Energie : une feuille de route gouvernementale ambitieuse, qui doit désormais être mise en oeuvre
Selon le Syndicat des énergies renouvelables, le projet de Programmation pluriannuelle de l’Energie (PPE) révisé évolue dans le bon sens en revoyant à la hausse les volumes qui seront attribués. Photo AFP
Le gouvernement a présenté, ce 20 janvier, un projet révisé de Programmation pluriannuelle de l’Energie (PPE), qui est soumis à la consultation publique jusqu’au 19 février prochain. Véritable feuille de route énergétique de la France pour les dix prochaines années, ce texte très attendu se veut ambitieux et se donne pour objectif de permettre l'accélération du déploiement des énergies renouvelables. Qu'en pense le Syndicat des énergies renouvelables, représentant des acteurs majeurs du secteur ?
Une feuille de route qui apporte de la visibilité…
Avant de lister un certain nombre de bémols, le Syndicat des énergies renouvelables (SER) se félicite dans un communiqué de la publication de cette version révisée de la PPE, qui "donnera une visibilité aux différentes filières et permettra ainsi d’accompagner leur développement".
Parmi les points positifs relevés par le SER, "les perspectives ambitieuses de développement de la chaleur renouvelable" tracées par ce texte, ce qui marque l’importance de ce secteur dans la stratégie de décarbonation de notre mix énergétique. Dans un contexte de gel de l’évolution de la trajectoire de la taxe carbone, le SER salue ainsi la stabilisation (en lieu et place de la baisse initialement prévue) du Fonds Chaleur à 350 M€ à partir de 2022 si aucune évolution de la fiscalité carbone n’intervient d’ici là.
De la même manière, la PPE confirme que les biocarburants de première génération resteront un levier essentiel de décarbonation du secteur des transports, un autre point positif du texte.
Le Syndicat des énergies renouvelables note aussi que la PPE permettra également aux filières électriques issues des énergies renouvelables de poursuivre leur dynamique de développement, avec des rythmes de 1.850 MW par an pour l’éolien terrestre et de près de 3.000 MW par an pour le solaire photovoltaïque. La contribution de l’hydroélectricité restera, quant à elle, essentielle, avec des marges de progression plus limitées mais réelles et clairement identifiées.
Un bon point pour l'éolien marin
L’une des modifications majeures par rapport au projet de PPE présenté en janvier 2019 concerne l’éolien en mer. Le projet révisé évolue dans le bon sens en revoyant à la hausse les volumes qui seront attribués.
«Ces évolutions sur l’éolien en mer sont positives mais, afin de pouvoir mettre en œuvre ces nouveaux engagements, il est désormais fondamental de pouvoir prendre les mesures nécessaires pour tenir ces calendriers. En particulier, nous appelons à ce que le travail d’identification des zones qui permettront de développer les différentes tranches identifiées dans la PPE soit engagé au plus vite» indique Jean-Louis Bal, président du SER.
Enfin, le SER se félicite que le gouvernement reconnaisse, à travers la PPE, que certaines filières, qui sont aujourd’hui à des stades de maturité moins avancés, comme l’hydrolien notamment, disposent encore de véritables marges de progression.
… mais compromet le développement de certaines filières...
Pour la filière du gaz renouvelable, la version révisée de la PPE est une déception. Le SER regrette que le projet révisé maintienne un objectif de 6 TWh de biogaz injecté en 2023, ce qui représente un recul par rapport à la PPE actuellement en vigueur. En l’état, déplore le Syndicat des énergies renouvelables, la PPE est donc décorrélée de la dynamique observée sur le terrain, où les projets se développent rapidement. En parallèle, la trajectoire de baisse des coûts pour les projets qui seront développés à travers les appels d’offres reste trop brutale et risque de compromette le développement des projets futurs. « Nous souhaitons que la concertation avec la filière se poursuive rapidement afin de préciser l’évolution concrète du cadre économique dans les prochains mois » insiste Jean-Louis Bal.
Selon le SER, la PPE représente par ailleurs une véritable occasion manquée pour deux filières désormais condamnées par l’absence de perspectives de développement, la filière forestière et la filière de production locale de lithium.
« Avec la non-poursuite des projets de cogénération bois, la France se prive à la fois d’un moyen efficace de lutte contre le changement climatique et d’un levier important pour structurer l’amont de la filière forestière. Et avec l’absence de soutien à la géothermie électrique disparaît également la possibilité de développer une filière de production locale de lithium, et cela au moment précis où la France souhaite jouer un rôle de premier plan dans le développement d’un outil industriel pour les batteries [des véhicules électriques,NDLR] », regrette ainsi Jean-Louis Bal.
... et devra être accompagné de nouvelles mesures
Au-delà du projet gouvernemental, le SER souligne l’importance de se mettre désormais en ordre de marche afin d’atteindre les objectifs de la PPE, en facilitant l’identification de zones propices au développement de nouveaux projets, en poursuivant les mesures de simplification, en mettant en adéquation les moyens de l’Etat et les procédures administratives avec les objectifs annoncés et en donnant de la visibilité sur l’évolution du cadre économique des différentes filières. « L’année 2019 a permis de consolider la PPE. 2020 doit être l’année de la mise en œuvre afin de garantir que nous pourrons respecter les trajectoires identifiées », conclut le président du SER.
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