Pollution : Yvan Bourgnon invente un bateau pour nettoyer les mers des déchets plastiques
Le navigateur Yvan Bourgnon. Photo archives AFP
Le navigateur aventurier et écologiste Yvan Bourgnon a décidé de s'attaquer à la pollution des océans par les plastiques qui détruisent les coraux, tuent les tortues marines et au final, nuisent à notre santé en se retrouvant dans nos assiettes. Pour combattre ce fléau majeur, le skippeur vainqueur de la Transat Jacques Vabre et fondateur de l'association The Sea Cleaners (Les Nettoyeurs de Mers), a conçu un énorme voilier, capable de nettoyer les océans en captant les gros déchets flottants (bouteilles, bassines, tuyaux, casiers de pêches...), avant qu'ils ne se désagrègent : le "Manta", dont les maquettes ont été présentées ce lundi à Paris. Une vraie bonne idée pour la planète, racontée le 7 avril dernier par "Le Parisien - Aujourd'hui en France", auquel le gladiateur des mers a expliqué sa démarche.
Comment ça marche ?
Projet lancé en 2016, le "Manta" est un gigantesque aspirateur à déchets flottant, haut de 81 mètres, large de 59 mètres et long de 70 mètres, propulsé à la voile et par un moteur hybride à l'énergie solaire et éolienne (deux éoliennes de 500 kWh et de 2000 m2 de panneaux solaires de 200 kWh). Cette véritable usine flottante de collecte de tri et de stockage est équipée de trois collecteurs situés entre les coques du navire, qui rapportent les déchets à bord. Ces derniers passent ensuite sur des tapis roulants et sont triés à la main, puis compactés en balles de 1m3. A l'arrière du bateau, deux grues peuvent sortir de l'eau les plus gros déchets. Ce super voilier peut stocker jusqu'à 250 tonnes de déchets avant de les transporter à terre pour y être recyclés et serait capable d'en récolter environ 5 000 tonnes par an.
Open data
Après les études de faisabilité, Le "Manta" n'existe encore que sur le papier, mais l'association The Sea Cleaners a déjà levé en crowdfunding avec Kiss Kiss Bank Bank, 5 millions d'euros pour sa construction. Un prototype à l'échelle 1/10 devrait être mis à l'eau l'hiver prochain. Si tout va bien, ce nouveau géant des mers pourrait sillonner les eaux à partir de 2023. Généreux et solidaire, Yvan Bourgnon veut mettre les plans de son bateau en open data, pour permettre aux Etats de le fabriquer et de le positionner aux endroits stratégiques, par exemple à l'embouchure des estuaires des dix fleuves les plus pollués au monde, par lesquels transitent 95 % des plastiques qui atterrissent dans les océans.
Au top
Avec ce bateau, même dupliqué à plusieurs exemplaires, impossible bien sûr d'espérer venir à bout des plus des 8 millions de tonnes déchets plastique jetés chaque année autour du globe et qui finissent dans les océans. Le meilleur moyen de lutter contre cette pollution reste toujours la réduction à la source de la fabrication des objets en plastique. Mais avant d'espérer limiter un jour nos déchets futurs (c'est loin d'être gagné) il nous appartient de collecter ceux qui polluent déjà aujourd'hui la mer, dans des quantités invraisemblable, absolument partout, et qui s'amoncellent dans les vortex pour former les fameux "continents de plastique". En la matière, toutes les initiatives sont bonnes à prendre. Et celle d'Yvan Bourgnon est vraiment top. A suivre !
►QUI EST YVAN BOURGNON ?
- Skipper suisse, né le 6 juillet 1971, Yvan Bourgnon a découvert l'océan avec ses parents, à l'âge de huit ans, et s'est forgé un palmarès de courses difficiles : Transat Jacques Vabre, Route du Rhum, Quebec-Saint-Malo. Avec son frère aîné Laurent Bourgnon, il a remporté la Transat en double Jacques-Vabre 1997. Détenteur de plusieurs records de vitesse, il pousse la navigation toujours à l'extrême en solitaire, sans instruments et sans assistance.
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