensuite elles grossissent progressivement avant de se déchaîner alors que les vents de la soufflerie atteignent la force d’un ouragan de catégorie maximale (catégorie 5), avec une vitesse maximum de 251 km/heure. Peu après, des embruns apparaissent sur les parois latérales du réservoir au cadre d’acier, qui mesure 23 mètres de long sur 6 mètres de large et près de 2 mètres de profondeur. Une maison miniature verte et blanche est alors frappée par ces énormes vagues pour simuler les dégâts subis grandeur nature par les constructions le long des côtes.

    La science a du mal à prévoir l'intensité des ouragans

    wilma.jpg"Au cours des vingt dernières années nos prévisions n’ont cessé de s’améliorer, à l’exception de celles sur la puissance des cyclones", explique Brian Haus, le principal responsable scientifique de "Sustain", qui souligne que ce sera "un élément clé du nouveau simulateur". L’exemple peut-être le plus frappant de l’ouragan qui a fait mentir les meilleurs météorologues a été Wilma en 2005 (photo AFP ci-contre), qui s'est abattu sur le Mexique. L'intensité du plus puissant ouragan jamais enregistré dans l’Atlantique, qui a fait des dizaines de morts et provoqué des dizaines de milliards de dollars de dégâts, était passée de la catégorie deux à cinq en quelques heures, sans que les météorologues aient pu l'anticiper. La même année, l’ouragan Katrina avait été encore plus dévastateur en Louisiane et dans le Golfe du Mexique.

    Réduire les incertitudes et améliorer la sécurité

    Les chercheurs qui planchent pour trouver les moyens de mieux comprendre la physique de la puissance des cyclones, et comment notamment la chaleur accumulée dans les océans peut alimenter l’énergie des tempêtes, attendent aussi du simulateur "Sustain" qu'il les aide à comprendre comment les tempêtes endommagent les habitations et les immeubles le long des côtes. "C’est un aspect important de la recherche car la plupart des normes de construction et des modèles informatiques utilisés ne sont pas basés sur des données correspondant à ce qui se passe dans la réalité au moment d’un ouragan", souligne Brian Haus. L'objectif étant d'améliorer à terme la sécurité des habitants et celles de leurs biens immobiliers, un peu comme avec les normes parasismiques.

    Miami, où travaillent de nombreux scientifiques spécialisés dans la recherche sur les tempêtes et les cyclones, abrite le Centre national des ouragans (NHC) et la division des ouragans de lAgence américaine océanique et atmosphérique (NOAA). Les chercheurs américains travaillent en liaison avec leurs homologues cubains, très avancés en matière de prévention du risque ouragan.

    Cathy Lafon avec l'AFP

  • Télévision. Ce soir, sur Arte, votez Jim Rogers à Fort McMurray !

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    "Fort McMurray", le film. Photo Arte

    Après le jeu documentaire "Fort McMoney", destiné à dénoncer le désastre écologique de l'exploitation des sables bitumineux du Canada, et le livre "BRUT, la ruée vers l'or", qu'il cosigne avec Melina Laboucan-Massimo, Naomi Klein, Rudy Wiebe et Nancy Huston, David Dufresne sonne une nouvelle fois l'alarme.  Le  journaliste, créateur et réalisateur français, retourne à Fort McMurray, au nord de l'Alberta, au travers d'un documentaire, "Fort McMoney - Votez Jim Rogers !" qui enfonce le clou, en entrant dans l'intimité de la ville.

    "Fort McMoney", Une première du genre sur le web

    Fort-McMurray_Alberta_oilsands.jpgAu départ, "Fort McMoney", outre l'histoire de Fort McMurray, c'est aussi une révolution sur internet dans le monde du web-doc, un objet numérique atypique, entre web-documentaire et jeu vidéo. Imaginé par David Dufresne, un Français installé à Montréal, le jeu-documentaire gratuit proposait en décembre 2013 aux internautes de s'impliquer dans les débats et de faire valoir leurs arguments sur une question précise: celle de l’exploitation pétrolière des sables bitumineux du Canada, plus précisément dans l'Alberta, à Fort McMurray, et de ses dramatiques conséquences environnementales et sociales. En menant une véritable enquête journalistique, avec ses errements, ses bugs et ses trouvailles, dans un jeu au long cours qui se déroule en trois parties, de quatre semaines chacune.

    Fort McMurray, acte II

    fort mcmurray.jpgCe soir, Arte nous propose de revenir un an et demi-plus tard sur les lieux du jeu documentaire. Le héros du film de Dufresne diffusé à 22h55, le truculent trappeur Jim Rogers, annonce l'issue catastrophique de ces exploitations d'hydrocarbures non conventionnelles. Le seul personnage natif de la ville pourrait bien avoir raison. Dans la période où le prix du baril était incroyablement haut, le pétrole de Fort McMurray, bien que difficile à extraire, restait rentable. La ville-champignon albertaine a connu un véritable boom. Des travailleurs migrants sont arrivés de partout dans le monde, pour y trouver un emploi. En quelques années, la population est passée de 10.000 à 100.000 habitants, sans compter les quelque 50.000 personnes (dont 83 % sont des hommes) qui s'entassaient dans des camps de travail. 

    De la ville-champignon à la ville-fantôme ?

    FORT-MCMURRAY-HOUSING-large.jpgEn sept mois à peine, le baril de pétrole a chuté de 60 dollars canadiens (environ 45 euros). Aujourd'hui, avec le marché et la chute des cours, le coût de production devient presque plus élevé que le prix de vente... Il y a désormais 20% de logements inoccupés, là où  il n'y en avait que 2%. Le camping que l'on voyait dans le jeu documentaire est vide. Au moins 20.000 emplois ont été supprimés depuis l'automne et les camps de travailleurs ont fermé. Restent la puanteur ambiante et la laideur des paysages ravagés par les installations pétrolières. Quant à Fort McMurray, la ville est en passe de se transformer en ville-fantôme, tout comme les participants au jeu Fort McMoney le pressentaient...

    L'eldorado canadien, c'est fini

    Version moderne de la ruée vers l'or, l'extraction coûteuse et ultra-polluante du pétrole des sables de l'Alberta, après avoir dévasté durablement l'environnement et les écosystèmes de la région, se transforme en désastre économique. Ceux qui y ont fait des fortunes rapides et gagné de 150.000 à 200.000 dollars canadiens par an, ont quitté les lieux, sans se préoccuper des conséquences à long terme de leur travail sur le site.

    Les optimistes, comme la maire de la ville, Melissa Blake, qui estime que les prix de l'or noir repartiront à la hausse, prévoient de diversifier l'économie de la ville. Pour les réalistes, dont David Dufresne et Jim Rogers, candidat malheureux aux élections municipales, l'âge d'or de l'eldorado pétrolier canadien est bel est bien fini. Enfin, pour les générations futures du pays qui a refusé de signer le Protocole de Kyoto, reste un héritage lourdement empoisonné. Est-il encore temps de voter Jim Rogers, à Fort McMurray ? Pas sûr...

    Cathy Lafon

    A VOIR

    • "Fort McMoney, votez Jim Rogers !", un documentaire de David Dufresne (France, 2014, 52 min) diffusion le 12 mai, à 22h50, sur Arte.

    POUR JOUER AU JEU DOCUMENTAIRE "Fort McMoney" :  cliquer ICI

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  • EPR : "simple ajustement" ou éventuelle "catastrophe industrielle" ?

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    Jusqu'où ira l'EPR de Flamanville ? Photo AFP

    Décidément, la ministre de l'Ecologie en pince pour l'EPR. Suite à l'anomalie de fabrication détectée sur la cuve du réacteur nucléaire de troisième génération construit par EDF et Areva et pointée par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), Ségolène Royal garde son enthousiasme intact."Le chantier de l'EPR de Flamanville (Manche) "n'est pas condamné", a-telle assuré ce dimanche, sur France 5, parlant de simples "ajustements de travaux" à faire. Genre, juste un bloc de Lego à vérifier et/ou à remplacer. La foi, sans vouloir faire de mauvais jeu de mot, de la charbonnière.

    Anomalie "sérieuse de fabrication"

    Pour l'ASN, l'anomalie qui concerne la composition de l'acier du couvercle et du fond de la cuve du réacteur est pourtant une anomalie "sérieuse" de fabrication. Areva, qui a fabriqué la cuve, doit proposer des essais complémentaires visant à cerner "l'importance de l'anomalie, essayer de la qualifier et de voir quels impacts elle a potentiellement sur la sûreté", selon Pierre-Franck Chevet, son président. Si la fragilité de la cuve était avérée, elle pourrait en effet se fissurer et occasionner de graves fuites radioactives. Cela représente "un très gros travail de plusieurs mois" a-t-il insisté en soulignant que cette autorité administrative indépendante entend se forger une "conviction très forte" avant de trancher sur le dossier.

    "Non, il n'est pas condamné"

    "Non, l'EPR n'est pas condamné", a martelé pour sa part avec vigueur sur France 5 la ministre de l'Ecologie et de l'Energie. De son côté, EDF, sur la même longueur d'onde que Ségolène Royal, a rappelé dans un communiqué diffusé dans la soirée que "dans l'état actuel des informations disponibles", le "chantier de l'EPR de Flamanville se poursuit". Et toc. Une pierre dans le jardin d'Europe Ecologie-les Verts dont la patronne, Emmanuelle Cosse, réclamait, également le même jour, mais sur Europe 1, l'arrêt du chantier. 

     

    La transparence, "un progrès extraordinaire"

    epr,flamanville,sécurité,asn,ségolène royal"Les Français peuvent être rassurés au sens où l'ASN dit les choses", a estimé la ministre, vantant un "système français transparent (...) et ça, c'est quand même un progrès extraordinaire". Ah bon, parce qu'avant, il n'y avait pas de transparence concernant l'industrie de l'atome en France ? "Cela permet au parlement de faire des auditions, au gouvernement d'exiger des évaluations, des tests complémentaires, ce qu'Areva s'est engagé à faire", a-t-elle poursuivi, rappelant que "Ce sont des travaux extrêmement complexes (..) et comme dans tous les travaux industriels, même ceux menés en dehors de la filière nucléaire, il y a des ajustements en cours de travaux". Merci, on avait quand même compris qu'on n'était pas en cours de travaux manuels et on se doute bien qu'un réacteur de 3ème génération, c'est un poil plus compliqué à fabriquer qu'un chasse-moustiques...

    "Les choses sont dites"

    Selon la ministre de l'Ecologie qui apprécie le pragmatisme et dont on sait qu'elle aime que les choses soient claires, "la clarification est faite, les choses sont dites, il y a un complément d'examens, de tests qui vont avoir lieu, dont les résultats seront rendus publics à l'automne prochain, et ensuite les travaux reprendront". Voilà tout. Point final. Fermez le ban.

    La Chine s'interroge

    epr,flamanville,sécurité,asn,ségolène royalMais les Chinois qui ont acheté deux EPR à la France et qui sont, comme chacun le sait, peu regardants sur l'environnement et la sécurité des populations, adorent en revanche, "chinoiser". Aussi, l'Empire du milieu qui n'a pas tout-à-fait le même point de vue sur la question que la ministre de l'Ecologie, Areva, ou EDF, veut-il lever les doutes sur la sûreté des EPR français. "La Chine ne chargera pas de combustible dans ses deux réacteurs de type EPR construits par le Français Areva tant que tous les doutes, quant à la sûreté des équipements, ne seront pas intégralement levés", a annoncé en fin de semaine dernière le ministère chinois de l'Environnement.

    Le scénario du pire doit être envisagé

    Le simple bon sens, pourtant si cher à Ségolène Royal, ne commande-t-il donc pas au gouvernement d'envisager aussi l'hypothèse du pire, juste au cas où  ? Si les essais complémentaires, menés par EDF et Areva d'ici à octobre sur la pièce défectueuse, ne répondent pas aux normes requises par la nouvelle réglementation sur la sûreté des équipements nucléaires, il faudra bien enlever la cuve installée à Flamanville pour la refaire. Un très gros Lego, chacun en conviendra. Ou bien, abandonner le chantier qui a déjà coûté plus de trois fois plus cher que prévu (8,5 milliards d'euros aujourd'hui), et qui accuse un retard de 5 ans. Quant au client chinois de l'EPR, qui représente 9% du marché d'Areva, on peut parier qu'il sera légèrement agacé.

    Comme l'écrit le quotidien Les Echos de ce lundi, à propos de l'EPR et Areva : "Une catastrophe industrielle ne peut plus être totalement exclue". Et cela, c'est on ne peut plus clair et pragmatique.

    Cathy Lafon

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