Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Grève mondiale des jeunes pour le climat : mais qui est Greta Thunberg ?

grève mondiale pour le climat,greta thunberg,réchauffement climatique,jeunesse,bordeaux,15 mars 2019

Greta Thunberg est proposée pour le prix Nobel de la paix - Photo AFP 

Les 17 et 18 janvier 2019, plus de 60 000 jeunes séchaient les cours pour dénoncer l'inaction des gouvernements face au réchauffement climatique en Suède, en Allemagne, en Belgique, en Suisse et en Italie. Lancé en Suède en décembre dernier par une jeune suédoise, Greta Thunberg, lors de la COP 24 en Pologne, le mouvement est devenu viral. Le  prochain rendez-vous est prévu ce vendredi 15 mars, dans 50 pays, dont la France,  et sur tous les continents. Objectif de la mobilisation des "kids" du climat : "créer ensemble une grève mondiale pour l'avenir", afin d"'interpeller les dirigeants pour les pousser à prendre des mesures à la hauteur de l’urgence climatique". Dans l'Hexagone, ce sont déjà près de 135 villes qui se mobilisent pour le climat et pour faire entendre la voix des jeunes (et des moins jeunes, invités à se joindre au mouvement), dont Bordeaux. Une première ce vendredi dans la capitale girondine. 

Mais qui est Greta Thunberg, cette jeune fille qui fait descendre depuis plus de trois mois dans les rues des milliers d’adolescents tout autour de la planète ?

« Grève pour le climat »: c'est par ces mots ultra-simples, Greta Thunberg a lancé un mouvement original qui fait tache d’huile sous les yeux d’adultes qui peuvent culpabiliser devant certaines pancartes proclamant : "Les adultes, c'est vous !". Devenue célèbre, avec ses tresses et ses joues rondes, la jeune Suédoise de 16 ans atteinte du syndrome d'Asperger, a commencé l’été dernier son action en solitaire, en s’installant tous les vendredis devant le Parlement à Stockholm pour demander aux élus de son pays d’en faire plus contre le changement climatique.

Génération climat

Quelques mois plus tard, de Sydney à Bruxelles, de Berlin à La Haye ou à Londres, en passant par Paris et désormais Bordeaux, des milliers de collégiens et lycéens répondent présent à son appel hebdomadaire à la grève pour le climat, marchant dans les rues à renfort de slogans appelant à « sauver notre avenir ». Et une dizaine de figures de jeunes qui lui ont emboîté le pas émergent autour du monde dans un mouvement internationaliste. Jamie Margolin, 16 ans, a créé aux Etats-Unis le mouvement We are Here, the Zero Hour. Anna Taylor, 17 ans, a lancée le réseau UK Student Climate Network en Grande-Bretagne. Au Pérou, Renata Flores Rivera, 17 ans, chante pour la protection de l'environnement. En Ouganda, Nakabuye Hilda Flavia, 20 ans, est la première jeune africaine à s'être lancée dans le combat contre le changement climatique, avec l'aide de l'ONG Green Campaign. Anuna de Wever, 17 ans, est l'une des figures emblématiques de la jeunesse qui se bat contre le réchauffement climatique en Belgique. Elle a fondé avec Kyra Gantois le collectif Youth for Climate dans son pays. Luisa Neubauer, 22 ans, est à l'origine du mouvement Fridays For Future en Allemagne. Rob Kajiwara, 30 ans (le "vieux" de cette génération climat), de nationalité américaine, est l'une des figures de proue du mouvement climat au Japon. Jean Hinchliffe, 14 ans, a lancé avec deux autres collégiennes en Australie la première Climate Strike qui réuni à Sidney 15 000 jeunes le 30 novembre dernier. Ridhima  Pandey, 11 ans,  (la benjamine), a déposée plainte en 2017 contre l'Etat indien pour le forcer à respecter l'accord de Paris sur le climat.

En France, Vincent Verzat, vidéaste lyonnais de 28 ans, gère la chaîne Youtube Partager c'est sympa, qui diffuse les vidéos de "L'Affaire du siècle" et d'"Il est encore temps" ( le collectif qui a lancé un site internet et recense toutes les initiatives françaises en faveur du climat).  Chris Yanuwana Pierre, 25 ans, défend la biodiversité et la diversité culturelle en Guyane. Enfin, à Bordeaux, trois lycéens sont porte-parole du mouvement : Virigile Mouquet, membre de Youth For Climate France, Mathieu Rebelleix et Anaïs Lefebvre. 

« Notre maison brûle », « je veux que vous commenciez à paniquer »

Comment Greta Thunberg a-t-elle pu inspirer un tel mouvement ? « Notre maison brûle », « je veux que vous commenciez à paniquer »… Les mots de l’adolescente charismatique « ont touché les gens au coeur parce qu’ils sont dits avec une telle intégrité », analyse Karen O’Brien, sociologue de l’université d’Oslo, spécialisée dans les questions liées au changement climatique. « Parfois, une seule personne courageuse peut être l’étincelle qui allume un feu qui attendait de prendre », analyse-t-elle. Une certaine « inaction » mondiale a aussi permis à l’adolescente de trouver un écho, selon elle, auprès des jeunes de sa génération que les adultes ont déçu. 

"Beaucoup d’entre eux réalisent qu’ils n’ont pas le choix"

« Les enfants ont écouté, regardé, et attendu. Ils en attendaient plus de nous et nous avons échoué. Je pense que beaucoup d’entre eux réalisent qu’ils n’ont pas le choix. Il est temps pour eux de montrer la voie », commente encore la sociologue devant cette génération qui va être frappée de plein fouet par les dérèglements climatiques annoncés.

 Réactions condescendantes et « paternalistes »

Mais ce mouvement « sans équivalent », porté non pas par des étudiants mais souvent par des mineurs, n'est pas du goût de certains adultes, qu'il gêne, où qu'ils jugent avec une certaine condescendance, estime de son côté Sylvain Wagnon, spécialiste en histoire de l’éducation à l’université de Montpellier.  Même s’il faudra attendre de voir l’ampleur de la « grève mondiale » du 15 mars pour voir « comment les pays vont réagir », « il y a une tendance à dire: vous rentrez à la maison, vous êtes des enfants », ajoute-t-il, décrivant des réactions « paternalistes ».

Ainsi, en Allemagne, face au succès croissant des manifestations qui rassemblent chaque semaine souvent plus de 15.000 élèves dans des dizaines de villes, des voix s’élèvent pour regretter qu’elles se déroulent pendant les heures de cours. Et lors de la première grande mobilisation au Royaume-Uni la semaine dernière, les services de la Première ministre Theresa May ont déploré que les jeunes perdent du « temps de cours ».

« Pourquoi devrions-nous étudier pour un avenir qui bientôt n’existera pas et que personne ne fait rien pour sauver ? »

Des arguments balayés par Greta Thunberg. « Les politiques, par leur inaction, ont perdu 30 ans, c’est légèrement pire », a-t-elle écrit sur Twitter. « Pourquoi devrions-nous étudier pour un avenir qui bientôt n’existera pas et que personne ne fait rien pour sauver ? », martèle-t-elle dans une vidéo appelant à rejoindre son mouvement « Fridays for future » (« Vendredis pour l’avenir »). « Nous continuerons à faire grève jusqu’à ce que nos voix soient entendues et suivies d’effet », renchérit aussi sur Twitter Holly Gilligrand, 13 ans, l'un des visages du mouvement en Ecosse.

De nombreux soutiens pour "suivre la voie montrée par ces jeunes"

Cette jeunesse a toutefois reçu de nombreux soutiens, notamment dans le monde scientifique et climatique. « C’est quelque chose de nouveau et de bien, de qualité (…) Je crois absolument que c’est un mouvement citoyen qu’il fallait », affirme Wolfgang Cramer, membre du groupe d’experts climatique du Giec. Il avait pris la défense sur Facebook de la jeune Suédoise, accusée d’être manipulée, ou moquée pour son syndrome d’Asperger. « C’est choquant que certaines personnes croient qu’on peut se débarrasser de ce genre de mouvement en ridiculisant les porteurs », souligne l’écologue allemand. Quant aux traditionnels militants pour le climat, certains y voient un espoir d’une pression plus forte sur les gouvernements, dont les engagements sont largement insuffisants pour respecter les objectifs de l’accord de Paris et limiter le réchauffement de la planète au pire à +2°C par rapport à l’ère pré-industrielle.

« Mais cet espoir dépend de la capacité de tout le monde à suivre la voie montrée par ces jeunes », commente Bill McKibben, co-fondateur de l’ONG 350.org. « Il ne suffit pas de les regarder avec admiration, parce que ces jeunes n’ont pas le pouvoir de faire que les changements se produisent. C’est au reste d’entre nous de les soutenir, et vite ».

La jeune égérie du climat a été proposée ce jeudi 14 mars pour le prix Nobel de la paix. « Nous avons proposé Greta Thunberg parce que le changement climatique, si on ne l'enraye pas, sera la principale cause des guerres, conflits et flux de réfugiés à l'avenir », a affirmé à l'AFP le député norvégien Freddy André Øvstegård. « Greta Thunberg a lancé un mouvement de masse dans lequel je vois, peut-être, la principale contribution à la paix », a-t-il fait valoir. Sur Twitter, cette très jeune fille étonnante de maturité s’est dite « honorée et très reconnaissante de cette nomination ».

 Cathy Lafon avec l'AFP

►PLUS D'INFO SUR LE MOUVEMENT CE VENDREDI 15 MARS A BORDEAUX

  • "Étant donné les catastrophes qui s’annoncent avec un climat à +4°C du vivant de notre génération, l’effondrement en cours de la biodiversité, l’échec commun des États face à la crise environnementale et aux injustices sociale", écrivent les représentants de Fridays For Future - Bordeaux pour appeler "l'ensemble de la jeunesse de Bordeaux et alentours, ainsi que toutes les personnes se sentant concernées", à manifester pour le climat ce vendredi 15 mars 2019. Des rassemblements sont prévus à partir de 8 h devant les établissements, puis de 10h30 à 11h30, place de la Victoire, de 12h à 14h, place Pey Berland, pour un pique-nique solidaire zéro déchet organisé par des parents d'élèves de primaire et maternelle. Et enfin, à partir de 14h30,  place de la Bourse Rencontres avec des ONG, prises de parole, débats entre jeunes et moins jeunes...  Contact Facebook : cliquer ICI  Pour leur écrire : 

►A LIRE 

  • Les articles de Ma Planète sur le réchauffement climatique : cliquer ICI

Les commentaires sont fermés.