Plastique dans les océans : stop, ça suffit ! Le WWF lance l'alerte
Pollution de la rivière Jukskei, à Johannesburg en Afrique du Sud. Photo AFP
Le plastique, c'est le fléau n°1 des océans. Cela fait déjà pas mal de temps qu'on le sait. Devenu un produit de consommation courante depuis les années 1960, la production de ce matériau très polluant et peu recyclé a plus que doublé depuis 2000. Le hic, c'est qu'au lieu de diminuer, sa production continue d'augmenter. Si rien n'est fait, elle devrait même augmenter de 40 % d'ici à 2030, estime un rapport publié ce mardi 5 mars par WWW France, intitulé "Plastique, à qui la faute", qui lance un vrai cri d'alarme. Car aujourd'hui, "seuls 20 % de ces déchets sont collectés pour être recyclés", rappelle l'ONG, qui note que sur les quelque 300 millions de tonnes de déchets plastiques générés chaque année, 100 millions sont largués dans la nature et vont polluer les terres ou les mers. La quantité accumulée dans l’océan pourrait donc doubler d’ici 2030 et atteindre 300 millions de tonnes...
Plastique planète
Le plastique, on le trouve partout. Dans l'estomac des oiseaux et des animaux marins, dont il met la vie en danger. Selon le WWF , "au moins un millier de tortues marines meurent chaque année des suites de l'enchevêtrement dans des déchets plastiques". Au moins 270 autres espèces d'animaux risquent être pris au piège de ces déchets flottants, et 240 de l'ingérer. Pour la première fois, des chercheurs britanniques ont même découvert des micro-résidus de cette matière, en disséquant de minuscules crevettes vivant dans les abysses, au fond d'une fosse du Pacifique. On le retrouve aussi sous forme de nanoparticules, dans l'air que nous respirons et la nourriture que nous mangeons.
Bref, le plastique nous envahit et ce, au détriment de notre santé et de celle de la biodiversité et des écosystèmes de la planète. Cette pollution a aussi des effets sur le climat : "l'océan est une pompe à CO2 qui limite le réchauffement climatique. S'il est recouvert de microparticules de plastique, l'absorption du CO2 est beaucoup moins efficace", pointe le WWF.
Alors, la faute à qui ?
Une équipe de chercheurs dirigée par Jenna Jambeck, ingénieure en environnement à l'Université de Géorgie, a analysé les rejets de déchets plastiques dans les océans du monde entier. Ils ont découvert que la Chine et l'Indonésie sont les principales sources de bouteilles, emballages, sacs et autres déchets plastiques qui polluent les océans. Selon les estimations de l'étude publiée dans le Wall Street Journal : ensemble, ces deux nations sont la source de près de 5 millions de tonnes de débris plastiques qui finissent en mer chaque année. Comme le montre le graphique Statista ci-dessous, ce sont assez naturellement des pays côtiers traversés par des fleuves majeurs (Yangtze, Nil, Amazonie, etc.) ou situés sur des îles qui drainent le plus de plastique dans les milieux marins. D'après les auteurs de l'étude, les 23 pays côtiers de l'UE rejetteraient environ autant de débris plastiques dans les milieux marins que les États-Unis.
Mais en fait, le grand responsable, explique le WWF, c'est notre système de production, d'utilisation et d'élimination du plastique, un système défaillant dans lequel aucun acteur n’est tenu pour responsable et où le coût de la pollution plastique n’est pas supporté par ceux qui tirent profit de sa production et de son utilisation. Ainsi, il est moins coûteux de rejeter les déchets dans la nature que de gérer leur fin de vie. A titre d'exemple, la France, qui fait partie des plus gros consommateurs de matières plastiques, est l’un des pires élèves européens en matière de recyclage du plastique.
Les solutions existent !
"La pollution plastique a été créée en une génération. Si chacun prend ses responsabilités, elle peut également être résolue en une génération !" Isabelle Autissier, présidente du WWF France
La bonne nouvelle, affirme le WWF, c'est qu'il existe des solutions pour lutter contre ce fléau : comme la collecte de 100% de nos déchets et le recyclage de 60% des déchets collectés. Sur ce point, les choses avancent. Dans l'Hexagone, treize entreprises ont signé en février une feuille de route sur l'économie circulaire. Elles s'engagent collectivement à atteindre 60% d'emballages plastique effectivement recyclés d'ici à 2022 et à concevoir les emballages de façon à les rendre réutilisables, recyclables ou compostables à 100% d'ici à 2022.
Par ailleurs, des produits de substitution fabriqués dans des matières recyclables existent, comme les jouets en bois, par exemple. Et nous pouvons éliminer de notre consommation courante tous les produits à usage unique en plastique (hors médicaux), que nous jetons allègrement après nous en être servi souvent une seule fois: couverts, touillettes à café, cotons-tiges, gobelets, pailles.... Pour choisir d'acheter leurs équivalents en bois ou en cartons recyclables, après avoir définitivement supprimé de notre panier ceux qui sont parfaitement inutiles.
Les citoyens ont leur rôle à jouer, mais la prise de conscience législative est aussi nécessaire. En France, les sacs plastiques sont interdits depuis le 1er juillet 2016. La vaisselle en plastique à usage unique le sera en 2020. L'Europe, qui nous tire souvent vers le haut en matière d'environnement, veut interdire d'ici à 2020 huit objets du quotidien fabriqués en plastique, ce qui est une bonne chose. Mais l'Hexagone, lui, fait de la résistance. Le Sénat a voté en janvier dernier un amendement repoussant d'un an cette date butoir, pour préserver les emplois de la filière plastique... Ce report à 2021 concerne en particulier les pailles, couverts et bâtonnets mélangeurs.
En finir avec l'addiction de notre société au plastique est indispensable. Est-ce un objectif réalisable ? En tout cas, pour y parvenir, la route sera longue.
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