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A quoi ressembleront le bassin d'Arcachon et la dune du Pilat en 2100 si la montée des eaux continue de s'accélèrer ? Photo archives "Sud Ouest"
Selon une étude publiée par la revue Nature, le 14 janvier 2015, les chercheurs de l’université Harvard, aux Etats-Unis, ont mis en évidence l'accélération ces 20 dernières années de la hausse du niveau de la mer.
En se basant sur 600 relevés observés par des marégraphes, les scientifiques ont constaté que, si la hausse de la mer était de 1,2 millimètre par an, entre 1901 et 1990, elle a bondi à 3 millimètres par an entre 1993 et 2010. Or, réchauffement climatique oblige, le phénomène ne va pas s'arrêter, mais il risque au contraire de s'amplifier, avec la fonte des glaciers et la dilatation thermique des océans. Les résultats de l'équipe de Harvard pourraient ainsi inciter le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) à revoir encore à la hausse ses prévisions en la matière.
Dans sondernier rapport, publiée en avril 2014, le Giec estime que la hausse totale du niveau des mers au cours de ce siècle sera comprise entre 28 et 98 centimètres. Une fourchette déjà réactualisée par rapport aux projections de 2007 – qui prévoyaient entre 18 et 59 centimètres supplémentaires. L'hypothèse d'une augmentation d'un mètre du niveau des océans d'ici à la fin du siècle devient de moins en mois hypothétique.
L'accélération de la montée des eaux sous-évaluée
Cette analyse "suggère que l'accélération au cours des deux dernières décennies a été 25% plus forte que ce que l'on pensait", a précisé à l'agence Reuters Carling Hay, un scientifique canadien de l'Université d'Harvard et le principal auteur de cette étude. Catastrophique pour de nombreuses régions du globe déjà menacée par la montée des eaux, la nouvelle n'est pas bonne non plus pour certaines zones du littoral français et notamment celles du grand Sud-Ouest. L’île de Ré (photo ci-dessus), celle d’Oléron, l’estuaire de la Loire, le marais poitevin, l'estuaire de la Gironde, le bassin d’Arcachon et les stations balnéaires du littoral girondin comme Lacanau, sont en première ligne en cas d'élévation du niveau de la mer de 1 mètre, ainsi que le laisse découvrir la carte de simulation réalisée par le site Flood Maps.
Voilà de quoi alimenter, s'il en était besoin, les discussions des négociations mondiales en cours pour parvenir à sceller, fin 2015 à Paris, un accord global et contraignant sur les réductions d’émissions de gaz à effet de serre (GES),afin de limiter le réchauffement à +2°C par rapport à la période pré-industrielle, quand la trajectoire actuelle est de + 4°C vers 2100. Tout en incitant les politiques et aménageurs locaux à anticiper le phénomène, en adaptant l'urbanisme et la vie économique à ces contraintes.
40 % de la surface de Songdo (Corée du Sud) doivent être plantés pour former les « poumons verts » de la ville. Photo Docside/Rare Media
Les villes n'occupent que 2% de la planète, mais elles abritent plus de 50% de la population. Chaque semaine dans le monde, un million de personnes supplémentaires s'installent en ville. A ce rythme, en 2050, 70% des habitants de la planète seront des urbains. Autant dire que préparer les villes de demain constitue un défi de taille pour l'avenir de l'humanité. A quoi ressembleront-elles ? Quels seront leurs enjeux sociétaux, politiques, économiques et environnementaux ? Arte s'interroge ce soir, à travers trois documentaires : "Les nouvelles villes", de Frédéric Castaignède, "Les villes intelligentes", de Jean-Christophe Ribot et"Les fermes verticales", de Benoît Laborde. Première surprise, les éco-villes de demain sont déjà là, en construction dans les pays émergents. Plus intelligentes, plus connectées, ces villes durables recherchent aussi l'autosuffisance alimentaire, avec le développement de l'agriculture urbaine.
Les éco-villes des pays émergents
Le nombre d'habitants ne cesse de croître, la crise énergétique menace, il faut trouver d'urgence des remèdes à la pollution d'un air devenu irrespirable dans les grandes mégalopoles et préserver l'avenir climatique de la planète : telle est la quadrature du cercle que veulent résoudreles nouvelles cités intelligentes et écologiques qui voient le jour en Chine (Tianjin Eco-city, photo ci-dessus), en Arabie Saoudite (King Abdullah Economic City) et en Corée du sud (Songdo). Futuristes et résolument vertes, financées par des partenariats publics privées et créées de toutes pièces en prenant le meilleur de ce qui existe déjà ailleurs, elles étonnent l'Occident encore pusillanime sur les questions de développement durable, par leur ambition en la matière et les innovations technologiques de pointe auxquelles elles font appel. Elles font la part belle à l'environnement et à la qualité de vie. Tianjin la Chinoise a réservé 12 m2 d'espace vert à chacun des 65.000 habitants qu'elle prévoit d'accueillir. Eoliennes, photovoltaïque, centrales au gaz naturel liquéfié (GNL) : l'énergie y est résolument verte et écologique. La station d'épuration d'eau de la ville, véritable bijou écologique, est également avant-gardiste : elle fonctionne avec des plantes aquatiques qui dépolluent les eaux usées. Un peu comme à la piscine de Bègles, en Gironde, mais en beaucoup, beaucoup plus grand... Et l'Empire du milieu a, dans ses cartons, une dizaine de projets d'éco-cités similaires à Tianjin ... Sans centrale nucléaire au programme pour les alimenter en électricité, qu'on se le dise.
Zéro émission de CO2 et "hyperconnection"
En Corée du Sud, même son de cloche, mais encore plus "hyper-connecté", comme on peut s'y attendre au pays de Samsung. A Songdo, tout est piloté par ordinateur, tout est relié et contrôlé par le cerveau de Control center (photo ci-dessus). Des transports à l'énergie - des compteurs intelligents permettent à chacun de surveiller et réduire sa consommation - en passant par la sécurité des espaces publics, la fluidité des transports et la gestion des déchets. Pas de camions pour enlever les ordures ménagères qui sont transportées depuis les habitations par un système pneumatique... La ville, avec 40% d'espaces verts, vise zéro émission de CO2. On n'y a pas besoin de voiture : tout a été conçu de manière à ce que les habitants puissent rejoindre leur lieu de travail, les commerces ou les lieux de loisir à pied, à vélo (25 km de pistes cyclables un vrai paradis pour les amoureux de la petite reine !) et en transport en commun, y compris sur l'eau, grâce à un système dense de navettes fluviales qui valorisent lac et canaux.
"Intelligentes"
Shanghai, Paris, Hambourg, Londres... Moins en pointe que les éco-cités clé en main, les mégalopoles historiques, de leur côté, ne sont toutefois pas en reste lorsqu'elles misent sur les dernières innovations technologiques pour accueillir toujours plus d'habitants, avec pour objectif de devenir 100% durables, économes en énergie et parfaitement sûres. Systèmes de vélos en libre service, interconnections des réseaux de transport en commun, les métropoles "intelligentes" du "Vieux Monde" ont aussi recours aux données numériques pour réduire leur impact carbone et fluidifier les déplacements.
Autonomie alimentaire ?
Dernier point abordé par Arte ce soir : l'alimentation. De l'Europe à l'Amérique du Nord, en passant par l'Asie, comment nourrir demain sept milliards de citadins, sans appauvrir davantage et épuiser les ressources de la planète ? Les villes de demain visent l'autonomie alimentaire et l'agriculture urbaine figure parmi les défis qu'elles ont à relever. Pour certains, cela passera pas la construction de fermes verticales, comme à Singapour où l'on économise l'espace en érigeant des tours agricoles de dix mètres de haut. Une idée à la mode mais remise en cause par certains écologistes dont le journaliste anglais George Monbiot,comme le documentaire "Les fermes verticales" nous le fait découvrir.
Les villes de demain seront vertes ou ne seront pas
Cette immersion passionnante dans l'avenir de nos villes nous fait d'abord prendre la mesure du fossé qui sépare l'Asie de l'Occident. La Chine et la Corée, notamment, prennent une avance colossale sur l'Occident sur les enjeux de développement durable, à tel point que Songdo a été distinguée par l'ONU pour accueillir le siège du Fond vert pour le climat. Mais elle pose aussi bien des questions sur nos modes de vie actuels et futurs. Hyper-connectées, les villes de demain sont aussi fragiles, à la merci de pannes ou de piratages informatiques. Elles se veulent 100% vertes,mais leurs technologies réveillent la crainte du cauchemar orwellien dans lequel, au prétexte d'assurer la sécurité de chacun, tout est surveillé et contrôlé, au risque d'y perdre la liberté. Les villes demain seront vertes ou ne seront pas. Mais leur conception doit s'accompagner d'une réflexion philosophique et politique de manière à ne pas produire, au mieux, les enclaves d'un paradis vert réservé à une élite privilégiée, ou, au pire, les conditions de ce qui pourrait devenir un totalitarisme écologique.
La série documentaire "Les villes du futur", mardi 20 janvier à partir de 20h50. "Les nouvelles villes", 20h50. "Les villes intelligente", 21h40. "Les fermes verticales", 22h30.
►A LIRE
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Rémi Fraisse, un jeune homme de 21 ans, est décédé le 26 octobre après une manifestation contre le projet de barrage de Sivens, dans le Tarn. Archives AFP
Le projet initial de barrage à Sivens (Tarn), contesté depuis plusieurs années par des associations locales, "n'apparaît pas comme une solution adaptée", selon un nouveau rapport remis ce vendredi à Ségolène Royal qui a affirmé que sa réalisation n'était "plus d'actualité". La ministre de l'Ecologie a par ailleurs précisé qu'elle "validait" les "nouvelles solutions proposées" dans le rapport.
Mort pour Sivens
Le projet initial de barrage-réservoir à Sivens visait à créer une retenue d'eau d'1,5 million de m3 pour l'irrigation de terres agricoles. Il avait été vivement contesté par les écologistes en raison de son coût et de son impact sur l'environnement et les travaux ont été suspendus après la mort du militant écologiste Rémi Fraisse, tué le 26 octobre 2014 sur le site, lors d'affrontements avec les forces de l'ordre. Plusieurs réunions ont eu lieu depuis entre agriculteurs, défenseurs de l'environnement et élus concernés, mais aucun compromis n'a pu être trouvé entre les défenseurs du projet initial et ceux qui souhaitent qu'il soit fortement transformé.
Deux options alternatives
Pour répondre aux besoins des agriculteurs en matière d'irrigation, sans construire un barrage surdimensionné et inadapté aux contraintes environnementales, le rapport des experts évoque deux options possibles. La première envisage "la réalisation d'un réservoir de taille plus réduite sur le site de Sivens". D'"un coût modéré", elle "laisse de multiples possibilités de développement ultérieur". Ses impacts sur l'environnement "semblent localisés et réduits mais doivent être développés dans une étude d'impact complète", indiquent les spécialistes.
Impacts environnementaux faibles
La deuxième solution inclut plusieurs retenues combinées, notamment en amont du site. Elle prévoit une retenue latérale en amont du site de Sivens, une retenue sur le ruisseau de Bayssière, plus en aval, et "une ou deux" retenues latérales en vallée du Tescou. "Un peu plus coûteuse" en investissement et en fonctionnement, elle "laisse moins de possibilités de développement ultérieur de retenues sur le bassin", précise le rapport, mais "ses impacts environnementaux sont faibles".
Les deux options présentées dans le rapport des experts devront, elles, faire l'objet d'études plus approfondies par des maîtres d'ouvrages locaux avant un choix définitif. A quand la même évolution pour l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, s'interrogent désormais les écologistes ? Qui n'oublient pas que l'un des leurs a laissé sa vie pour lutter contre la construction d'une infrastructure qui s'avère inadaptée, ainsi qu'ils l'ont dénoncé depuis des années.