Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Nucléaire. Fin du (long) feuilleton : Fessenheim fermera en 2020

fessenheim.jpg

La plus ancienne des centrales nucléaires françaises doit fermer d'ici un an. Photo archives AFP

Cette fois-ci, ça y est. Ce lundi, EDF a confirmé dans un communiqué que la centrale nucléaire alsacienne de Fesseheim, la doyenne du parc électronucléaire français, mise en service en 1977, allait s’arrêter définitivement en juin 2020.

Une décision attendue impatiemment par les écologistes depuis une promesse électorale de François Hollande qui date de ... 2012. La fermeture de la vieille dame alsacienne figure en effet parmi ses « 60 engagements » présidentiels. « J’engagerai la réduction de la part du nucléaire dans la production d’électricité de 75 % à 50 % à l’horizon 2025 (…). Dans ce contexte, je fermerai la centrale de Fessenheim et je poursuivrai l’achèvement du chantier de Flamanville (EPR) » avait promis le président qui succèdent à Nicolas Sarkozy. La centrale alsacienne devait alors s’arrêter fin 2016.

Les dérapages de l'EPR de Flamanville

Sauf que les négociations avec EDF sur les conditions de l'arrêt des réacteurs, conditionné à la mise en service de l'EPR de Flamanville, assorties de multiples atermoiements gouvernementaux vont retarder la concrétisation. Pour EDF, pas question d’éteindre les deux réacteurs alsaciens avant que l’EPR n’entre en service. Or, ce dernier n'a cessé d'accumuler les déboires et les retards, contribuant par ailleurs à entraîner EDF dans un gouffre financier insondable. La mise en route de la centrale nouvelle génération est pour l’instant annoncée pour 2022, soit  dix ans après la date prévue ! Et il n'est même pas sûr que le site normand finisse par ouvrir. Fin juin, l'Autorité de sûreté nucléaire a mis son veto à la mise en service de l'EPR, pourtant presque achevé, tant qu'une réparation de huit soudures litigieuses, n'aura pas été réalisée.

Les indemnisations d'EDF

Confronté aussi aux difficultés liées à la construction des deux EPR à Hinkley Point, au Royaume-Uni, un chantier dont le coût grimpe dangereusement et dont le calendrier menace aussi de déraper, EDF traverse une  série noire qui ne cesse de s'allonger. L’entreprise aujourd'hui surendettée, a ainsi négocié une généreuse indemnité auprès de l’État pour compenser la fermeture de Fessenheim. A l’époque, le gouvernement Hollande proposait 80, puis 100 millions d’euros. Insuffisant pour EDF, qui a fini par obtenir 400 millions d’euros, auxquels se rajouteront des versements futurs devant compenser le « manque à gagner ». Ce protocole d’indemnisation a été validé il y a quelques jours.

Démantèlement et reconversion

"Pour réussir un démantèlement exemplaire, il faut réussir l’accompagnement des salariés, ceux des sous-traitants, environ 400, et des 800 emplois induits sur le territoire", indique le gouvernement.

Selon le communiqué d'EDF de ce lundi 30 septembre, la fermeture définitive de la centrale nucléaire de Fessenheim interviendrait le 22 février 2020 pour le premier réacteur et le 30 juin pour le second. Le site, qui génère d'importantes recettes fiscales pour les collectivités, emploie directement 850 salariés d'EDF et environ 350 employés permanents d'entreprises prestataires. Un objectif de démantèlement complet d’ici fin 2024 est prévu par l'Etat qui a précisé le calendrier de démantèlement, y compris au niveau des effectifs et donné des précisions quant aux conditions de reconversion du site.

Selon le gouvernement, le site passera de 700 salariés EDF fin 2018 à 60 fin 2024, à l’arrêt du démantèlement de la centrale.

Du photovoltaïque

Ecologistes et antinucléaires se félicitent de l’arrêt de Fessenheim et appellent à poursuivre les fermetures des plus anciennes centrales nucléaires du pays. D’autres font part de leur inquiétude quant à la capacité de production française. Pour les écologistes et le secteur des énergies renouvelables, les solutions alternatives existent. Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire, a d'ailleurs précisé la liste de 12 projets lauréats pour des centrales de production d’électricité d’origine photovoltaïque. Cette première tranche permettra une production de 62,8 MW, deux nouveaux appels à projet seront ouverts en janvier et juillet 2020, pour un total de 300 MW. A ceux qui font remarquer que la centrale produisait 1,8 GW, le gouvernement fait observer que la démarche de transition de fait que commencer et que d’autres projets seront présentés.

Une chose est sûre : en dehors de la question du risque d'accident, le nucléaire français se trouve aujourd'hui dans une véritable impasse industrielle politique et financière, qui coûte cher à l'Etat et au contribuable. Il est grand temps de regarder les choses en face et de passer à autre chose, afin de répondre aux défis climatiques. 

Cathy Lafon

►LIRE AUSSI

  • Les articles de Ma Planète sur le nucléaire : cliquer ICI

Les commentaires sont fermés.