Maltraitance animale : L214 diffuse des « images terribles » d’un élevage de lapins avant un débat à l’Assemblée
Manifestation de militants de l'association de défense animale L214, le 31 octobre 2017 à Tours. Archives AFP
« Cages surpeuplées, sol grillagé, mortalités élevées »: l’association de défense des animaux L214 a diffusé le mardi 29 septembre les « terribles images » d’un élevage de lapins en cage avant l’examen, ce jeudi 1er octobre, d’une proposition de loi en commission à l’Assemblée nationale.
L’enquête de L214 « montre de terribles images d’un gros élevage intensif de lapins situé dans la commune d’Augan, dans le Morbihan. Plus de 40.000 lapins y sont enfermés dans de petites cages sur un sol grillagé », souligne l’association dans un courriel.
Sur les images, on voit notamment des lapins entassés dans ces cages, sans accès à l’air libre, d’autres gisant sur des déjections ou jetés dans des poubelles. « D’après des documents de suivi de mortalités, près de 300 lapins meurent dans cet élevage chaque semaine », selon l’association. Contacté par l’AFP, l’éleveur n’a pas donné suite.
Pas de réglementation spécifique pour les élevages de lapins
L’association ne relève pas d’atteinte à la réglementation car « il n’existe pas de réglementation spécifique pour les élevages de lapins, comme cela peut être le cas pour les poules pondeuses », a expliqué à l’AFP Sébastien Arsac, directeur des enquêtes chez L214.
« Ces images révèlent les conditions de vie terribles des lapins » mais « ne sont pas celles d’un cas isolé », souligne L214. Avec 22% de mortalité, des lapins envoyés à l’abattoir au bout de 72 jours, un espace réduit à l’équivalent « d’une feuille A4 », l’élevage d’Augan est représentatif des élevages français, selon L214.
Quelque 99% des 30 millions de lapins abattus chaque année en France sont élevés en batterie de cages, d’après l’association.
« Quelques jours avant les discussions à l’Assemblée, cette enquête vise à ce que les députés aient à l’esprit le sort des millions d’animaux entre leurs mains », poursuit Brigitte Gothière, cofondatrice de L214, citée dans un communiqué. « En effet, 80 % des animaux abattus chaque année sont enfermés dans des élevages intensifs sans aucun accès à l’extérieur. »
Une proposition de loi sur des « mesures d’interdiction de certaines pratiques génératrices de souffrances chez les animaux »
« Les députés devront dire s’ils soutiennent ou non ce type d’élevage », estime L214.
La commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale devait examiner jeudi matin une proposition de loi déposée par le mathématicien et « ex-marcheur » Cédric Villani (EDS) portant sur des « mesures d’interdiction de certaines pratiques génératrices de souffrances chez les animaux ». Cette proposition de loi « reprend et aménage une large partie » du projet de « référendum pour les animaux » lancé début juillet avec le soutien de plusieurs grands patrons français du secteur des technologies, et qui avait recueilli mercredi plus 785.000 signatures sur le site referendumpourlesanimaux.fr.
Le Comité Lapin Interprofessionnel pour la Promotion des Produits (Clipp) a réagi mercredi dans un communiqué, dénonçant « l’idéologie antispéciste et abolitionniste des activistes de L214 qui visent l’arrêt de la consommation de viande et de tout type d’élevage en instrumentalisant l’émotion des consommateurs avec des images volées et des montages volontairement anxiogènes ».
La profession dit s’être engagée « à orienter la production vers des modes de conduite et de logement innovants permettant aux animaux de pouvoir mieux exprimer leurs comportements naturels, sans augmenter les risques sanitaires ». « Le lapin est un animal fragile, plutôt nocturne, passant, à l’état sauvage, la majorité de son temps sous terre, très sensible au stress et donc difficile à élever en plein air », reconnaît-elle cependant.
Cathy Lafon avec l'AFP
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