Réchauffement climatique : gros coup de chaud sur la planète
On cherchait la fraîcheur du miroir d'eau à Bordeaux, le 30 juin 2018. Photo "Sud Ouest" / Laurent Theillet
Ca chauffe de plus en plus sur la planète. Depuis la mi-juin, des records de température ont été battus dans l'hémisphère Nord selon l'Organisation météorologique mondiale (OMM) qui évoque cette année « des extrêmes de températures extrêmes et inhabituelles et de précipitations» . Les différents relevés des météorologues et les travaux scientifiques des climatologues le confirment : année après année, le mercure monte et on observe autour du monde des vagues de chaleur de plus en plus fréquentes. Et alors que 2017 avait été la deuxième année la plus chaude depuis le début des relevés officiels, ex aequo avec 2015, 2018 devrait battre de nouveaux records.
Un mois de juin chaud, chaud, chaud...
Le mois de juin 2018 a été particulièrement chaud. C'est le troisième mois de juin le plus chaud aux États-Unis en 124 ans, selon l'Administration américaine en charge des océans et de l'atmosphère (NOAA). Même topo en Europe, où un blocage anticyclonique durable sur le nord du continent a débuté en mai. Le mois de juin a ainsi été le deuxième mois le plus chaud jamais enregistré, avec des records enregistrés en Écosse, en Angleterre et en Géorgie.
Un début d'été de tous les records
En ce début d'été, la nouveauté (si on peut dire) en ce début d'été, c'est que la planète bat de nouveaux records de chaleur dans l'hémisphère nord. Le 28 juin dernier, la température minimale, la nuit, à Qurrayat, dans le sultanat d'Oman, a été de 42,6 °. L'OMM estime qu'il s'agit probablement de la plus haute température jamais enregistrée pour une valeur nocturne. Plus près de nous, à Ouargla, dans le Sahara algérien, 51 °C ont été mesurés dans la journée du 5 juillet, un record historique en Algérie. Dans la vallée de la Mort, en Californie, on a noté 52 °C le 8 juillet, au-dessous toutefois du record de 56,7 °C établi en 1913. Des alertes sont émises jusqu'au 16 juillet pour la Sibérie de l'Ouest, où la température pourrait dépasser les 30 °C pendant plus de cinq jours consécutifs. Enfin, des températures au-dessus de la moyenne sont attendues en Europe au moins jusqu'au 23 juillet.
Chaleur, pluies et orages intenses
"Même s'il n'est pas possible d'attribuer chaque événement extrême de juin et juillet au changement climatique, ils sont compatibles avec une tendance de long terme en corrélation avec une hausse des concentrations de gaz à effet de serre" écrit l'OMM. L'organisation mondiale rappelle que sur 131 études publiées de 2011 à 2016 dans le Bulletin de la société américaine de météorologie, 65 % d'entre elles ont trouvé que la probabilité d'un événement est significativement affectée par les activités humaines. Le réchauffement climatique peut donc vraisemblablement être tenu pour responsable des pluies torrentielles d'une ampleur inédite (photo AFP ci-contre) qui se sont abattues début juillet sur le Japon et qui ont fait au moins 200 morts et 60 disparus dans l'Est du pays, selon The Japan Times, et des violents orages accompagnés de pluies tropicales qui se sont succédé sur la France de la fin mai au début juillet. Dans un climat qui se réchauffe, avertissent les météorologues, il faut s'attendre à ce que les épisodes pluvieux soient plus violents. Car plus la température de l'atmosphère grimpe, plus la quantité d'eau qui peut être contenue dans l'air augmente, expliquent-ils en effet. C'est une loi de la physique bien connue : 1 °C de hausse de la température augmente en effet la quantité de vapeur d'eau de 7 % dans l'air.
Ca chauffe aussi dans l'Hexagone
Dans l'Hexagone, depuis 1900, la hausse moyenne des températures est de 1,4°C. Les étés sont de plus en plus chauds et de plus en plus longs, avec de plus en plus de pics de chaleur tardifs enregistrés, comme ces deux dernières années, fin août 2016 et 2017 et en septembre 2017. Après un mois de mars plutôt frais, précise Météo-France, le mois d'avril s'est classé au 3e rang des mois d'avril les plus chauds depuis 1900, avec un pic de chaleur précoce qui a concerné l'ensemble du pays du 18 au 22 avril. Le mois de mai a été contrasté : le quart nord-est a bénéficié d'une grande douceur alors que les températures sont souvent restées assez fraîches au sud de la Garonne. La température moyenne sur la saison de 12,8 °C a été supérieure à la normale de 1,1 °C. Au final, le premier semestre 2018 fait partie des quatre plus chauds jamais enregistrés en France depuis la fin du XIXe siècle et depuis le 1er avril, le pays est en train de battre un record absolu de chaleur pour la période, sans vague de canicule particulière.
Réchauffement climatique et activités humaines
Pour les scientifiques, cela fait longtemps qu'il n'y plus de doute possible : le réchauffement climatique est bel et bien à l'oeuvre sur la planète et les émissions des gaz à effet de serre produites par les activités humaines sont responsables de ce dérèglement et des vagues de chaleur qui s'abattent cet été sur l'hémisphère nord. Plus ça chauffe, plus les pluies sont intenses et plus les orages sont violents. Et cela ne devrait pas aller en s'améliorant. Les conclusions du Giec sont désormais bien connues : pour tenter de maintenir la hausse du mercure en dessous des limites du vivable sur Terre, il faut impérativement diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Dans le meilleur des cas, compte tenu de la tendance actuelle, celui d'une stagnation de ces émissions, on va vers une augmentation d'au moins 1°C d'ici à la fin du siècle, soit + 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle. Au cas hélas possible, toujours compte tenu de la tendance actuelle où l'humanité ne parviendrait pas à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, c'est vers une hausse moyenne des températures de + 4°C que se dirige l'humanité. Avec les conséquences catastrophiques que l'on imagine et que modélisent les scientifiques, pour l'écosystème Terre et notamment l'espèce humaine.
Une hausse du niveau des mers de 6 à 9 mètres
Au premier rang desquelles la montée du niveau des mers, due à la fonte des glaciers et des banquises des pôles, mais aussi à la dilatation de l'eau des océans. Autre loi physique bien connue que chacun peut observer en faisant cuire ses spaghettis : quand l'eau bout dans la casserole, elle se dilate. Les derniers travaux conduits par une équipe internationale de scientifiques sur ce sujet, basés sur les événements climatiques du passé, montrent qu'avec une température de +1 à + 2°C par rapport à l'ère préindustrielle, le niveau des mer pourrait s'éléver de 1 mètre d'ici à la fin du XXIe siècle et continuer de monter de plusieurs mètres par la suite, comme il y a 120 000 ans. Et ce, même si le réchauffement se stabilisait à + 2°C en 2100. Ce qui aura des conséquences catastrophiques pour les habitants des zones littorales. Plus de 150 millions de personnes, principalement en Asie, vivent dans des zones situées à moins d'un mètre de l'actuel niveau des mers. Aux Etats-Unis la montée des eaux va aussi changer le tracé de nos côtes, notamment dans des Etats comme la Floride. Mais qu'en sera-t-il, si, comme il est de plus en plus probable, le réchauffement dépasse les +2°C?
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