Bonne nouvelle : c'est le grand boom planétaire du vélo !
Depuis deux ans, le biporteur a changé la vie de Sarah, une jeune mère de famille bordelaise. Sur les quais de Bordeaux, le 1er août 2018. Archives Ma Planète / Cathy Lafon
La pandémie du Covid-19 restera-t-elle aussi dans l'Histoire comme le déclencheur de la révolution mondiale du vélo ? La petite reine est-elle en passe de remplacer la voiture ? Depuis le confinement, on se l'arrache et la planète frôle la pénurie de bicyclette. Preuve de l’engouement planétaire pour les deux roues, depuis février, les recherches mondiales d’itinéraires cyclistes dans le programme Google Maps ont bondi de 69 % – et atteint un plus haut historique. Record historique aussi pour les recherches de réparateurs de vélos, selon le géant d’internet, qui ont doublé ce mois-ci. Quand aux ventes de vélo, l’envolée atteint aux Etats-Unis jusqu’à 5.000 % ! Du jamais vu. À l’arrêt pendant des mois, les fabricants ont du mal à satisfaire la demande d’une planète toujours plus gourmande de bicyclettes.
Les ventes multipliées par deux, voire trois ou cinq, selon les pays
En France, les ventes de vélos ont doublé en mai et en juin par rapport aux mêmes mois de l’année dernière, selon la fédération Union sport et cycle. Le vélo est plébiscité par les citadins qui y voient un bon moyen de se protéger du Covid-19 en évitant bus bondés et métros surpeuplés, tout en faisant de l'exercice physique, après des semaines de confinement.
À l’échelle européenne, un porte-parole de la chaîne de magasins Decathlon affirme que les ventes de vélos ont été « multipliées par deux voire trois » et avance même des demandes de vélos multipliées par cinq en Chine à la sortie du confinement.
Pic historique aux Etats-Unis
Au pays du tout-voiture, des pick-up et autres grosses voitures, les ventes en ligne de vélos ont atteint un pic historique mi-mai : le nombre de vélos vendus a été supérieur de plus de 5.000 % à celui de la mi-mai 2019. Les ventes totales de vélos – en ligne et en magasin – ont bondi de 81 % en mai par rapport à mai 2019, pour atteindre 1,11 milliard de dollars, selon People for Bikes, qui regroupe des fabricants et des détaillants.
Listes d'attente
Bien décidé à acquérir un cycle, Nicolas, un Parisien de 31 ans, a dû visiter huit magasins avant de trouver son bonheur. Et en « explosant le budget pour prendre la gamme au-dessus » car les vélos dans les prix qu’il s’était initialement fixés ont été « dévalisés ». « Je cherchais un vélo spécifique que j’avais mis un mois à choisir mais il n’était disponible nulle part, à la fin j’étais prêt à prendre n’importe quel vélo mais tout était en rupture de stock », témoigne-t-il.
Pancho Pimentel, responsable marketing de Summit Bicycles, qui possède cinq boutiques en Californie constate « des ruptures partout, des marques de vélos aux pièces détachées ». Le secteur « travaille avec une chaîne d’approvisionnement mondiale qui a été interrompue avec le Covid-19, et les conséquences se font sentir dans toutes les catégories ».« On a perdu environ trois mois dans la production de pièces (entre les différents confinements), et nos stocks ont été écoulés en seulement deux mois », détaille Moreno Fioravanti, le secrétaire général de l’Association des fabricants européens de vélos (EBMA).
Federico Mosca, vendeur indépendant de vélos à Paris, explique : « Depuis trois semaines voire un mois, c’est très compliqué de se procurer des vélos, j’ai une dizaine de clients qui attendent mais pour certains je leur ai remboursé l’acompte car je n’ai aucune idée de la date de livraison de leur vélo. »
A Bordeaux aussi
A Bordeaux aussi, clients et revendeurs sont confrontés à des ruptures de stock. Déjà dynamique avant la crise sanitaire, le marché du vélo explose depuis le 11 mai, expliquent les patrons des boutiques indépendantes, comme Liberty Cycles, cours de l'Yser, Station Vélo Service, place Stalingrad, Popins, sous la Grosse cloche ou encore Cyclable Bordeaux, cours du Chapeau rouge, qui voient leur chiffre d'affaire multiplié par deux, voire trois. Une tendance confirmée par les grandes enseignes comme Décathlon Bordeaux, où se créent aussi quelques listes d’attente. Mais le magasin propose, par exemple, des vélos de seconde main remis en état aux clients les plus impatients.
« La situation du marché n’est pas si mauvaise que ce que pensent certains »
Si la société assure produire en Europe 98 % des vélos vendus sur le continent, la Confédération de l’industrie européenne du cycle (CONEBI) estime, elle, qu’environ 45 % à 50 % des pièces de vélos assemblées en Europe sont importés d’Asie. En 2019, 7,3 millions de vélos (mécaniques et électriques) ont ainsi été importés en Europe, provenant principalement de Taïwan et du Cambodge, selon la CONEBI.
Le taïwanais Giant, premier fabricant mondial, a vu son chiffre d’affaires en Europe augmenter de 140 % en juin, par rapport au même mois de 2019, particulièrement dopé par les ventes de vélos électriques. Et son carnet de commandes est plein jusqu’au premier semestre de 2021.
« La situation du marché n’est pas si mauvaise que ce que pensent certains », rassure Manuel Marsilio, directeur général de la CONEBI, qui prévoit un retour à la normale pour septembre, permis grâce à la « flexibilité des producteurs européens qui vont, pour la plupart, ne pas prendre de vacances d’été », afin de rattraper l’écart entre offre et demande.
Cathy Lafon avec l'AFP
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