Bouteilles et contenants réutilisable : l'Allemagne étend la consigne obligatoire au plastique
En Allemagne, une bouteille consignée en verre ou en plastique est réutilisée en moyenne jusqu'à 50 fois. Photo archives AFP
Contrairement à la France, dix pays d'Europe pratiquent la consigne, ce système ancestral qui permet de ne plus gaspiller le verre des bouteilles. Avec simplicité, succès et pragmatisme : quelque 140 millions d'habitants de l'Union européenne payent ainsi 10 à 25 centimes d'euro à l'achat de chaque bouteille pleine, remboursés à la restitution du contenant vide.
Avec un taux de retour plus que satisfaisant, puisqu'il dépasse les 80%, voire les 90% en Allemagne. Chez nos voisins outre-Rhin, le principe de la consigne, élargi en 2003 par le législateur à des fins écologiques, existe depuis des décennies. Et permet de diminuer de façon significative le volume global de production de déchets : une bouteille peut être, en moyenne, utilisée une cinquantaine de fois. Pour la bière, le taux de réutilisation est actuellement proche de 90 %.
Cette année, le système de consigne allemand progresse encore, afin d'atteindre un taux de 70 % pour tous les récipients recyclables. Depuis le 1er janvier 2019, tous les contenants réutilisables sont désormais consignés, y compris ceux en plastique. Entre 8 et 15 centimes, selon la contenance et le format. Pour ce faire, la loi va contraindre les grandes surfaces à consigner (25 centimes) tous les contenants à usage unique, notamment les briques de lait ou de jus de fruits, qui seront également reconnus par les scanners des machines automatiques. Les distributeurs devront organiser leur recyclage avec les fabricants.
Comment ça marche ?
Si tous les Allemands ne sont pas écolos et si la grande distribution et les industriels font de la résistance, ici comme ailleurs, le système de consigne sur les bouteilles en verre (« Mehrwegpfand ») est quasiment inscrit dans l'ADN allemand. En 1929, l’enseigne Coca-Cola fut la première à proposer dans le pays une caution sur ses bouteilles afin qu'elles soient ensuite réutilisées ! Cela fait donc des décennies que les Allemands ont ainsi l’habitude de rapporter chez leur commerçant caisses de bière, d’eau ou sodas en échange de leur consigne. Aujourd'hui, quasiment tous les supermarchés allemands sont équipés de machines dans lesquelles les clients introduisent leur bouteille : scanné, leur code-barres détermine le montant de la consigne. Une fois le bon imprimé, la somme peut être récupérée à la caisse ou déduite du montant des courses. Il est également possible de faire don de son bon à une bonne cause.
Une pratique bonne pour la planète qui marche bien : bouteilles en verre ou en plastique, consignées entre 8 et 15 centimes, peuvent être réutilisées jusqu’à 50 fois, selon le ministère de l’Environnement.
Depuis 2003, une consigne pour les canettes en alu
Pour faire face à la croissance exponentielle des canettes en aluminium, très polluantes et plus difficiles à recycler, le gouvernement a voulu élargir le système à des fins écologiques en 2003, en instaurant un second système de consigne sur les contenants à usage unique (« Einwegpfand »). Une caution obligatoire de 25 centimes pèse désormais sur ces récipients dont le volume est compris entre 0,1 litre et 3 litres, pour inciter le consommateur à les rapporter aux distributeurs. Après avoir tenté, en vain, de combattre la loi devant les tribunaux, ces derniers, désormais contraints de reprendre ces contenants, doivent également assurer un système de recyclage strict pour les différents matériaux. En conséquence, et pour baisser leurs coûts, beaucoup de distributeurs ont préféré se concentrer davantage sur la vente de produits en plastique, ce qui a entraîné la quasi-disparition des canettes en alu du circuit de distribution allemand.
En 2019, une nouvelle loi pour atteindre 70% de contenants réutilisables
Revers de la médaille : ces dernières années, la consigne sur les bouteilles en verre (« Mehrweg »), dont la logistique est chère et compliquée, n’a fait que reculer au profit de celle sur les contenants à « usage unique » (« Einweg »), passant de 66,3% en 2004 contre 44,3% en 2015. La faute aux grands distributeurs, comme Aldi ou Lidl, qui préfèrent miser sur la manne du plastique, facilement revendable pour être recyclé en autres produits. Mais qui est aussi beaucoup plus polluant à long terme que le verre. Aussi, pour tenter d’inverser la courbe, une nouvelle loi censée promouvoir le « Mehrweg » est entrée en vigueur le 1er janvier dernier, avec pour objectif d’atteindre 70% de récipients réutilisables sur le marché. Parallèlement, d’autres contenants seront consignés dans la catégorie « usage unique », comme par exemple les briques de jus ou de boissons à base de lait.
Enfin, sachez qu'en Allemagne, la consigne est devenue une source de revenus pour les nécessiteux. Ces derniers circulent en particulier dans les parcs et les quartiers touristiques de grandes-villes comme Berlin, remplissant des caddies entiers de bouteilles pour en récupérer la consigne : un développement inattendu de ce système d'économie circulaire, sociale et solidaire.
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