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Commerce - Page 49

  • OGM : l'Europe laisse-t-elle la liberté de choix aux Etats membres, ou leur impose-t-elle un marché de dupes ?

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    Pour José Bové, le règlement européen est en réalité une victoire en trompe l'oeil pour les écologistes. Photo DR 

    Les gouvernements européens ont donné leur accord politique, ce jeudi, à un compromis laissant le choix aux Etats membres d'autoriser ou d'interdire la culture des OGM sur leur territoire. Le texte doit maintenant obtenir le soutien du Parlement européen. Apparemment favorable aux anti-OGM, la subsidiarité pourrait en réalité servir la cause des multinationales qui fabriquent les semences transgéniques. Explications.

    mais transgénique opposants.jpgNeuf pays opposés aux OGM, dont la France, cinq favorables

    Sept OGM sont en attente d'une autorisation de culture dans l'UE, dont le maïs MON810 de Monsanto et le maïs TC1507 du groupe Pioneer. Tous ont obtenu le feu vert de l'Autorité européenne pour la sécurité des aliments (EFSA), mais le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a préféré les retenir pour éviter l'affrontement avec les gouvernements qui n'en veulent pas. Aujourd'hui, dans l'Union européenne, le Portugal, l'Espagne, la République Tchèque, la Roumanie et la Slovaquie ont dit oui aux OGM et produisent le maïs MON 810. La France, l'Italie, l'Allemagne, le Luxembourg,  l'Autriche, la Hongrie, la Bulgarie,  la Grèce et la Pologne n'en veulent pas et ont pris des clauses de sauvegarde pour des motifs environnementaux et sanitaires, des procédures juridiques très fragiles. Le compromis approuvé jeudi à Luxembourg par les ministres de l'Environnement de 26 des 28 Etats membres lèverait le blocage actuel et donnerait la possibilité juridique aux différents Etats d'autoriser ou d'interdire la culture sur "tout ou partie de leur territoire".

    ségolène royal.jpgLa liberté de choisir ?

    Pour les uns, c'est un bon texte. Ainsi, Tonio Borg, le commissaire européen à la santé, chargé du dossier, souligne que si le nouveau Parlement l'avalise, "cela fera sauter un verrou qui paralyse le processus d'autorisation des OGM depuis 4 ans". "Le nouveau système garantit aux Etats la possibilité de choix, s'ils souhaitent cultiver ou non", a expliqué la ministre française de l'Environnement Ségolène Royal, qui s'est félicitée avec le ministre de l'agriculture, Stéphane Le Foll, de cette nouvelle réglementation sur les OGM, comme la ministre néerlandaise Wilma Mansveld, qui vante un nouveau système qui  "permet du sur mesure".

    Un marché de dupes ?

    Pour les autres, c'est une très mauvaise nouvelle. Certes, chacun pourrait interdire chez soi la culture des OGM et l'autorisation d'une culture transgénique resterait décidée au niveau européen, comme c'est le cas aujourd'hui. Mais, plutôt que garantir aux Etats membres la possibilité d'interdire sur leur sols les OGM, l'Europe laisse en réalité le champ libre aux producteurs de semences OGM chez ceux qui sont disposés à les cultiver, en proposant une nouvelle législation très attendue par les multinationales américaines. Ce qui met la puce à l'oreille des écologistes et n'augure rien de bon pour la planète.

    bové.jpgJosé Bové vent debout

    Pour l'eurodéputé écologiste français, cet accord qui cherche à lever les blocages sur les OGM au niveau de l'Union européenne, est une vraie fausse bonne solution.  José Bové craint au contraire  "une accélération de l'introduction d'OGM en Europe". D'abord, parce que "le temps d'expertise sera raccourci quand les industriels voudront imposer un OGM en Europe".  Ensuite, parce que, "une fois l'expertise faite et l'OGM accepté, les industriels rencontrent les gouvernements de chaque pays, ce qui n'était jamais arrivé jusqu'à présent (...) Si le gouvernement dit oui, très bien, il y aura des OGM et personne n'en discute au Parlement. S'il dit non, le gouvernement doit ensuite envoyer un courrier à Bruxelles", poursuit-il.  José Bové souligne encore que ce sont les pays qui refusent les OGM qui vont se retrouver confrontés individuellement à des procès devant l'Organisation mondiale du Commerce, et non plus l'Europe  : "donc on ne tiendra plus collectivement contre les OGM".

    corinne lepage.jpgUn "cadeau empoisonné" selon les ONG

    Le compromis auquel sont parvenus les Etats européens, laissant à chaque pays le choix d'autoriser ou pas la culture d'OGM, est "un cadeau empoisonné", a réagi jeudi l'ONG Les Amis de la Terre qui rejoint la position du député écolo. "La nouvelle loi censée en théorie donner aux Etats membres le droit d'interdire les OGM", écrit l'ONG dans un communiqué, est en fait "ouvrira les champs européens aux plantes génétiquement modifiées". L'ancienne député européenne française Corine Lepage a pour sa part dénoncé "un accord au rabais" qui "ne comporte aucune base juridique solide pour réellement interdire les OGM et confère un pouvoir exorbitant aux compagnies dans le processus de décision".

    Les citoyens européens ne sont pas entendus

    "Depuis plus de 15 ans, les citoyens européens refusent les OGM et ont réussi à pousser leurs gouvernements à agir dans ce sens", pointe Christian Berdot, des Amis de la terre France. Mais poursuit-il, avec cette loi, "si un Etat maintient son interdiction malgré le refus d'une entreprise de biotechnologie, sa situation juridique sera très fragile".

    "Le Parlement européen peut encore voter contre le texte", veut croire José Bové, qui rappelle que les députés européens ont rejeté en janvier dernier contre la demande d'autorisation du maïs transgénique Pioneer TC1507. Oui mais ça, c'était avant les élections européennes de mai dernier.

    Cathy Lafon

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  • Produire bio : un business comme les autres ? Réponse ce soir sur ARTE

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    Dans bien des pays, l'agriculture bio s'est industrialisée : un non-sens écologique qu'il faut prendre en compte. DR Arte

    On salue régulièrement les avancées économiques du bio, dont les parts de marché ne cessent d'augmenter et que l'on trouve désormais en grande surface, à des prix abordables pour le consommateur. En Europe, les produits bio génèrent 21 milliards d'euros de chiffre d’affaires.

    Tout succès a souvent son revers de médaille. Pour le bio, il s'est accompagné d'une forte industrialisation des modes de production qui n'ont plus grand chose à voir avec le développement durable ni les idéaux du commerce équitable.  Si le bio n'est pas une illusion, ce soir, Arte enquête sur un business qui n'est pas exempt de pratiques scandaleuses.

    bio-illusion_13-1399956310861.jpgLe bio aux mains de grands groupes internationaux

    Christian Jentzsch a promené sa caméra en Europe et dans le monde entier, pour montrer que l’explosion de la demande en produits bio a conduit à une industrialisation systématique des modes de production. Dans nombre de cas, celle-ci s'opère au détriment de l’environnement, des petits agriculteurs et de la qualité des produits. Ce qui est un comble pour des produits destinés à respecter l'équilibre écologique de la planète et la santé des consommateurs comme la qualité de travail des producteurs !  Mais il faut voir la réalité en face :  de plus en plus souvent, ce sont de grands groupes internationaux ou la distribution discount qui contrôlent le bio. Ici comme ailleurs, la loi du marché s'est imposée.

    bio-illusion 2.jpgDe la Roumanie à l'Espagne, en passant par la Thaïlande et la Chine

    Ainsi, en Roumanie, de gros investisseurs rachètent les terres de petits paysans pour pratiquer sur des milliers d’hectares des cultures et de l’élevage "bio", notamment de brebis alimentées l'hiver avec du maïs transgénique. En Thaïlande, des crevettes "bio" élevées dans des fermes géantes consomment de la nourriture industrielle et sont en contact avec des produits chimiques. En Chine, des élevages de dindes et de poulets ne doivent leur étiquette "bio" qu'à un trafic illégal de documents. En Espagne, des tomates "bio" poussent à côté de champs en culture intensive généreusement arrosés de produits phytosanitaires… Et tous ces produits peuvent se retrouver dans nos assiettes, si nous n'y prenons pas garde.

    Améliorer les pratiques

    Autant de pratiques qui sont loin d'être écolos, équitables et conformes au développement durable et qu'il est bon de connaître, non pas pour condamner les produits bio, mais au contraire, pour améliorer les conditions de leur production, afin d'en trouver toujours davantage sur nos étals. Car le bio n'est justement pas un commerce comme les autres.

    produits bio,production,documentaire,arte,enquête,europe,chine,thailandeOui,mais comment faire ? Le documentaire nous montre aussi les causes de ces  dérives. Dans le documentaire de Christian Jentzsch, on voit qu'elles sont rendues possibles par la multiplicité des organismes de certification (plus de cent labels et marques bio rien qu’en Allemagne), par la négligence d'ONG parfois peu regardantes et enfin, vous n'allez pas le croire,  par une réglementation européenne finalement peu contraignante...

    Devinez quelles sont les solutions ?

    Cathy Lafon

    ►A VOIR

    • "Produire bio : Un business comme les autres ?" Documentaire de Christian Jentzch,  mardi 3 juin, à 20h50 (90 min). Rediffusions vendredi 6 juin à 8h55 et samedi 14 juin à 10h15.

    ►LIRE AUSSI

  • WE LOVE GREEN : le premier festival français "100% écolo" !

    festival,écolo,musique

    We Love Green : édition 2012. Photo DR

    Top départ pour la saison des festivals d’été !  Pour les écolos fans de rock et de musiques électroniques, elle démarre en fanfare ce week-end avec un festival 100% écolo :  We Love Green. 

    Les 31 mai et 1er juin, à Bagatelle en région parisienne, la troisième édition du premier festival éco-responsable de France, résout la quadrature du cercle pour les amateurs verts de grands festivals en répondant à la triple question fondamentale: comment cultiver sa conscience écolo, tout en écoutant de bons concerts et en mangeant de bons petits plats vraiment éco-responsables. Et cerise (bio) sur le gâteau (bio) : en laissant derrière soi des lieux plus propres qu’avant d’y entrer. Pas un luxe de bobos, mais une belle réalité à déguster en famille et avec ses amis.

    festival,écolo,musiqueLes oreilles sont à la fête

    Cette année, symboliquement, l’événement programmé habituellement en septembre, ouvre la saison des festivals et précède, dans la capitale, des événements émergents ou installés comme Solidays, Weather Festival, The Peacock Society et Rock en Seine. Pour Because, We Love Art et Sony, les organisateurs de We Love Green, en avancer la date permet d’abord de ne se pas se trouver en compétition avec d’autres festivals, comme ceux de Pitchfork et des Inrockuptibles. Mais, selon Emmanuel de Buretel, fondateur de Because, cela permet aussi d’asseoir le rôle de découvreur de talents,  : « Nous proposons le seul concert de Lorde en France, l’un des premiers de London Grammar dans un festival français, la première grande scène de Jungle… ». FoalsLittle Dragon et Joakim complètent une affiche éclectique et électrique.

    Les yeux aussi

    Rendez-vous est également donné au Cinemascope, pour voir des films, dont plusieurs en avant-première, comme "En quête de sens", de Marc de la Ménardière, qui invite à un changement de société. A noter le samedi et le dimanche la projection du documentaire "Quand Björk rencontre Attenborough / The Nature Of Music", le projet inspiré par l’album "Biophilia" de l’Islandaise écolo, fan d'Eva Joly. Comme lors des précédentes éditions, un artiste graphique est invité pour présenter ses œuvres : cette année il s’agit de Fabrice Hyber, créateur d’étonnants « Prototypes d’Objets en fonctionnement ».

    festival,écolo,musiqueLa conscience est écolo

    On pourra aussi écouter l’économiste d'origine bordelaise Anne-Sophie Novel, auteur de "La vie share" (photo ci-contre),ou encore Caroline Delboy de l’association Disco Soupe, qui lutte contre le gaspillage alimentaire. Créé lors de l’édition 2012, le Network Lab abordera des thématiques diverses, comme l’économie collaborative ou l’agriculture urbaine. 

    festival,écolo,musiqueEt la gourmandise...

    Dans le sillage du manifeste Slow Food, plusieurs initiatives en faveur d’une restauration responsable sont mises en oeuvre, notamment au travers du Conscious Food Program. Une collecte de rebus est organisée avant le festival et les restaurateurs seront invités à intégrer à leurs recettes des aliments déclassés (ne répondant pas aux « normes ») ou des invendus. Pendant l’événement, le public pourra découvrir des pop-up restaurants proposant des aliments frais et bio. A titre d'exemple, on dégustera : un sandwich vietnamien à base de produits 100 % locaux, dans une baguette parisienne fraîche de Chez Kayser, proposés par "Miss Banh-Mi", un duo composé de l’illustratrice Fafi et de la restauratrice Heidi. Des burgers et frites « maison », combinés avec des produits du terroir, par Yves de Rochefort, un agriculteur 2.0 qui a créé un réseau de distribution local grâce à La ruche qui dit oui. Miam !

    ... zéro gaspillage !

    Quant aux surplus du festival, ils seront récupérés par Phenix, entreprise spécialisée dans la deuxième vie des produits des invendus alimentaires, pour être redistribués gratuitement à des associations caritatives et transformés lors de repas solidaires en faveur des publics défavorisés. Sachez encore que l’engagement écolo de We Love Green, décidément sans limite, ne s’arrête pas là puisque les artistes ne jouent pas après minuit afin d’inciter les spectateurs à utiliser les modes de transports alternatifs plutôt que la voiture.

    Et devinez quoi ? Ajoutées à une programmation alléchante, ces initiatives semblent payer : à une semaine du festival, le premier jour affichait déjà complet... Inutile de préciser qu'on ne verra pas l'ombre d'une canette en aluminium trainer sur le site du festival au matin du 2 juin.

    Cathy Lafon