Zoologie : le mystère des araignées volantes enfin résolu ?
Pourquoi les araignées s'envolent-elles comme des montgolfières ? Photo AFP
"Dis maman, dis papa, pourquoi les araignées elles volent ? Pourtant elles n'ont pas d'ailes..." Voici un début de réponse qui vous permettra d'épater votre chère tête blonde, brune, rousse ou châtain dont les questions, on vous l'accorde, frisent parfois un poil le harcèlement, en lui clouant (au moins) quelques secondes le bec. Le phénomène des araignées qui volent, tombent du ciel et voyagent comme des montgolfières sur des centaines de kilomètres vient de trouver une nouvelle explication dévoilée récemment par la revue scientifique Current Biology : c'est la charge électrique naturelle de l’air qui « accrocherait » les fils de soie des arachnides et provoquerait ces voyages aériens d’araignées, observés depuis longtemps.
Le vent ?
Le fameux Charles Darwin qui, décidément, était loin d'avoir une araignée au plafond, l’avait noté lui-même dans son journal au XIXe siècle. Et ce bien avant la naissance de Spiderman, le fameux super-héros de l'univers Marvel. Pour les expliquer, dans le monde des scientifiques qui, finalement, ont su garder leur âme d'enfant, deux hypothèses tiennent la corde. Première hypothèse: les araignées tissant des fils très fins, elles étaient ensuite emportées par le vent avec ces derniers, parfois sur de très longues distances, et à des altitudes de plusieurs kilomètres. C’est ce qu’avait décrit récemment, en juin 2018, le chercheur Moonsung Cho dans la revue PLOS Biology.
Ou l'électricité statique ?
Autre hypothèse à avoir leurs faveurs : le rôle de l’électricité statique de l’atmosphère, la même qui hérisse les poils et les cheveux après qu’on frotte, par exemple, un ballon sur un pull en laine. Peut-être les fils des araignées sont-ils soulevés de la même façon, s'interrogeaient les chercheurs ? C’est ce qu’a testé en laboratoire une équipe de scientifiques de l’université Bristol, au Royaume-Uni, dont les résultats de l'étude ont été publiés le 6 juillet 2018 dans la revue Current Biology.
Des araignées astronautes
Ils ont créé une atmosphère isolée de l’air ambiant dans une boîte, sans le champ électrique présent autrement partout sur Terre. Puis ils ont créé leur propre champ électrique, qu’ils étaient capables d’allumer et d’éteindre. A l’intérieur, ils ont placé une petite araignée Erigone de quelques millimètres, une famille souvent utilisée dans l’étude des vols d’araignées. « Ce sont des astronautes fréquents, et elles volent même quand elles sont adultes », a expliqué la chercheuse Erica Morley, auteure principale de l’expérience. Ils ont ensuite observé ce que d’autres avant eux avaient constaté: l’araignée se dresse sur ses pattes, puis pointe son abdomen vers le haut… et tisse des fils… avant de s’envoler en un clin d’oeil, comme emportée par une montgolfière très rapide. Quand l’électricité ambiante s'éteint, les araignées retombent.
Les chercheurs en concluent que les forces électrostatiques suffisent à faire voler les araignées. Mais ils arguent qu’elles utilisent sans doute les deux méthodes à la fois: le vent et l’électricité statique. La recherche dans ce domaine n’en est qu’à ses débuts. Il faut mieux étudier les propriétés physiques de la très fine soie d’araignées, et réaliser des études en dehors des laboratoires. Au-delà des arthropodes, des chenilles et d’autres insectes sans ailes se dispersent par voie aérienne. Pour les mêmes raisons ? Ou pas ? A suivre...
Cathy Lafon avec l'AFP
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