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Réchauffement climatique : et s'il était plus fort que prévu?

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A pôle Sud, l'Antarctique est menacée par le réchauffement climatique. Le 2 mars 2016. Photo archives AFP 

Cela n'étonnera pas vraiment grand monde (en tout cas pas Greta Thunberg, assurément), au vu de l'accumulation des records de chaleur battus et de l'énorme retard politique pris par les Etats et la communauté internationale dans son ensemble pour réduire l'élévation des températures sur la planète : le réchauffement climatique sera plus fort que prévu, avertissent des scientifiques français. Bref, d'ici à 80 ans, soit la fin du siècle, il va faire très très chaud sur la Terre. Et pour nous autres, les humains, comme pour l'ensemble du vivant, ça va faire mal. 

Tous plus alarmistes les uns que les autres, les rapports sur le climat se multiplient. A la veille de la Semaine internationale pour le climat, de la grande marche mondiale pour le climat ce samedi 21 septembre et du Sommet mondial sur le climat organisé par l'Onu le 23, avec la participation de Greta Thunberg, un nouveau rapport vient enfoncer le clou ce mardi 17 septembre. Ses conclusions sont réfrigérantes : le réchauffement climatique s'annonce plus prononcé que prévu. Et ce, désormais, quels que soient les efforts faits pour le contrer, ont averti des scientifiques français. Leurs recherches serviront de base au Giec pour ses futurs estimations. Une centaine de chercheurs et d'ingénieurs, notamment du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et de Météo France, ont participé à ces travaux qui alimenteront le rapport d'évaluation du groupe des experts de l'ONU sur le climat, prévu pour 2021-2022.

Deux modèles climatiques différents ont été produits, puis soumis à plusieurs scénarios socio-économiques. "Dans le pire des scénarios considérés, la hausse de température moyenne globale atteint 6,5 à 7 °C en 2100", estiment les scientifiques. Ce scénario est prévu dans le cas d'une croissance économique rapide, alimentée par des énergies fossiles. C'est-à-dire si l'on ne change rien à nos modes de vie, de production et de consommation.  Dans le dernier rapport du Giec sur la question, en 2014 – qui a servi de base à l'Accord de Paris – le pire scénario prévoyait une hausse de 4,8 °C par rapport à la période pré-industrielle.

Coopération internationale et changement radical et immédiat de cap politique

On peut encore espérer rester "tout juste" sous l'objectif des 2 °C de réchauffement, en dessous de l'objectif de l'Accord de Paris qui place la planète sur les objectifs de +1,5°C, voire +2°C au plus, et de zéro carbone en 2100. A condition de mettre en place urgemment une "forte coopération internationale et donnant priorité au développement durable". Ce scénario, le plus optimiste, "implique une diminution immédiate des émissions de CO2 jusqu'à atteindre la neutralité carbone à l'échelle de la planète vers 2060, ainsi qu'une captation de CO2 atmosphérique de l'ordre de 10 à 15 milliards de tonnes par an en 2100". Impossible technologiquement pour l'instant. "La température moyenne de la planète à la fin du siècle dépend donc fortement des politiques climatiques qui seront mises en œuvre dès maintenant et tout au long du XXIe siècle", insistent les experts.

"L'intensité et la fréquence des vagues de chaleur ont augmenté ces dernières décennies" et "cette tendance va se poursuivre au moins dans les deux décennies qui viennent, quel que soit le scénario considéré".

D'autres modèles établis par des scientifiques étrangers vont dans ce sens. Pour la France, le dernier exercice du genre remonte à 2012. "Comme les capacités de calcul augmentent, nous avons affiné la résolution et nous avons aussi des modèles qui représentent mieux le climat actuel", explique Olivier Boucher, directeur de recherche au CNRS. Les chercheurs ont donc mieux modélisé les conséquences du réchauffement climatique en Europe de l'Ouest, en s'intéressant notamment aux vagues de chaleur, dont on sait qu'elles sont plus fréquentes et plus intenses.

L'Accord de Paris sur le climat de 2015 prévoit de limiter le réchauffement de la planète à  +1,5°C si possible. Un objectif désormais inatteignable, si l'on en croit les modélisations des chercheurs. Sans compter que leurs calculs montrent que les engagements jusqu'à présent pris par les Etats amèneraient à une augmentation de +3 °C.

Cathy Lafon

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