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La Montagne d'or, c'est fini : une réforme du code minier devrait intégrer les exigences écologiques

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Emmanuel Macron s'était prononcé contre le projet de la Montagne d’or, prévu au sud de Saint-Laurent-du-Maroni, en pleine forêt tropicale guyanaise. AFP

Le 6 mai, à l'issue dusommet mondial sur la biodiversitéqui avait lancé l'alarme à Paris sur l'effondrement mondial sans précédent des écosystèmes, Emmanuel Macron avait reçu les scientifique à l'Elysée. Dans son discours, le président avait notamment estimé que le projet de la Montagne d'or de mine d’or à ciel ouvert en Guyane, n'était pas compatible avec les "ambitions écologiques"

Le fin d'un mois de flou

La Montagne d'or, "cela ne se fera pas." Emmanuelle Wargon, l'a confirmé ce vendredi 31 mai : le projet très controversé par les écologistes de la mine aurifère en Guyane ne se fera pas.

La secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire vient de clarifier définitivement le flou qui persistait sur ce sujet depuis les propos du président. La polémique avait ainsi resurgi sur les plateaux de télévision, au soir des résultats des élections européennes de ce dimanche qui ont vu la percée des écologistes en France et en Europe. Prise à partie sur ce dossier sur France 2 par l'eurodéputée EE-LV Karima Delli, Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement, avait réaffirmé que le projet était  incompatible par le gouvernement avec les enjeux de protection de l'environnement et de préservation de la biodiversité. Mais sans pour autant dire clairement que la Montagne d'or ne verrait pas le jour. 

Le projet de mine Montagne d'Or en Guyane "ne se fera pas", avait également insisté ce mardi 28 mai la secrétaire d’Etat à la Transition écologique Brune Poirson, lors de la séance de questions au Sénat. Le projet est-il "définitivement enterré, oui ou non ?, lui avait demandé le sénateur communiste Fabien Gay, estimant qu’il existe un "flou" entre rejet du plan actuel ou rejet de tout plan quel qu’il soit. "Le projet de Montagne d’Or ne se fera pas, le projet est incompatible avec les exigences de protection de l’environnement, de préservation de la biodiversité, de lutte contre le changement climatique, qui sont défendues par ce gouvernement et exigées par les Français", avait répondu Brune Poirson.

Faire entrer les clauses environnementales dans le Code minier

Brune Poirson avait ajouté que le gouvernement allait également réformer en profondeur le code minier, de façon à ce qu’"il puisse prendre en compte trois conditions pour délivrer un titre minier : prise en compte des enjeux environnementaux, prise d’engagement sur les impacts sociaux et économiques du projet, et assurance du consentement des populations." "Et si d’aventure un dossier était déposé pour ce projet, il serait examiné à l’aune de nos standards environnementaux et donc à l’aune de la réforme », avait assuré la secrétaire d'Etat de François de Rugy. 

François de Rugy chargé de la réforme du Code minier

Le 29 mai, le ministre de la Transition écologique et solidaire répondait à son tour à Frédérique Tuffnel, députée LREM de Charente-Maritime, lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale: "Le projet de la Montagne d'or ne se fera pas. Je le redis devant vous, ce projet ne se fera pas". François de Rugy réaffirmait aussi la nécessité de réformer le code minier, afin d'intégrer les exigences environnementales dans tout nouveau projet d'extraction minière. Et la réforme, c'est le ministère de l'Ecologie qui la pilotera, et non celui de l'Economie et de l'industrie.  "Nous voulons que ces exigences environnementales, elles s'appliquent aujourd'hui comme demain. Qu'elles s'appliquent à ce projet comme à d'autres. Et c'est pourquoi, sur ma proposition, le Conseil de défense écologique sous la présidence du Président de la République, m'a demandé de réformer le code minier."

Le projet industriel d’extraction aurifère porté par la compagnie Montagne d’Or, une mine à ciel ouvert en pleine forêt amazonienne est porté un consortium russo-canadien, qui n’a pas encore demandé de permis d’exploitation. Ses opposants écologistes dénoncent la déforestation et les millions de tonnes de déchets générés, boues issues du processus de recueil de l’or par le cyanure. Il est donc définitivement enterré. Une bonne nouvelle pour la planète renforcée par l'annonce des changements à venir dans le code minier français.

Une "impérieuse nécessité"

Symptomatique des réticences de l'Hexagone à faire vraiment entrer l'écologie dans ses politiques, la réflexion politique sur la réforme du Code minier, quasiment inchangé depuis le XIXe siècle en dépit de quelques toilettage ne date pas d'hier. Son caractère ancien et obsolète avait été révélé par le débat sur les gaz de schiste, en 2011, comme en avait fait état le rapport d'information de la commission du Développement durable publié en 2015, sous François Hollande. "La réforme du code minier figure de longue date à l’agenda politique à défaut d’apparaître enfin à l’ordre du jour du Parlement. Son impérieuse nécessité s’est imposée à tous les partis quand la vague d’indignation provoquée par la délivrance subreptice de permis exclusifs de recherches de gaz de schiste souleva, en 2011, dans divers territoires de la nation, notamment le Larzac et le couloir rhodanien. Mais le sujet est complexe et met en jeu des intérêts tout aussi légitimes qu’antagonistes, de sorte qu’il a fallu attendre l’année 2015 pour observer le début du processus législatif.", lisait-on dans l'introduction de ce document passionnant. A suivre, donc.

Cathy Lafon

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