Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Agriculture - Page 203

  • Sécheresse. Après le beau temps, que vienne enfin la pluie !

    sécheresse,précipitation,irrigation

    En Dordogne, les pêcheurs évitent les cours d'eau secondaires, où l'eau manque. En période de fraie, la vigilance est accrue. Photo Sud Ouest / Arnaud LOTH

    Les vacances d'avril sont enfin là et la plupart d'entre nous aspirent à pouvoir profiter de quelques jours de repos bien mérité, au soleil et au sec. Cette soif de beau temps bien compréhensible n'est pas sans culpabiliser l'écolo de base... Car près de huit nappes phréatique sur dix affichaient en France au 1er avril un niveau "inférieur à la normale", selon le relevé mensuel du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Ce qui était déjà le cas au 1er mars.

    25 % de précipitations en moins

    Si le mois d'avril nous semble plutôt frais et pluvieux, janvier, février et mars 2012 ont été marqués par une sécheresse hivernale remarquable qui a fait suite à un automne 2011 déjà très sec sur la quasi totalité du territoire, à l'exception de la région Provence-Alpes-Cote d'Azur : de septembre 2011 à mars 2012, les précipitations ont été inférieures de 25 % par rapport à la normale, selon Météo France.

    Pour le BRGM, au  1er avril, l'état de remplissage des nappes souterraines "se maintient très majoritairement sur des valeurs inférieures, voire très inférieures à la normale". Ce remplissage est qualifié de "très inférieur à la normale pour 30 % des points suivis" et "inférieur à la normale pour 59 %". Il est le résultat d'une pluviométrie très inférieure à la normale au cours de la période dite de recharge, c'est à dire de septembre à mars, avant que  la végétation ne repousse. Au-delà du déficit récurrent de précipitations depuis des mois, le BRGM précise aussi que "cette situation est le résultat de plusieurs années de déficit pluviométrique".

    Une grande partie du Sud-Ouest au régime sec

    "C'est le cas sur la plus grande partie du Bassin Parisien, sur le secteur du Rhône et dans le Sud-Ouest", souligne le BRGM, pour lequel, si elle n'est pas encore "catastrophique", la situation devient franchement "préoccupante". L'expression risque de tourner rapidement au doux euphémisme, car la dite-situation s'est dégradée par rapport au précédent état des lieux, qui indiquait qu'environ 80% des aquifères français affichaient au 1er mars un niveau de remplissage inférieur à la moyenne : au 1er avril, ce sont désormais 89 % des ressources souterraines en eau qui sont dans ce cas, sur le territoire métropolitain. Dans la région, les nappes alluviales de la Garonne aval sont touchée, de même que la Dordogne. Seule exception, le bassin Adour-Garonne, où les eaux de remplissage sont "proches de la normale".

    L'Europe a soif

     sécheresse,précipitation,irrigation

    En Espagne, la campagne se désespère. Comme ici en Aragon, où Fernando Regano, agriculteur à Sarinena, un village de la province aragonaise de Huesca, n'a pas vu une goutte de pluie depuis ocobre. Photo AFP

    En Europe, c'est du jamais vu. l'Espagne, le Portugal et le Royaume-Uni, où la situation n'a pas eu d'équivalent dans le dernier demi-siècle écoulé, sont aussi sévèrement touchés par la sécheresse. Londres a même envisagé des mesures de restriction d'eau, afin de pouvoir traverser cet été sans rupture d'alimentation en eau la période à haut risque des Jeux Olympiques, qui se traduit par un afflux massif de population et donc un accroissement des besoins en eau. Sur l'ensemble de la France, il faut remonter à 1989 pour voir un niveau de précipitation plus bas au cours de cette même période, avec un écart de 29 % par rapport à la moyenne.

    Le gouvernement a réuni le jeudi 12 avril un comité de suivi, pour prendre des mesures préventives, notamment pour l'agriculture. La plus grande vigilance est demandée aux Préfets, qui feront un point de situation dans un mois. La situation actuelle n'est pas forcément synonyme d'été catastrophique pour l'agriculture. Tout va dépendre du taux de précipitation des semaines à venir. Mais, même avec des pluies abondantes, les réserves d'eau ne se referont pas à hauteur des besoins : la végétation qui pousse absorbe la plus grande partie du précieux liquide qui tombe du ciel. On s'achemine à coup presque sûr vers une pénurie d'eau cet été. Ce qui reposera une fois de plus la question des méthodes d'irrigation de l'agriculture, en France et en Europe.

    Dans un contexte global de réchauffement climatique, parvenir à mieux gérer la ressource en eau en l'économisant et en la partageant, est un objectif d'une actualité toujours plus brûlante.

    Cathy Lafon

    LIRE AUSSI

  • Planète vidéo. Pesticides : "La mort est dans le pré"

    "La mort est dans le pré", bande annonce

    Demain mardi 17 avril, prévoyez de finir la soirée devant la télé, avec France 2. A 22h h40, la chaîne diffuse un documentaire à ne rater sous aucun prétexte : " La mort est dans le pré ", consacré aux agriculteurs malades des pesticides. Réalisé par Eric Guéret, ce film de 52 mn montre le " piège chimique " tendu aux agriculteurs et leurs difficultés à sortir d'un système verrouillé, dans un milieu où il est aussi très difficile de "parler". Le réalisateur, lui, ne veut pas se taire. " Quand on découvrira toute la vérité sur les dangers des pesticides, ce sera un scandale pire que celui du sang contaminé. Car les responsables savent ce qui se passe et ne font rien. C'est un grave problème de santé publique pour nous et pour les générations futures. Je n'ai pas de raisons de me taire. ", explique-t-il. 
     
    On dit de "La mort est dans le pré" qu'il y un "avant" et un "après" le film. Dans ce documentaire "choc",  Eric Guéret évoque les centaines d'agriculteurs français, souvent jeunes, qui sont aujourd'hui malades, victimes des produits phytosanitaires que l'on croyait " anodins ". Issus de l'école agricole intensive, ces agriculteurs utilisaient ces produits depuis les années 50 dans leurs exploitations jusqu'au jour où les maux de tête, la fatigue, les comas successifs les ont conduits à l'hôpital. Diagnostics : maladie de Parkinson, leucémie, cancers, syndrome myéloprolifératif... Plutôt noir, tout ça. Mais le film montre aussi que rien n'est perdu. On l'avait déjà vu dans le film de Marie-Monique Robin, "Notre poison quotidien", les victimes des pesticides osent de plus en plus briser le silence,  se battre pour la reconnaissance en maladie professionnelle et pour remettre en cause le système agricole... Certaines victimes finissent même par tout changer. Comme le Charentais Paul François, céréalier âgé de 47 ans,  qui vient de faire reconnaître responsable de son intoxication la firme agrochimique américaine Monsanto, le 13 février dernier (cette dernière a fait appel de la décision du tribunal de grande instance de Lyon).

     Cathy Lafon

    EN SAVOIR PLUS

    LIRE AUSSI

  • Des pesticides aux phtalates : quel futur pour l'humanité ?

    produits chimiques,prévention,perturbateur endocrinien,cancerigene,pesticide,étude,cancer,stérilité

    Epandage aérien. DR

    Durant la  Semaine pour les alternatives aux pesticides, Maplanète.fr avait évoqué l'existence d'une discrète circulaire du ministère de l'agriculture datée du 5 mars, destinée à assouplir l'interdiction de l'épandage aérien des pesticides. Révélé par le Monde le 24 mars, ce texte introduit de nombreuses exceptions à leur interdiction.

    Sept produits sont dorénavant autorisés sur la vigne, le riz et les bananes, et 16 autres sont en cours d'évaluation par l’agence nationale de sécurité sanitaire, l’Anses. Petit problème : selon l’association Générations Futures, ces pesticides seraient toxiques, comme le révèle le Journal de l'Environnement du 11 avril.

    Sept produits autorisés, seize autres en cours d'évaluation : tous toxiques ?

    Alors que la mission sénatoriale d'information (MCI) sur les pesticides et leur impact sur la santé et l'environnement organisait, mardi 10 avril, des auditions, Générations Futures a analysé la dangerosité des substances actives de ces pesticides autorisés ou en cours d’évaluation. Sur les 7 produits autorisés, l’association de défense de l’environnement a constaté que toutes les substances actives contenues dans les produits présentent un risque pour la faune et la flore, que trois de ces produits (le fenpropidine, le difénoconazole et le propiconazole) sont classés comme cancérigènes possibles par l’agence américaine de l’environnement (US EPA) et un autre (le propiconazole) est classé toxique pour le développement aux Etats-Unis.

    Perturbateurs endocriniens et cancérigènes probables

    Quant aux 16 produits en cours d’évaluation, l’ONG s‘inquiète de leurs effets possibles. Certains contiennent des molécules reconnues comme perturbateurs endocriniens (classées comme telles par  l’Union européenne). Il s’agit de la deltamethrine, très utilisée dans les produits pour lutter contre la chrysomèle du maïs, du mancozèbe, un fongicide très courant en vigne, ou encore du métirame. D’autres molécules sont considérées comme cancérigènes probables (l’iprovalicarbe, le mancozèbe et le métirame) ou possibles (le penoxsulame, le folpel et tébuconazole) ou encore classées, en Europe ou aux Etats-Unis, comme étant toxiques pour le développement (le tébuconazole et de nouveau le métirame). Enfin, Générations Futures analyse que 10 de ces substances présentent un risque avéré pour l’environnement.

    Les phtalates, une des origines avérées de la baisse de la fertilité humaine

    produits chimiques,prévention,perturbateur endocrinien,cancerigene,pesticide,étude,cancer,stérilité

     Les phtalates sont des perturbateurs endocriniens présents dans les matières plastiques DR

    Par une étrange coïncidence, presque au même moment, le site de la revue britannique Human Reproduction publiait, le 8 mars, une étude française inédite démontrant que l'exposition aux phtalates (plastifiants que l'on retrouve dans nombre d'articles en PVC, dans les peintures, encres, cosmétiques ou dans des produits laitiers) inhibe chez l'homme la production de testostérone. C'est une première, car jusqu'ici, un tel effet n'avait été constaté que sur les testicules de fœtus humain ou chez le rongeur. Pour l'Inserm, cette étude confirme les soupçons qui pèsent sur les phtalates, concernant leur responsabilité dans la baisse de la fertilité humaine. Une directive européenne, révisée à plusieurs reprises, interdit aujourd'hui les phtalates, classés perturbateurs endocriniens, dans les jouets et objets de puéricultures, destinés aux enfants de moins de 3 ans. L'Europe les a également bannis des films alimentaires, mais ce n'est pas le cas dans beaucoup d'autres pays.

    produits chimiques,prévention,perturbateur endocrinien,cancerigene,pesticide,étude,cancer,stérilité

    Dans un entretien donné au Monde.fr sur ce sujet le 12 avril, Shanna Swan, professeure au département de médecine préventive de la faculté de médecine Mount Sinai à New York, confirme que les produits chimiques reconnus comme des perturbateurs endocriniens, car altèrant le fonctionnement hormonal, affectent bel et bien le futur de l'humanité. Elle les décrit comme des "produits chimiques furtifs", dont personne ne se rend compte de la présence, mais qui font des dégâts et surtout, qu'on retrouve dans la descendance, sur plusieurs générations...

    La récente décision française d'autoriser l'épandage aérien de pesticides contenant des molécules toxiques, reconnues pour certaines comme cancérigènes et pour d'autres comme perturbateurs endocriniens par l'Europe, donne, hélas, l'impression que l'on préfère continuer à jouer aux apprentis sorciers, en réintroduisant d'un côté un danger (les pesticides) pas vraiment écarté de l'autre (les phtalates), plutôt que de travailler à prendre, en toute cohérence, les mesures préventives qui s'imposent dans l'usage des produits chimiques, afin de protéger la santé et l'avenir de l'humanité. A l'heure où l'on commence à s'interroger à voix haute sur l'impact des pesticides sur les cancers dans le monde agricole et celui de la viticulture (voir "Sud Ouest" du 7 avril), n'y aurait-il pas là une forme d'inconscience ?

    Cathy Lafon

    LIRE AUSSI 

    EN SAVOIR PLUS