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Santé : neuf personnes sur dix sur la planète respirent un air pollué, alerte l’OMS

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Des écolières indiennes couvrent leur visage pour se protéger de la pollution à New Delhi, le 8 novembre 2017.  AFP

La pollution menace tous les habitants de la planète Terre, alerte l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dans un rapport publié le mercredi 2 mai dernier. Les chiffres ont de quoi effrayer : plus de 90% de la population mondiale respire un air ambiant pollué. Un chiffre inchangé depuis la publication de son dernier rapport à ce sujet, il y a deux ans, pointe l'agence onusienne qui estime que chaque année, la pollution est responsable de sept millions de morts autour du globe. C'est plus que le sida (1,1 millions de morts) et les accidents de la route réunis (1,3 millions de morts). Et devinez quoi ? Si le phénomène n'épargne personne, ce sont les Terriens les plus défavorisés qui trinquent le plus. Qui a dit que l'écologie c'était pour les bobos ? Certainement pas l'OMS...

« Au cours des 6 dernières années, les niveaux de pollution de l’air ambiant sont restés élevés et plus ou moins stables, avec des concentrations en baisse dans certaines régions d’Europe et des Amériques. » L’OMS 

Les conclusions de l'agence onusienne s’appuient sur la qualité de l’air observée dans plus de 4 300 villes dans 108 pays (contre 3 300 villes, lors du dernier rapport, en 2016). D’après ces données, environ sept millions de personnes meurent chaque année des suites de l’exposition aux particules fines qui pénètrent profondément dans les poumons et dans le système cardiovasculaire. Cette pollution est responsable de 25% des décès dus aux accidents vasculaires cérébraux, de 24 % des décès par infarctus et de 29 % de décès par cancer du poumon. Transports, industrie, chauffage, énergie, incinération des déchets... Les causes de la pollution de l'air par les particules fines sont multiples. Y compris à l'intérieur des habitations, dans les pays pauvres : l'OMS pointe particulièrement la cuisine au feu de bois, ou encore le chauffage au fours à charbon. Mais l’activité humaine ne constitue pas la seule source de pollution de l’air susceptible d'affecter la santé humaine. Les tempêtes de sable, en particulier dans les régions situées à proximité d’un désert, ont aussi une influence sur la qualité de l’air, souligne l’OMS. 

En première ligne, les plus pauvres

« La pollution de l’air nous menace tous, mais ce sont les personnes les plus pauvres et les plus marginalisées qui portent le poids du fardeau. » Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS

Selon le rapport, plus de 90% des décès liés à la pollution se produisent dans les pays à revenus faibles ou moyens, principalement en Asie et en Afrique. Les statistiques montrent également que les lieux où les niveaux de pollution de l’air ambiant sont les plus élevés se trouvent au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Asie, où des mégalopoles comme New Delhi, en Inde, ou Pékin et Shanghaï, en Chine, atteignent des des moyennes annuelles de pollution qui dépassent souvent plus de 5 fois les limites fixées par l’OMS.  Ce sont ensuite les villes à revenu faible ou intermédiaire d’Afrique et du Pacifique occidental qui sont les plus concernées.

Prise de conscience

Une situation intolérable pour le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus. « On ne peut pas accepter que plus de 3 milliards de personnes – surtout des femmes et des enfants – continuent de respirer tous les jours des fumées mortelles émises par des fourneaux et des combustibles polluants à l’intérieur de leurs habitations », insiste-t-il. Le directeur de l'OMS salue toutefois les efforts des responsables politiques, à tous les niveaux, y compris local. En Occident, les grandes villes, de Paris à Mexico, en passant par Londres ou Stuttgart, sont de plus en plus nombreuses à vouloir réduire voire éliminer les véhicules au Diesel, particulièrement polluants.  La Chine, à l'asphyxie dans ses mégalopoles, est passée à la vitesse supérieure pour améliorer la qualité de son air, en sonnant, notamment, la fin du chauffage au charbon, et en misant à fond sur le développement des énergies renouvelables. L'Inde, qui veut aussi développer des transports en commun propres, suit la même voie. 

En France, des politiques de lutte contre la voiture pas toujours bien acceptées

En France, l'amélioration de la qualité de l'air passe beaucoup par la réduction du trafic routier. Si la prise de conscience est là, force est de reconnaître que dans l'Hexagone, sur ce point, on se hâte lentement. Par ailleurs, malheur aux dirigeants locaux un peu trop à l'avant-garde ! Piétonnisation des voies sur berges de Seine, interdiction progressive des moteurs Diesel et diminution de la présence de véhicules polluants dans la capitale, au profit des déplacements doux comme le vélo... La maire de Paris, Anne Hidalgo, compte parmi les élus locaux les plus en pointe au monde sur la lutte anti-pollution. Elle a d'ailleurs été récemment réélue à la tête du C40, un réseau mondial de 40 villes expérimentant des dispositifs pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et améliorer la qualité de l'air et donc de vie. Pourtant, ses actions dans ce domaine ne lui réussissent pas vraiment : celle qui passe pour une "militante anti-voitures", fait l'objet d'une critique nourrie de la part notamment des lobbys pro-voitures, relayée par ses opposants politiques, qui boivent du petit lait et pointent le "fiasco politique" de sa gestion environnementale. Dans un registre différent, on constate qu'à Bordeaux, Alain Juppé, maire depuis 1995, a rarement été aussi critiqué en 23 ans de mandat que pour sa politique du stationnement payant et pour sa mesure expérimentale de l'interdiction aux véhicules motorisés du pont de pierre, un axe central de la ville, au profit des vélos, transports en commun, taxis et véhicules de secours.

Comme pour l'amiante, le coup d'accélérateur final viendra peut-être des victimes elles-mêmes, qui commencent à se rebiffer. Le jour-même de la publication du rapport de l'OMS, 14 habitants de la vallée de l'Arve, en Haute-Savoie, malades à cause de la pollution de l'air, ont porté plainte contre l'Etat.

Cathy Lafon

►PLUS D'INFO

  • Pour lire le rapport de l'OMS "Neuf personnes sur 10 respirent un air pollué dans le monde" : cliquer ICI 

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  • Les articles de Ma Planète sur la pollution de l'air : cliquer ICI 

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