Réchauffement climatique : et ce permafrost qui pourrait se dégeler ?
Le permafrost recouvre 25% des terres émergées de l'hémisphère nord, notamment en Russie, au Canada et en Alaska. Archives AFP
Voilà autre chose. La question du dégel du permafrost (pergélisol en français), ces sols qui restent gelés en permanence et se situent en grande majorité dans les régions arctiques, Grand Nord canadien, Alaska et Sibérie, mais aussi en haute montagne, inquiète et agite la communauté scientifique depuis des années. En effet, en gelant, ces sols ont emprisonné des quantités colossales de carbone, des débris végétaux qui ne sont pas complètement décomposés. En cas de dégel, ils largueraient des quantités astronomiques de carbone dans l'atmosphère qui auraient pour effet d'accélérer le processus de réchauffement climatique. Ce dont la planète n'a absolument pas besoin.
Ca va peut-être vous empêcher de dormir, mais sachez que ce point, crucial pour l'avenir du climat de notre planète, est peut-être l'un des plus inquiétants du premier et très alarmant rapport du Giec consacré aux mers et aux glaces, publié ce mercredi.
Composé de micro-lentilles de glace ou de grosses masses de glace pure, sur une épaisseur de quelques mètres à plusieurs centaines de mètres, le permafrost des régions arctiques et boréales renferme quelque 1.700 milliards de tonnes de carbone, soit environ le double du dioxyde de carbone (CO2) déjà présent dans l'atmosphère. Avec la hausse des températures, le permafrost se réchauffe et commence à fondre, libérant progressivement les gaz qu'elle neutralisait jusque-là. Et le phénomène devrait s'accélérer, selon les scientifiques qui s'inquiètent de voir la fonte du pergélisol participer à une accélération du réchauffement, d'ici 20 à 30 ans.
Difficile pour eux toutefois de savoir à quelle vitesse, et dans quelle proportion, le carbone piégé dans les sols gelés va finir dans l'atmosphère, tant les paramètres sont complexes. Seule certitude, les régions arctiques se réchauffent déjà, et plus vite que l'ensemble de la planète. Les glaces fondent et la couverture neigeuse décroît rapidement, ce qui est catastrophique : privés de glaces et de neige, les mers et les sols nus ne réfléchissent plus les rayons du soleil dans l'atmosphère (l'albédo) et absorbent quatre fois plus vite la chaleur solaire.
Deux scénarios
Aussi, les projections données par le Giec comportent-elles de très importantes marges d'erreur, de plus ou moins 20 %. Si rien n'est fait pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, le « scénario du pire » donné par le Giec envisage le dégel de 69 % des sols arctiques d'ici 2100. Ca, c'est si nous continuons sur la tendance actuelle des émissions de gaz à effet de serre. Inutile de le préciser, les conséquences seraient catastrophiques pour le climat et pour l'avenir de la vie sur Terre et de l'espèce humaine. Dans le « scénario optimiste » du Giec, si nous parvenons à réduire drastiquement nos émissions de CO2, le permafrost (ne) perdrait (que) 24 % de sa surface actuelle à la fin du siècle.
On le voit, l'écart entre les deux scénarios est important. Entre autres inconnues, un phénomène difficile à prévoir pourrait accélérer le processus à vitesse grand V : certains sols contiennent beaucoup d'eau gelée, qui, en fondant d'un coup, entraînerait un effondrement des sols, provoquant un départ rapide du carbone dans les rivières, où il se décompose plus vite.
Le seul espoir écrit le Giec, pourrait venir du réchauffement climatique lui-même. La végétalisation de la toundra dans l'Arctique, pourrait piéger assez de carbone pour compenser les émissions. Mais il est interdit de rêver. Cela ne sera que momentané et «ne pourra pas contrebalancer les rejets sur le long terme », avertit le Giec. Voilà qui fait quand même un peu froid dans le dos.
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