Pesticides : la Gironde dans le quatuor de tête des départements les plus consommateurs de glyphosate
Epandage de vignes en Gironde. Photo AFP
Quels sont les départements qui achètent le plus de glyphosate ? A l'occasion de ses "GlyphAwards", l'association Générations Futures a publié ce mardi, en partenariat avec le Parisien, un classement et des cartes détaillées des départements qui ont acheté le plus de pesticides en 2017, par type de pesticides, dont le fameux glyphosate. Et les lauréats sont : le Vaucluse, qui achète le plus de glyphosate par rapport à sa surface cultivée (1,25kg/habitant), suivi par la Réunion, deuxième (1,21), la Martinique, troisième (1,14), puis la Gironde, quatrième, (1,03) et l'Aube, cinquième (1,01).
Pour la région Nouvelle-Aquitaine, au classement national, la Charente est 12e, la Charente-Maritime 14e, le Lot-et-Garonne 20e, les Deux-Sèvres 26e, la Vienne 29e, les Landes 34e, la Dordogne 43e, les Pyrénées Atlantiques 60e, la Corrèze 80e, la Haute-Vienne 86e, la Creuse 88e.
Le classement montre également que la Lozère (99e), le Cantal (95e) et la Corse du Sud (91e) sont les départements qui ont acheté le moins de glyphosate en 2017.
Carte Générations Futures, 20 novembre 2018.
Des Glyph'Awards pour inciter à diminuer ou supprimer le glyphosate
L'association profite de la publication de ces données pour remettre les "Glyph'Awards" d'or, d'argent et de bronze ainsi que leurs accessits aux départements qui arrivent en tête du classement pour les ventes de glyphosate. Des récompenses ironiques, on s'en doute, l'objectif étant d'encourager les agriculteurs de ces départements à ne plus jamais vouloir recevoir cette "distinction" et donc à diminuer ou supprimer leur utilisation de glyphosate.
Comment a procédé l'ONG ?
Où achète-t-on le plus de pesticides ? Et lesquels ? Ces questions nous nous les posons régulièrement et nombreux sont celles et ceux qui interpellent Générations futures sur ce sujet qui a décidé d’y répondre. Comment ? En utilisant les données officielles de 2017 existantes issues de la fameuse BNVD (base de données des ventes des distributeurs) qui donnent les quantités des différents produits commerciaux pesticides vendus dans chaque département sous la forme d’une feuille Excel de plus de 700 000 lignes. De ces données, l'association a déduit les quantités de matières actives vendues dans chaque département en moulinant longuement ces informations : un très gros boulot.
"Les types de culture ont une influence"
Pour François Veillerette, le président de l'association, il y a plusieurs explications à cette utilisation intensive pour certains départements. "Les types de culture ont une influence, détaille-t-il. Dans le Vaucluse et la Gironde, il y a la viticulture par exemple. Dans les territoires ultra-marins le climat doit expliquer une utilisation élevée parce qu'avec un climat chaud et humide les herbes peuvent pousser toute l'année. En France métropolitaine c'est une combinaison à la fois du type de culture et d'habitudes professionnelles."
En guise de prix, Générations Futures va envoyer un faux bidon marqué "1er prix" au président de la Chambre d'agriculture du Vaucluse entre autres. Une récompense volontairement provocatrice précise François Veillerette. "On travaille à partir d'une base de données officielle../..., explique-t-il. Si rendre compréhensible ce type d'informations irrite un certains nombre de professionnels, je le regretterai. Le grand public a le droit d'avoir accès à ces informations."
Un plan Ecophyto II+
Le hasard (s'il existe) faisant bien les choses, le gouvernement a également lancé hier la consultation publique sur le plan Ecophyto II+, qui vise à réduire notre dépendance aux pesticides et apporter une nouvelle impulsion pour atteindre (enfin) l’objectif de réduire les usages de produits phytopharmaceutiques de 50 % d'ici 2025. François de Rugy, ministre de la Transition écologique et solidaire, Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, prévoient d'intégrer les actions prévues par le plan d’action du 25 avril 2018 sur les produits phytopharmaceutiques et une agriculture moins dépendante aux pesticides d’une part, et celles du plan de sortie du glyphosate annoncé le 22 juin 2018 d’autre part.
Le nouveau plan de réduction des pesticides se déclinerait en 5 grands axes, soumis à la consultation sur Internet : accélérer le retrait des substances les plus préoccupantes, promouvoir la reconnaissance et la diffusion des produits de biocontrôle et des préparations naturelles peu préoccupantes, accompagner les agriculteurs dans la transition, rénover la redevance pour pollutions diffuses afin de la rendre plus incitative, mobiliser et responsabiliser l’ensemble des acteurs, depuis les agriculteurs jusqu'à la grande distribution.
Encore un plan pour rien ? Force est de reconnaître qu'il y a du boulot... La France n'a toujours pas commencé à réduire l'utilisation des pesticides, comme elle s'y est engagée dans les différents plans Ecophyto lancés depuis 2009, comme le soulignait fin août Nicolas Hulot sur France Inter, en annonçant sa démission surprise du gouvernement. Au contraire. Ils ont tous échoué. L'utilisation des produits phytosanitaires pour les années 2014-2016 qui avait même progressé de 12,4% par rapport aux années 2009-2011, est repartie à la hausse l'an dernier, après une légère baisse en 2016. En 2017, le Nodu (le nombre de dose d'unités de pesticides utilisé) s'est établi à 94,2 millions en 2017, contre 93,9 millions en 2016.
- Pour consulter la carte des ventes de pesticides en France : cliquer ICI
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