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Avignon : "Outwitting the Devil", la fabuleuse fable écologique sur l'urgence climatique d'Akram Khan

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Cinquante ans après les premiers pas de l'homme sur la Lune, les Terriens sont confrontés aux démons qu'ils ont eux-mêmes lâchés sur la planète bleue, leur maison. Signe des temps, ce n'est pas vraiment le rêve spatial qui inspire les artistes, mais le double cauchemar du réchauffement climatique et de la catastrophe écologique, ici et maintenant qui investit peu à peu tous les champs artistiques : musique, cinéma, littérature... Et danse, donc, avec la dernière création du Britannique Akram Khan, "Outwitting the Devil" ("Déjouer le Diable"). Un saisissant récit théâtral dansé autour de l'apocalypse climatique, accueilli par le prestigieux festival d'Avignon, dans la Cour d'honneur du Palais des Papes jusqu'à ce dimanche. 

"J'ai toujours pensé que mon travail était consciemment apolitique (...) mais nous réfléchissons à l'avenir, à ce que nous laissons derrière nous pour nos enfants." Akram Khan, dans la note d'intention du spectacle

A l'affiche pour la première fois au festival d'Avignon, à 45 ans, le danseur-chorégraphe que les Bordelais ont eu la chance de voir à Bordeaux dans "Sacred Monsters", le duo magnifique dansé avec Sylvie Guilhem, prend un virage politique et lance un cri d'alarme pour l'environnement. Dans cette sombre et merveilleuse création sur l'urgence climatique, Akram Khan, connu pour fusionner la danse contemporaine avec le kathak indien, puise son inspiration dans la mythologie et l'épopée de Gilgamesh.

"Le premier poème environnemental au monde"

Ce récit épique de la Mésopotamie antique, complété par des tablettes récemment découvertes en Irak, est comparé par le chorégraphe au "premier poème environnemental au monde". Dans la légende, Gilgamesh, roi de la cité d'Uruk où il aurait régné vers 2650 av. J.-C., et dieu des Enfers dans la mythologie mésopotamienne, assassine Humbaba, gardien de la Forêt des cèdres du Liban. La destruction de la forêt et de ses animaux attise la colère des dieux qui punissent Gilgamesh en tuant son ami Enkidu, le confrontant à la mortalité humaine. 

En Avignon, en juillet 2019, c'est sur une terre calcinée, au son d'une musique électrisante, métallique et organique et dans un décor de fin du monde, que le vieux Gelgamesh, (Dominique Petit, fabuleux danseur âgé de 68 ans), se souvient du passé, à travers un double plus jeune, (Sam Pratt), qui lutte contre les démons qui tentent de s’approprier le jardin d'Eden, dans un cauchemar qui n'en finit pas de s'étirer. Trop tard : le meurtre et l'incendie de la forêt ont eu lieu. La vie a disparu...

Porté par six danseurs exceptionnels en état de grâce, issus de techniques et cultures diverses (bharata natyam, contemporain, classique et traditionnel, hip hop), le spectacle impressionne, profondément, et laisse sous le choc. La sombre saga écolo où se joue un combat barbare entre la nature et la civilisation, s'achève dans un grondement et une déflagration de fin du monde qui plonge le public, bouleversé, dans le noir. 

Les nombreux fans d'Akram Khan qui n'ont pas pu venir à Avignon pourront se rattraper en septembre : "Outwitting the Devil" fera l'ouverture de la saison du Théâtre de la Ville, à Paris du 11 au 20 septembre. #SaveTheDate

Cathy Lafon

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