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Greenpeace dévoile les secrets du récif corallien de l’Amazone, au large de la Guyane française

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Après six semaines d'expédition dans les eaux brésiliennes et françaises, menée à bord de son bateau "Esperanza" avec des scientifiques brésiliens, Greenpeace a dévoilé ce vendredi 11 mai, les résultats de ses recherches sur le fameux récif corallien de l'embouchure de l'Amazone. L'ONG, qui révèle ainsi l'existence d'un récif insoupçonné au large des côtes de la Guyane, a publié les premières images de sa campagne, prises à une profondeur allant de 95 à 120 mètres, dans deux zones différentes analysées, à moins de 150 kilomètres de Cayenne.

 

esperanza greenpeace.jpgD'autres analyses des prélèvements doivent être effectuées en laboratoire, mais les vidéos ont dores et déjà permis aux chercheurs de confirmer que ces structures récifales étaient partie intégrante du Récif de l’Amazone. «Nous avons trouvé des structures récifales carbonatées dans les deux zones étudiées, et nous avons pu photographier quelques espèces de coraux et de poissons. Des analyses plus approfondies nous en diront plus sur la présence du panache de l'Amazone, des sédiments et des micro-organismes présents dans les eaux de Guyane », explique Gizele Duarte Garcia, professeure à l'Université fédérale de Rio de Janeiro, qui était à bord de l'"Esperanza".

Excellente nouvelle pour la science et la biodiversité, ces résultats constituent en revanche, une mauvaise nouvelle pour Total, explique Greenpeace. . Le récif corallien de l'Amazone fait en effet partie des concessions de la compagnie pétrolière dans la zone. Or, selon l'ONG, la compagnie pétrolière a tenté de minimiser la biodiversité exceptionnelle de la région pour réduire la menace d'une marée noire qui pourrait se produire dans les eaux brésiliennes, là où elle projette d’effectuer des forages pétroliers exploratoires, et avoir un impact sur les pays voisins.

Du grain à moudre pour Greepeace

« Nous savons que les marées noires ne s'arrêtent pas aux frontières. Nous avons maintenant la preuve de l'existence du Récif de l’Amazone dans les eaux guyanaises, mais il est d'ores et déjà menacé par les projets de Total non seulement au Brésil, mais aussi en Guyane », souligne François Chartier, chargé de campagne Océans pour Greenpeace France et présent sur l’Esperanza.  Pour l'ONG, c'est clair : le gouvernement français ne doit pas céder à la précipitation et donner un blanc-seing au projet d'exploration de Total en Guyane. Au contraire, le Brésil et la France devraient unir leurs forces pour protéger cet écosystème unique.

"L’heure est à la science, et non à l’exploration pétrolière"

"L’heure est à la science, et non à l’exploration pétrolière. L’enquête publique qui va prochainement démarrer doit être l’occasion pour les autorités françaises de prendre toutes les précautions nécessaires et de prendre en compte les résultats de la mission scientifique de Greenpeace", poursuit François Chartier. "Nous savons maintenant qu'il reste encore beaucoup à découvrir, non seulement au Brésil mais aussi en France, où la présence de ce récif est également inattendue. Cette révélation prouve qu'il est encore plus important de protéger ce biome unique contre l'exploration pétrolière", renchérit Helena Spiritus, chargée de campagne pour Greenpeace Brésil.

Du côté des scientifiques, même son de cloche. "Trouver une preuve visuelle de ces formations était une étape importante. C'était passionnant pour tous les scientifiques impliqués en pensant aux possibilités de nouvelles recherches qui pourraient être développées. Plus d'études sont nécessaires. La nature a encore beaucoup de surprises en réserve pour nous !", ajoute Gizele Duarte Garcia.  

Le récif de l'Amazone : une bataille écologique emblématique

récif amazone greenpeace 2.jpgMi-avril, déjà, les recherches de Greenpeace avaient démontré la présence d'une partie du récif de l’Amazone (d'une étendue de 56 000 km2, bien plus vaste que les 9 500 km2 décelés en 2016) au sein même de la zone où Total prévoit d’effectuer des forages pétroliers exploratoires, au large du Brésil. Quelques jours plus tard, le procureur fédéral brésilien de l'Etat d'Amapá avait formellement recommandé à l'agence environnementale brésilienne Ibama de ne pas accorder les permis de forages à la société française. Total, pas du tout sur la même longueur d'ondes, comme on peut s'en douter, avait alors répliqué par un communiqué expliquant qu'"aucune formation biogénique n'avait été identifiée dans le bloc FZA-M-57", celui où doit être creusé le puits d'exploration, à 1 800 mètres de profondeur. 

L'océan (et les coraux) font vivre la planète

Si l'enjeu économique pour la compagnie pétrolière française et pour le Brésil est de taille, l'enjeu de l'avenir du récif corallien de l'Amazone l'est tout autant pour le futur de la planète et son écosystème. Véritables pouponnières des océans et remparts naturels contre la montée des eaux, les coraux sont en effet aujourd'hui menacés de mort par les conséquences de la pollution et du réchauffement climatique, résultats des activités humaines. Avec en première ligne, l'acidification des mers. Un phénomène loin d'être anecdotique, et qui concerne l'espèce humaine tout autant que les poissons.

La dernière crise d'extinction massive, survenue il y a 65 millions d'années, à la fin du crétacé, a bien été provoquée par l'impact de la météorite de Chicxulub, qui s'est abattue sur la péninsule du Yuacatan, dans l'actuel Mexique, et qui balayé, notamment, les dinosaures de la surface de la Terre. Mais la catastrophe, en vaporisant des roches riches en soufre qui auraient produit un épais nuage de trioxyde de soufre, qui, mélangé à la vapeur d'eau de l'atmosphère aurait à son tour déclenché des pluies d'acide sulfurique à la surface de la Terre, aurait aussi provoqué une acidification de la couche supérieure des eaux océaniques. Un phénomène probablement responsable de l'extinction de nombreuses espèces animales marines, estiment les scientifiques dans une étude publiée en mars 2014 dans la revue Nature Geoscience.

Voilà pourquoi, si l'on en doutait encore, il est devenu urgent d’en apprendre davantage sur cette véritable forêt tropicale sous-marine qui abrite des milliers d’espèces, et de trouver les moyens pour mieux préserver cet environnement marin apparu il y a plus de 250 millions d’années, berceau de la vie sur Terre. Y compris humaine.

Cathy Lafon

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