Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Ecologie - Page 750

  • Fukushima : mesures truquées de la radioactivité au Japon ?

    enfants fukushima.jpg

    Un jardin d'enfants le 3 août 2011 à Fukushima, à 60 km de la centrale nucléaire Photo archives AFP

    Au Japon, il n'y a pas que les fuites d'eau radioactives des piscines de la centrale de  Fukushima qui alimentent les polémiques. Le 8 mars dernier, le journal japonais "Friday", hebdomadaire d'information généraliste édité par Kodansha, publiait une enquête du journaliste Kirishima Shun, qui fait état d’un scandale qui agite la société japonaise et peu médiatisé jusqu'à présent : celui des mesures officielles de la radioactivité au Japon, qui seraient trafiquées.

    "Fushima, les mesures officielles de la radiation étaient divisées par deux"

    fukushima titre hebdo.jpg

    L'enquête de "Friday"  (titre ci-contre), révèle que les bornes gouvernementales destinées à informer en continu la population de la radioactivité ambiante sont fausses. 

    "Le pays a toujours soutenu qu’à l’écart de la centrale, les taux de radiation de la région sont bas et leur influence sur le corps humain est faible. Ce qui lui permet de maintenir cette affirmation, c’est, entre autre, la présence des  « monitoring posts », appareils de mesure de radiation à écran installés par le ministère de la recherche juste après l’accident dans chaque zone de la région, affirme le journaliste. Les chiffres annoncés sur ces postes sont une sorte de certificat de vérité pour le pays."

    "Des mesures mensongères"

    compteur fukuhsima-e1365174307387.jpgPourtant, assure la revue, si l'on en croit un groupe de chercheurs et de médecins qui a effectué ses propres mesures à proximité de 117 postes sur les 570 placés dans la préfecture de Fukushima, "ces mesures se révèlent mensongères".  Le "Colloque sur le Problème de l’Irradiation Interne des Citadins et Scientifiques", a ainsi indiqué une faiblesse anormale des données numériques officielles. Un membre du colloque,  Yagasaki Katsuma, professeur émérite à l’Université des Ryukyu, explique dans "Friday" : "Entre août et octobre de l’année dernière, quand on tendait un de ces compteurs portables de haute précision utilisés par l’administration, entre autres, vers un poste, les mesures affichées par le compteur étaient très hautes, près du double de celles affichées publiquement. Une différence de 51% quand les alentours avaient été décontaminés, et de 56% quand ils ne l’avaient pas été. Avec une telle différence, impossible de prétendre qu’on était dans le domaine de la simple erreur. "

    Des radiations du double de celles indiquées par les postes officiels

    L'hebdomadaire"Friday" a effectué de son côté des mesures sur 23 emplacements et a constaté que les radiations étaient pour la plupart le double de celles indiquées par les postes, avec une différence de 56% en moyenne. Le journaliste a photographié les relevés (photos ci-dessus).

    Une succession d'anomalies thyroïdiennes

    Pour "Friday", cela expliquerait la succession d'anomalies thyroïdiennes à Fukushima et particulièrement chez  les enfants :  "sur 38.114 examens de la thyroïde chez les enfants dans la préfecture de Fukushima en 2011, 3 cancers déclarés, 7 cancers possibles", indiquait une autre revue, Gendai, le 4 avril dernier. Yoshida Kunihiro, président de l’association à but non lucratif Anshin-Anzen Project [Projet Confiance et Sécurité], qui s’occupe de collecter des informations sur les dégâts provoqués par l’accident de la centrale Daiichi, participait le 2 février dernier à une inspection thyroïdienne à Fukushima-ville. Interviewé par "Friday", il pointe du doigt ces anomalies infantiles : "Sur 80 personnes examinées, un adulte est en observation pour un possible cancer de la thyroïde, et des kystes ont été décelés chez 60% des autres personnes, enfants et adultes. Plus particulièrement chez les enfants qui font du sport dehors, et des garçons qui pratiquent le base-ball quotidiennement en avaient même plusieurs". 

    blog fukushima photo.jpegPour le Blog de Fukushima, qui a publié le 10 avril l'enquête de "Friday", ce problème de désinformation serait récurrent au Japon depuis la catastrophe de 2011 et semblerait être devenu la norme. Le blog avait déjà rapporté cette pratique sur le site nucléaire même de Fukushima Daiichi où les balises auraitent été entourées de murs pour faire baisser les taux.

    Y a-t-il eu manipulation des mesures, ou pas, à dessein, ou pas ? Quoiqu'il en soit, les chercheurs et médecins japonais tirent l'alarme concernant les cancers de la thyroïde, qui s'étendent au-delà de la préfecture de Fukushima. Selon le journal Gendai, les problèmes de thyroïde répertoriés dans différentes régions du Japon, en hausse importante depuis 2011, attesteraient qu’une grande partie du pays aurait été contaminée.

    Cathy Lafon

    LIRE L'ARTICLE DE "FRIDAY" EN ENTIER : cliquer ICI

    LE BLOG DE FUKUSHIMA : cliquer ICI

     

  • Gaz de schiste ? Matt Damon dit "non" dans "Promised land", son dernier film

    matt damon.jpg

    Matt Damon, dans "Promised Land". Photo extraite de la Bande Annonce du film "Promised Land" de Gus Van Sant. Sortie aux US en salles le 28/12/12

    Débat national sur la transition énergétique : ça discute, ça discute...  "Promised Land", le film américain co-écrit et produit par Matt Damon avec les gaz de schiste pour toile de fond, sort en France le 17 avril prochain. Depuis le mois de mars, il s'est invité dans le débat français, avec plus d'une centaine d'avant-premières, suivies de discussions. Il arrive à Bordeaux le jeudi 11 avril, au cinéma Utopia.

    Un film militant

    Pas de quiproquo : le gaz de schiste version Damon, n'a rien d'une "terre promise". "Promised Land", qui alerte sur les dangers du gaz de schiste, s'affiche comme un film militant, du producteur à l'acteur en passant par le distributeur français, "Mars". Ce dernier a invité "tous ceux qui oeuvrent sur le terrain pour alerter les populations sur la thématique de la transition énergétique à se joindre à ces séances spéciales" prévues un peu partout, afin de nourrir le débat national voulu par le gouvernement, pour  réduire la part du nucléaire, développer les énergies renouvelables et réduire notre consommation énergétique.

    A Bordeaux :  avant-première et débat le 11 avril

    Pour l'Aquitaine, le grand rendez-vous avec  Matt Damon, véritable bio-pipole, artiste militant engagé contre les gaz de schiste, c'est jeudi 11 avril, à 20 h30, à Bordeaux, au cinéma Utopia. L'avant première sera suivie d'un débat. Hélas, mille fois hélas, il ne sera pas animé par Matt le beau gosse en personne (même en VO on s'arracherait les places quitte à apprendre par coeur son Harrap's shorter en trois jours), mais par Geneviève Azam, économiste, membre du Conseil scientifique d’ATTAC, Christophe Larché, du collectif Stop Enerchiste Landes, et Romain Porcheron, des Amis de la Terre. Du  très sérieux, donc, en perspective, à défaut de glamour.

    matt damon hauteur.jpgDe Jason Bourne à l'écologie

    "Promised Land", réalisé par Gus Van Sant, co-écrit, produit et interprété par Matt Damon, l'acteur qui incarnait Jason Bourne, raconte l'histoire d'un cadre commercial pour une compagnie pétrolière, chargé de convaincre des fermiers de Pennsylvanie de lui accorder les droits de forage sur leurs terres pour y exploiter du gaz. Mais il doit rapidement faire face à la mobilisation des habitants opposés à la technique de forage, la fracturation hydraulique... Le tout dans un "thriller" bien ficelé, avec l'histoire d'amour qui va bien. Un rôle en or pour Matt Damon, l'écolo-humanitaire, dont la fondation Water.org vise à apporter de l'eau propre aux gens qui n'en ont pas, quand on sait les ravages que la fracturation hydraulique provoque sur les nappes phréatiques américaines...

    Un film en plein dans la polémique française 

    "Promised Land", ça devrait "parler" aux Français, comme on dit. En France, le gaz de schiste suscite des débats depuis deux ans et la fracturation hydraulique a été interdite en 2011 en raison des risques qu'elle présente pour l'environnement. Cette interdiction a été réaffirmée en 2012 par Delphine Batho, ministre de l'Ecologie. Mais les partisans de l'exploitation de cette énergie ne lâchent rien : l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (l'Opecst) qui regroupe des élus de l'Assemblée et du Sénat a décidé fin janvier de mener une étude sur les technologies alternatives à la fracturation hydraulique pour l'exploitation des gaz de schiste. François Hollande a en effet laissé la porte entrebâillée pour une éventuelle réouverture du dossier en déclarant, en novembre 2012 : "Je laisse les entreprises, les chercheurs travailler, et je prendrai mes responsabilités si une technique apparaît".

    Le gaz de schiste coûte cher aux pétroliers américains

    Aux Etats-Unis, le rêve du miracle économique des gaz de schiste semble tourner au cauchemar : si l'industrie américaine profite de cette énergie, destructrice de l'environnement mais abondante et bon marché, elle n'est pas rentables pour les majors et coûte cher aux pétroliers. Quant aux opposants, depuis le documentaire choc "Gasland" de Josh Fox, sorti en 2010, leur nombre n'a fait que croître. Le monde artistique et culturel est particulièrement très remonté, et pas seulement au cinéma. En témoigne l'action conduite aujourd'hui par Yoko Ono et son fils John Lennon,  "Don't frack my mother", soutenue par plus de 200 artistes amricains, contre l'exploitation des gaz de schiste dans l'Etat de New York.

    Un film qui va compter dans le débat  national ? Ou pas ?

    gaz de schiste,fracturation hydraulique,film,débat national,transition énergétiquePour la ministre de l'Ecologie Delphine Batho, "Promised Land" "c'est un film éloquent sur l'envers du décor de l'essor des gaz de schiste aux Etats-Unis et notamment sur les méthodes des compagnies pétrolières". Et c'est aussi un film indéniablement "militant".  Le contenu des discussions menées à l'occasion des quelques 130 projections prévues sur le territoire français sera-t-il versé au débat national sur la transition énergétique ? La question n'est pas tranchée. Voulu par le gouvernement  de François Hollande, le débat doit permettre de réduire la part du nucléaire, développer les énergies renouvelables et réduire notre consommation énergétique.

    Dans le grand Sud Ouest, de nombreux sites sont concernés par une éventuelle extraction des gaz de schiste  : Beaumont-de-Lomagne, Mirande, Eauze, Brive, Parentis-Maritime, Tartas, Donzacq, Tarbes- Val d'Adour, Saint-Griède, Côtes de Gascogne, Lavignolle, Aquitaine-Maritime, Pays-de-Buch ou Aquila (Offshore Atlantique-Gironde). Pour visualiser la carte de ces sites : cliquer ICI

    Cathy Lafon

    PLUS D'INFO

    • "Promised Land" : c'est où c'est quand ? A Bordeaux : Jeudi 11 AVRIL à 20h30 au cinéma Utopia, 5, place Camille Jullian. Tél : 05 56 52 00 03. On peut acheter sa place depuis le 1er avril.
    • Le site du débat sur la transition énergétique : cliquer ICI
    • Le gaz de shiste, kesaco ?  Les gaz et huiles de Schiste sont des hydrocarbures "non-conventionnels" contenus dans les roches profondes. La seule technique actuelle pour les extraire est la fracturation hydraulique qui utilise d'énormes quantités d'eau, des produits chimiques et du sable. Les dégâts sanitaires et environnementaux provoqués sont considérables et irréversible: pollution de l'eau, de l'air et des sols, émission de gaz à effet de serre, remonté d'éléments radioactifs, explosions, mini-séisme, dégradation des paysages ... La fracturation hydraulique est interdite en France par la loi du 13 juillet 2011, excepté pour l'expérimentation scientifique. Consulter le site du Ministère du Développement durable : cliquer ICI

    LIRE AUSSI

  • Fukushima : le Japon en alerte avec de nouveaux soupçons de fuite d'eau contaminée

    fukushima,centrale nucléaire,tsunami,catastrophe naturelle,pollution,fuite d'eau,radioactivité,piscine,contamination,tepco,gouvernement

    Des policiers, en tenue anti-radiations, proches de la centrale de Fukushima, le 11 mars 2013, à l'occasion du deuxième anniversaire du tremblement de terre.  Photo archives AFP

    Tokyo Electric Power (Tepco),  la société qui gère la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, endommagée par un séisme et un tsunami en mars 2011, a reconnu aujourd'hui ne plus avoir confiance dans les piscines souterraines où l'eau contaminée est stockée, mais ne pas voir d'alternative.

    Troisième fuite d'eau radioactive des piscines

    Les soupçons de fuite de la piscine numéro 1 sont apparus pendant le transfert, lundi, d'eau contaminée à partir de la piscine numéro 2, elle-même endommagée, a précisé l'autorité de sûreté nucléaire japonaise. Il s'agit du troisième incident de ce type depuis vendredi dernier, après les deux pannes consécutives du système de refroidissement du réacteur, ces dernières semaines.

    fukushima,centrale nucléaire,tsunami,catastrophe naturelle,pollution,fuite d'eau,radioactivité,piscine,contamination,tepco,gouvernement"Nous ne faisons plus confiance aux piscines souterraines"

    Si les soupçons de Tepco concernant de nouvelles fuites d'eau contaminée à la piscine souterraine numéro 1 se confirmaient, cela signifierait que trois des sept piscines sont inutilisables, ce qui compliquerait d'autant le nettoyage déjà bien difficile du site hautement radioactif. "Nous ne pouvons pas nier le fait que nous ne faisons plus confiance aux piscines souterraines", a déclaré le directeur général de TepcoMasayuki Ono (photo ci-dessus) au cours d'une conférence de presse convoquée à la hâte. "Nous ne pouvons pas transférer toute l'eau contaminée dans des réservoirs terrestres si nous décidions de ne plus utiliser les piscines souterraines", a-t-il expliqué. "Leur capacité n'est pas suffisante et nous devons donc utiliser les moyens disponibles."

    fukushima,centrale nucléaire,tsunami,catastrophe naturelle,pollution,fuite d'eau,radioactivité,piscine,contamination,tepco,gouvernementLe gouvernement somme Tepco de s'expliquer

    Tepco, qui a immédiatement interrompu l'opération de transfert, avait déjà annoncé ce week-end qu'environ 120.000 litres d'eau contaminée s'étaient échappés des piscines numéro 2 et 3.  Le gouvernement de Tokyo a sommé la direction de Tepco de s'expliquer sur l'origine des fuites et des autres problèmes à répétition qui affectent la centrale ces dernières semaines. L'entreprise nippone avait déjà été vivement critiquée juste après la catastrophe de Fukushima pour avoir déversé de l'eau radioactive dans la mer, contaminant les poissons et ruinant l'activité économique de la pêche dans la région.

    Les inquiétudes de la Russie, voisine du Japon

    Le mois dernier, un haut responsable de Tepco a reconnu que la société ne parvenait pas à mettre fin aux infiltrations souterraines d'eau contaminée dans le bâtiment du réacteur endommagé et qu'il pourrait lui falloir jusqu'à quatre années pour trouver une solution. La Russie, en raison de sa proximité avec le Japon ne cache pas son inquiétude. Le chef des services sanitaires russes, Guennadi Onichtchenko, a déclaré mardi que la découverte de fuites d'eau contaminée "témoigne du fait qu'ils [les Japonais] ne peuvent régler la situation". "Etant donné que les Japonais refusent de laisser entrer (dans la centrale) des spécialistes étrangers, nous vivons mal la situation", a ajouté M. Onichtchenko.

    La situation de la centrale de Fukushima est considérée comme stabilisée depuis décembre 2011, mais le site reste très fragile, notamment en cas de nouveau séisme et tsunami. Le monde et le Japon n'en ont pas fini avec Fukushima.

    Cathy Lafon avec l'AFP

    LIRE AUSSI