Si ça vous a échappé : le récap' des bonnes (et mauvaises) nouvelles vertes de l'été. 1. Les cinq néonicotinoïdes interdits en France
Une abeille en train de butiner. Photo archives AFP
Les vacances, c'est fini ! Le problème, c'est que pendant que vous vous êtes doré la pilule en vous déconnectant de l'actualité, la planète, elle, a continué à tourner... Pas de souci. Pour vous remettre à jour de l'essentiel des nouvelles vertes de l'été, les bonnes comme les mauvaises, Ma Planète vous propose une petite séance de rattrapage. Aujourd'hui : la publication de la liste de cinq néonicotinoïdes interdits par la France, le 1er août.
C'est l'une des meilleures nouvelles de l'été 2018. Pour nos amies les abeilles, certes, mais plus généralement pour l'avenir de la biodiversité sur Terre. Et donc, restons égoïstes, celui de l'espèce humaine. Le 1er août 2018, le gouvernement a publié au Journal officiel la liste des cinq néonicotinoïdes interdits par la France. Depuis le 1er septembre, la clothianidine, l’imidaclopride, le thiaméthoxame, la thiaclopride et l’acétamipride ne peuvent plus être utilisés en France. Une mesure inscrite dans la loi biodiversité de 2016, afin de protéger les insectes pollinisateurs dont le système nerveux est attaqué par ces insecticides responsables chaque année de l'effondrement de dizaines de milliers de colonies d'abeilles en France.
Vers un élargissement des interdictions de néonicotinoïdes ?
Trois d’entre eux (clothianidine, thiaméthoxame et imidaclopride) font déjà l’objet de restrictions d’utilisation au niveau européen depuis 2013 et l’UE a décidé, en avril dernier, sous la pression notamment de la France, d’élargir cette interdiction à toutes les cultures en plein champ et non plus seulement aux cultures sous serre. Une décision qui pourrait entrer en vigueur d’ici la fin de l’année.
En France, la liste des cinq produits interdits pourra être complétée par un autre décret après l’adoption de la loi alimentation, qui prévoit l’extension du champ de l’interdiction des néonicotinoïdes aux substances chimiques ayant des modes d’action identiques, a précisé le ministère de la Transition écologique, aux manettes desquelles se trouvait encore Nicolas Hulot. La très mauvaise nouvelle de l'été étant que ce dernier a démissionné de son poste le 28 août. Mais ça, sauf si vous étiez en vacances sur la planète Mars, et encore, vous êtes déjà au courant.
« Néonicotinoïdes de nouvelle génération »
Satisfaits, on l'en doute, les agriculteurs de la Confédération paysanne et les apiculteurs veulent toutefois aller plus loin et réclament l’interdiction de ce qu’ils qualifient de « néonicotinoïdes de nouvelle génération », notamment le sulfoxaflor. En novembre dernier, la justice française a suspendu l’autorisation de mise sur le marché de deux pesticides à base de sulfoxaflor de l’américain Dow, qui lui conteste tout amalgame entre ce produit et les néonicotinoïdes.
Moins ravies, on s'en doute aussi, d'autres organisations agricoles, dont la FNSEA, ont toutefois regretté mercredi, dans un communiqué commun, la publication de ce décret, réclamant « l’adoption immédiate » de dérogations « sur certaines filières où les alternatives n’existent pas ou sont très insuffisantes ». Selon elles, un « très grand nombre de producteurs » se retrouvent « dans une impasse technique dramatique ». « Il faut aux producteurs des solutions avant toute interdiction ! Encore une fois ces décisions, non assorties de propositions de substitution, vont accentuer les distorsions de concurrence avec les producteurs européens et non européens », ont-elles dénoncé.
La loi biodiversité autorise néanmoins le ministre de l'Agriculture à accorder des dérogations à cette interdiction jusqu'en 2020, ce qu'envisage Stéphane Travert qui, on l'aura compris, n'était pas le meilleur ami de Nicolas Hulot au sein du gouvernement. Pour la France, la suite du dossier néonicotinoïdes, et donc le sort des abeilles, repose désormais entre les mains de son successeur, François de Rugy. Au niveau européen, elle se jouera dans les urnes, le 26 mai 2019, lors des prochaines élections européennes, comme tous les grands dossiers environnementaux.
►PLUS D'INFO
- Agir pour l'Environnement, l'Union Nationale de l'Apiculture Française, la Fédération Française de l'Apiculture Professionnelle et Sum Of Us ont remis au ministre de l'Agriculture 196 862 signatures de citoyens exigeant l'interdiction définitive des insecticides « tueurs d'abeilles », utilisés pour enrober des semences, désorientent et affaiblissent les abeilles et autres pollinisateurs. Selon l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf), la mortalité des abeilles a largement augmenté depuis leur introduction dans les champs au milieu des années 1990.
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