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Pollution des eaux et des mers: l'ostréiculture en première ligne

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Une ferme ostréicole en Bretagne, le 29 novembre 2019. Photo archives AFP 

La contamination de certains coquillages par le norovirus, responsable de la gastro-entérite, affecte depuis plusieurs semaines toute la production, en particulier les huîtres, une conséquence de la pollution de la mer par des eaux usées, que les ostréiculteurs paient au prix fort.

Selon le dernier décompte publié le 10 janvier 2020 par le ministère de l’Agriculture qui a promis d’indemniser les professionnels, 23 bassins conchylicoles, producteurs d’huîtres, mais aussi de moules ou de praires, sont fermés. Plus de 400 entreprises sont concernées par ces mesures de restrictions, situées dans 7 départements : la Charente Maritime (2 zones) ; l’Ille et Vilaine (2 zones) ; le Morbihan (8 zones) ; la Manche (2 zones) ; la Loire Atlantique (3 zones) ; l’Hérault (4 zones) et le Calvados (2 zones). 

Dans l’Hérault, des poubelles remplies de coquilles d’huîtres et de moules ont été déversées en début de semaine devant l’Agence régionale de santé (ARS) après une décision préfectorale du 10 janvier de suspendre la commercialisation de coquillages pour une partie du bassin de Thau.

D’autres sites ont été contraints de fermer bien plus tôt, en pleines fêtes de fin d’année. Un gros manque à gagner pour les producteurs. Ainsi, pour Renan Henry, dont l’entreprise est installée en Bretagne « depuis cinq générations » dans la rivière de Crac’h, dans le Morbihan, près d’Auray, les fêtes de fin d’année représentent « 60% » de son chiffre d’affaires.

Reçus le 10 janvier denier au ministère qui a promis de les indemniser, les ostréiculteurs sont d’autant plus remontés qu’ils ne sont en rien responsables de ce qui leur arrive mais paient au prix fort cette contamination.

« Les huîtres ne sont pas malades »

« Le norovirus provient des humains. Les huîtres ne sont pas malades. Elle sont porteuses du virus parce qu’il est présent dans l’eau qu’elles filtrent – 4 litres/heure en hiver, mais 7/h en été – . Elles se trouvent juste au mauvais endroit au mauvais moment… », constate Philippe Le Gal, le président du Comité national de la conchyliculture (CNC). 

Les insuffisances des réseaux d'assainissement

Pour les ostréiculteurs, les pluies abondantes de ces dernières semaines ont surchargé les réseaux d’assainissement défaillants et les stations d’épuration, entraînant à la mer des eaux usées qui auraient dû être traitées en amont. Renan Henry pointe les insuffisances en matière d’assainissement urbain. « Jusqu’en 2014, la communauté de communes affectait 10 millions d’euros par an pour l’assainissement. Depuis, c’est tombé à 4 millions, soit une baisse de 60%! »

« Le résultat d’une urbanisation non maîtrisée »

« Les contaminations virales proviennent de la terre », abonde Thierry Burlot (PS), vice-président du conseil régional de la région Bretagne, en charge de l’environnement. « C’est une nécessité absolue d’agir sur l’assainissement (…) La région va devoir venir en soutien aux collectivités pour leur mise aux normes », estime l’élu, pour lequel cette pollution est aussi « le résultat d’une urbanisation non maîtrisée ».

Ce que confirme le sénateur du Morbihan Joël Labbé (ex-EELV): « C’était prévisible, dans la mesure où on a continué de délivrer des permis de construire alors que les installations (de traitement des eaux) étaient déjà saturées ».

« On est des victimes et on ne doit pas subir de préjudice économique »

Car derrière cette contamination a surgi la question du développement touristique, une carte jouée à fond par le département du Morbihan. Le président du département, François Goulard (ex-LR), a créé la polémique en reprochant aux ostréiculteurs de faire une contre-publicité à leur territoire en protestant contre la pollution dont ils sont victimes. « N’oublions pas que l’on vit du tourisme ici ! », a-t-il asséné dans Ouest-France.

« Nous ne sommes pas contre le tourisme et l’urbanisation, mais à condition que les réseaux soient adaptés », répond Renan Henry. « On est des sentinelles du littoral et l’environnement », complète Philippe Le Gal,  insistant : « on est des victimes et on ne doit pas subir de préjudice économique ».

Pour l’association Eau et Rivières de Bretagne, qui veille depuis 50 ans sur la qualité des eaux dans la région, « les élus locaux sont responsables des eaux pluviales et de l’assainissement. Les conchyliculteurs ont raison de leur demander des comptes ».

Cathy Lafon avec l'AFP

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