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Voici venu le joli mois de mai... sauf pour les blaireaux !

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Un blaireau. Photo AFP

Amis internautes, le saviez-vous  ? Ce mardi 15 mai, la chasse ouvre dans 74 départements français...  pour le blaireau. Pas de mauvais jeu de mot à la clé, par pitié. C'est bien l'animal, et non la catégorie éponyme de vos congénères, qui fait les frais de l'incroyable ouverture de cette chasse dite "complémentaire", en pleine période de reproduction et d’élevage des jeunes. Une pratique prévue par la loi qui indigne au plus haut point l’Alliance des Opposants à la Chasse, car elle permet, selon Pierre Athanaze, président de l'Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas), à de plus en plus de chasseurs français de pratiquer "l’une des chasses les plus cruelles de toutes celles qui existent en Europe : la vénerie sous terre, ou déterrage". u

Au fait, un blaireau, c'est quoi ?

Le blaireau, reconnaissable à sa tête blanche masquée de noir, mesure quelque 80 cm et pèse jusqu'à 20 kilos. Dans son milieu naturel, ce petit carnivore se nourrit aussi de petits rongeurs, d'insectes et de végétaux. Il vit en moyenne 4 à 5 ans.

La chasse en mai, mais comment cela est-il possible ? 

Pour les néophytes (dont la très urbaine Ma Planète), sachez que, dans notre pays , le blaireau a le triste privilège d’être classé "espèce gibier avec période complémentaire". Un statut, unique en France, rappelle Pierre Athanaz, qui a été fait sur mesure pour permettre la pratique du "déterrage", nommé aussi "vénerie sous terre", alors que tous les autres modes de chasse sont fermés. "Ce statut", s'indigne-t-il, "est en fait pire que celui d’espèces nuisibles, car les pouvoirs publics n’ont pas à justifier du moindre dégât pour sacrifier des milliers de blaireaux aux chasseurs en mal de partie de chasse pendant le printemps".

"Vénerie sous terre", késaco ?

Pour pratiquer la vénerie sous terre, les chasseurs, réunis en "équipage", bouchent l’ensemble des entrées de la blaireautière afin que le(s) blaireau(x) ne puissent pas s’en échapper. Ils ne conservent qu’une seule ouverture, par laquelle ils font entrer leurs chiens de terrier pour harceler l’animal dans la galerie. Acculé, terrorisé, mordu sans cesse, le blaireau va vivre de longues heures de résistance pour lutter pour sa survie et protéger sa portée éventuelle. Guidés par les aboiements des chiens, les chasseurs creusent, jusqu’à atteindre leur cible. Selon la nature du terrain et la profondeur de la galerie, cette opération peut prendre de 3 à 10 heures. Une fois mis au jour, le blaireau, stressé et blessé, est saisi à l’aide de pinces métalliques mesurant de 1,5 à 1,8 mètre. Extirpé du terrier, il est généralement mis à mort, et sa dépouille est livrée aux chiens. Selon l'ASPAS, il arrive même que le blaireau, encore vivant, soit jeté aux chiens pour être mis en pièce. Cette pratique a un nom : la curée. Brrr ! 

Chasse "traditionnelle"

Pour les chasseurs, il s'agit d'une chasse "traditionnelle". Faux, rétorque l'ASPAS. "Si cette pratique est effectivement assez ancienne", explique Pierre Athanaze, "elle était tout-à-fait marginale, jusqu’à il y a peu". "C’est sous l’effet de quelques extrémistes de la chasse, soutenus par la Fédération Nationale des Chasseurs, que la pratique de la vénerie sous terre a pris son essor", déplore-t-il, en précisant qu'il y a aujourd’hui plus de 3 000 équipages en France, soit donc 70 à 80 000 chasseurs et 120 à 140 000 chiens. Et aucun quota pour encadrer les prélèvements de blaireaux. 

Pas une espèce protégée

En France, le blaireau est inscrit sur la liste rouge en tant qu'espèce faisant l'objet d'une préoccupation mineure et non comme espèce protégée, contrairement à l'Italie, aux Pays-Bas, à la Belgique ou au Luxembourg. Le blaireau est pourtant loin de pulluler. C’est précisément pour cette raison que dans la plupart des pays européens, Belgique, Angleterre, Irlande, Pays-Bas, Danemark, Portugal, Espagne, Italie, Grèce…, le blaireau est protégé. Les études scientifiques ont montré qu’en France, les densités de blaireaux sont de 0,1 à 4 ou 5 par kilomètre carré. En Angleterre, ses densités peuvent atteindre 10 individus au kilomètre carré sans que cela n’occasionne de dégâts à l’agriculture ou aux infrastructures. 

Voilà pourquoi, comme on peut s'y attendre, l’Alliance des Opposants à la Chasse et ses associations adhérentes, demandent que cette pratique soit interdite en France comme elle l’est dans l’ensemble de l’Europe. 

Cathy Lafon

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