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Drôle de série noire pour le nucléaire français

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Deux des quatre réacteurs de la centrale de Blaye sont touchés par des malfaçons. Photo archives Sud Ouest

Mauvais temps pour EDF qui exploite 58 réacteurs nucléaires dans 19 centrales dans l'Hexagone : les ennuis ne cessent de s'accumuler sur le parc électro-nucléaire du groupe. Revue de détail.

Le 11 septembre dernier, la centrale de Flamanville (Manche) est placée sous « surveillance renforcée » par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Motif : des déficiences dans la maîtrise de certains gestes techniques d'exploitation, des défauts de maintenance et de surveillance des prestataires ou encore des problèmes de qualité sur des documents. Sans conséquences sur la production d'électricité, a rassuré EDF.

Le même jour, Framatome (ex-Areva Nuclear Power), la filiale d'EDF, alerte l'ASN sur des défauts de soudure touchant une vingtaine de générateurs vapeur équipant le centrales dont celle de Gravelines, dans le Nord. Ces imposants composants (22 m de haut pour 465 t en moyenne) jouent un rôle crucial à l'intérieur des réacteurs nucléaires puisqu'ils transforment l'eau (radioactive) en vapeur. En faisant tourner la turbine, celle-ci permet la production d'électricité.

Six réacteurs concernés dont deux en Gironde

Re-mauvais nouvelle pour l'électricien tricolore : ce mercredi 18 septembre, EDF a annoncé que six de ses réacteurs en exploitation étaient concernés par ces problèmes de fabrication de certains composants.

"Le travail de recensement poursuivi depuis par EDF et Framatome a permis d'identifier seize générateurs de vapeur (GV) installés sur six réacteurs en exploitation : les réacteurs n°3 et 4 de Blayais, le réacteur n°3 de Bugey, le réacteur n°2 de Fessenheim, le réacteur n°4 de Dampierre-en-Burly, ainsi que le réacteur n°2 de Paluel", détaille le groupe.

Parmi eux, deux réacteurs à la centrale de Blaye, en Gironde. L’association anti-nucléaire Tchernoblaye n’a pas tardé à réagir. Dans un communiqué, elle demande l’arrêt immédiat des deux réacteurs n°3 et n°4 concernés.

L'ASN doit statuer dans les semaines à venir sur une possible fermeture des réacteurs concernés, si elle l'estime nécessaire. EDF estime toutefois que ces réacteurs sont aptes au service. 

"A ce stade de l'instruction technique portant sur ces composants [des générateurs de vapeur], EDF estime que les écarts constatés ne remettent pas en cause l'aptitude au service des matériels et ne nécessitent pas de traitement immédiat", indique le groupe dans un communiqué. Des équipements destinés au futur réacteur EPR de Flamanville, dans la Manche, sont aussi concernés.  

La centrale normande de Flamanville à l'arrêt

Le même jour, les deux réacteurs de la centrale nucléaire de  la centrale de Flamanville sont à l'arrêt après la découverte de traces de corrosion, décelées sur des systèmes de secours du premier réacteur. Le second était, lui, déjà à l'arrêt pour sa visite décennale. Sa révision est elle aussi plus longue que prévue, avec cinq mois de retard. Selon RTE, le redémarrage du réacteur 2 doit intervenir le 5 décembre. Le réacteur 1 est arrêté lui pour une durée encore indéterminée. Du coup, la centrale ne produit plus d'électricité. Ce n'est pas l'EPR de Flamanville dont le chantier cumule déboires et retards et est qui pourrait compenser le manque de production de sa voisine. Il est loin d'être mis en service (s'il finit par l'être). 

Ajoutons à cela que le projet Astrid de réacteur à neutron, le projet de quatrième génération censé lui permettre de se projeter dans l'avenir, est en passe d'être abandonné par le Commissariat à l'énergie atomique et et aux énergies climatiques (CEA) qui en est pourtant à l'origine. Un renoncement problématique pour la filière nucléaire française, confrontée par ailleurs aussi à la question ultrasensible de la gestion des déchets, alors que la troisième génération, celle de l'EPR, est toujours embourbée dans un chantier cauchemardesque.  Sans compter que le groupe fait aussi actuellement l'objet d'un projet de scission, Hercule, au coeur d'âpres discussions entre le gouvernement et la Commission européenne, le moins que l'on puisse dire, c'est que l'avenir du nucléaire français s'assombrit.

Cathy Lafon

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