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Des cirques sans animaux sauvages : Bordeaux devient pionnière

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Les éléphants du cirque Grüss en 2016, à Bordeaux. Photo archives 

"On y est arrivé. On travaille là-dessus depuis le mois de juillet, et on a réussi !" Francis Feytout, conseiller délégué pour le respect du vivant et la condition animale dans l'équipe municipale du nouveau maire écolo de Bordeaux, Pierre Hurmic, ne boudait pas sa joie, hier, le mardi 27 octobre 2020, à l'heure de la présentation en Conseil municipal d'un voeu en faveur d’une "transition vers des cirques sans animaux sauvages". On le comprend.

Votée à l'unanimité, la motion portée par l'élu résout la quadrature du cercle : comment interdire les animaux sauvages au cirque, sans mettre à l'index un secteur d'activité économiquement fragilisé par la crise sanitaire ? Un sacré défi, qu'il résume ainsi : "Laisser les choses se faire d'elles-mêmes, ce serait laisser couler lentement le cirque traditionnel, déjà fortement touché par la crise sanitaire. Un patrimoine immatériel dont la France et Bordeaux, en particulier, peuvent s'enorgueillir".
 
Une décision "historique"
 
animaux sauvages,faune,conseil municipal,bordeaux,vote,voeu,cirque"Historique", selon l'élu (photo ci-contre), la décision s'inscrit dans un large mouvement sociétal, autour de la planète et en France, de plus en plus défavorable à l'utilisation d'animaux sauvages à des fins de divertissement, concrétisé dans l'Hexagone par le projet de loi pour le bien-être animal, présenté récemment à l'Assemblée nationale par Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique. Dans son voeu, Bordeaux souhaite d'ailleurs que le gouvernement concrétise dans les meilleurs délais ces annonces et les accompagne de la mise en place d'une réglementation nationale. 
 
Bordeaux, pionnière
 
Du coup, de retardataire sur ce sujet (1), Bordeaux devient "pionnière dans sa volonté d’accompagner les professionnels", se réjouit le Monsieur condition animale de la capitale girondine. Outre l'interdiction, à laquelle se sont déjà déjà engagées des centaines de villes en France, l'originalité du texte consiste, en effet, à proposer d'accompagner la profession et le devenir des animaux concernés, "afin de leur garantir une vie paisible et une fin de vie douce".
 
"Tout animal est un être sensible"
 
La nouvelle majorité verte s’appuie sur un certain nombre d’éléments pour justifier sa décision et en faire un marqueur fort de son intérêt pour la cause animale : extraits du Code rural qui dispose que "tout animal est un être sensible [qui] doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce", arrêté du ministère de l’Écologie, code pénal mais aussi l’avis de la Fédération des vétérinaires d’Europe datant de juin 2015 qui recommande: "à toutes les autorités compétentes européennes et nationales d’interdire l’utilisation de mammifères sauvages dans les cirques itinérants dans toute l’Europe, compte tenu de l’impossibilité absolue de répondre de façon adéquate à leurs besoins physiologiques, mentaux et sociaux".
 
Non pas "contre", mais "pour" les professionnels du cirque
 
"Pour élaborer cette motion, qui nous positionne non pas contre les professionnels mais bien pour les accompagner dans la transition vers un modèle de cirque sans animaux sauvages, précise par ailleurs Francis Feytout, nous avons consulté Georgika Kobann, le représentant de l'un des acteurs majeurs du secteur, le Cirque Arlette Grüss qui oeuvre depuis 35 ans en faveur du bien-être de ses animaux."
 
Bien connu à Bordeaux, le cirque qui a mis depuis trois ans sur les rails le retrait progressif des animaux sauvages de ses spectacles et se distingue par des soins rigoureux apportés aux animaux, a notamment créé, dès 1990, un sanctuaire de 40 hectares près du Mans (72) pour ses animaux "retraités" du cirque ou ceux qui ne participent pas au spectacle. 

La bonne nouvelle pour les Bordelaises et les Bordelais, par ces temps plutôt avares en joyeusetés, c'est que l'acteur emblématique et historique du cirque bordelais, français et européen, plantera donc de nouveau son chapiteau dans la capitale girondine du 12 décembre 2020 au 17 janvier 2021, avec une nouvelle création baptisée "Excentrik". Pour le plus grand bonheur des petits et des grands qui profiteront de la magie du cirque, si la crise sanitaire le permet. Et sans animaux sauvages sur la piste, donc, à l'exception d'un zèbre.
 
Cathy Lafon
 
(1) En mars et juin 2019, la mandature précédente de l'ancien-maire (LR) de Bordeaux, Nicolas Florian, avait refusé de voter le voeu interdisant sur son territoire les animaux du cirque, émis par les élus écologistes, alors dans l'opposition.
 
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