Plage zéro déchet : le bel exemple du Porge, laboratoire grandeur nature en Gironde pour un tourisme vert et durable
A l'entrée du parking de la plage du Gressier, au Porge, un grand panneau affiche la couleur : 0% poubelle, 100% plaisir. Le 30 juin 2019. Photo Ma Planète
Les déchets sur les plages, c’est la plaie des Océans, mais aussi celle des communes du littoral : l’été, nettoyer le sable et vider les poubelles des parkings pèse très lourd dans leur budget. Il ya cinq ans, en juillet 2014, pour réduire la pollution et sa facture propreté, au lieu d’assener une taxe supplémentaire aux usagers de ses plages, le village du Porge, sur la côte atlantique girondine, lançait l’opération Plage sans poubelle. Une première dans l’Hexagone. L’idée de la commune partait d’un constat simple : plus on met de poubelles à disposition sur les plages, plus les ordures augmentent et plus les poubelles débordent. Pourquoi ne pas changer de paradigme, en s’inspirant de ce qui se pratique en montagne, et en demandant aux gens de repartir avec leurs déchets ?
Un vrai succès
« On nous avait alors un peu ri au nez ! », sourit le maire, Martial Zanetti. « Aujourd’hui, cette gestion innovante fait partie intégrante du tourisme durable et responsable, porté par l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). Mieux, elle est reprise sur l’ensemble du littoral Atlantique, dans la région et au-delà : à Hossegor, Capbreton, Vieux Boucau et Lit-et-Mixte, mais aussi sur des plages de Bretagne, de Suisse, du nord de la France et du Sud-Est, qui ont depuis retiré leurs poubelles. Avec de très bons résultats. »
Une affiche de l'opération Plage sans poubelle, Le Porge, juillet 2014. Photo archives Sud Ouest
De 27 tonnes de déchets à 0,7 tonnes
Il faut dire que Le Porge a de quoi faire des émules. Avant cette initiative, fruit d’une politique écolo ambitieuse, engagée en 2014 par l’ancien maire Jésus Veiga, décédé il y a un an, en juin 2018, « 27 tonnes de déchets étaient ramassés sur la plage. Désormais, c’est environ 700 kg ! », se réjouit son successeur. « Dans le même temps le volume des déchets collectés dans les poubelles sur les parkings est passé de 450 m3 à 300 m3 environ. Contrairement à ce que certains craignaient, il n’y a donc pas eu d’effet report, bien au contraire. La réalité, c’est que les gens repartent davantage chez eux avec leurs déchets. Voire, pour éviter de les remporter avec eux, ont changé leurs comportements pour en produire moins. »
Drive-poubelles, valorisation des mégots, grépins
Un succès qui autorise Le Porge à passer cette année à la vitesse supérieure, en supprimant les poubelles dans les parkings pour les remplacer par une batterie de drive-poubelles (photo ci-contre). Ces containers où l’on trie les déchets, accessibles en voiture sur le chemin du retour, ont été inaugurés le 17 juin dernier à l’entrée du site du Gressier. « La commune veut aussi développer l’économie circulaire, en valorisant les déchets », ajoute Martial Zanetti. « De petites bornes, installées en partenariat avec Eco-mégots, qui valorise les mégots de cigarettes, jalonnent désormais le chemin vers la plage pour y jeter les mégots. Elles seront étendues au centre-bourg. Le grépin (tapis d'aiguilles de pin), considéré jusque-là comme un déchet naturel, devient une ressource, utilisée pour pailler l'accès à la plage, au lieu de tapis en plastique. »
Pique-niques zéro déchet, éco-écoliers
Résultat d’un travail commun entre l’État, la Région, la Communauté de communes, le Département et l’Office national des forêts (ONF), en partenariat avec l’Ademe et le soutien de l’ONG Surfrider, cette politique engagée veut responsabiliser les citoyens. Ainsi, la commune encourage les comportements vertueux, en promouvant les pique-niques zéro déchet, afin d’inciter à réduire les déchets à la source. Sans oublier l’importance de la prévention. Sensibilisés dès le plus jeune âge à la lutte contre la pollution, les écoliers du Porge en deviennent acteurs.
Accès gratuit
Finalement, au Porge, la plage et son environnement sont un laboratoire grandeur nature pour un tourisme vert et durable. « Voilà aussi pourquoi nous tenons à ce que l’accès à la plage, qui accueille chaque année quelque 600.000 personnes, 30. 000 personnes sur les week-ends en saison estivale, demeure gratuit. », explique le maire. « En contrepartie nous demandons un effort aux visiteurs, afin qu’ils nous aident à préserver ce bien commun, l’un des derniers espaces de liberté, comme cela a pu être fait ailleurs sur la planète, au massif du Mont Blanc, sur la plage de Maya Bai en Thaïlande ou au Costa Rica. C’est grâce au concours de tous que nous pourrons préserver cet écrin naturel pour les générations futures. »
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