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Litige de l'EPR d'Olkiluoto : Areva va payer 450 millions d'euros à la Finlande

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Sur le chantier de la centrale OL 3, l'EPR d'Olkiluoto, en Finlande. Photo AFP

La construction de l'EPR d'Olkiluoto, en Finlande, fait partie de ces dossiers noirs qui plombent le nucléaire français et ont empoisonné la vie du groupe Areva, lourdement endetté, et démantelé progressivement depuis 2016. Le chantier qui accuse dix années de retard et faisait l'objet d'une procédure d'arbitrage au niveau européen, nourrissait un contentieux croisé entre le groupe nucléaire français et l'électricien TVO, son client finlandais, d'un montant de plusieurs milliards d'euros. Un accord a été trouvé ce dimanche entre les deux partie. Fin du litige : Areva SA, l'ancienne holding du groupe, va verser 450 millions d'euros d'indemnités à TVO.

Un contentieux à 6 milliards d'euros

Initialement prévue pour 2009, la construction de ce réacteur de troisième génération par le groupe français et son partenaire allemand Siemens à Olkiluoto (sud-ouest de la Finlande), est désormais programmée pour mai 2019, alors que le chantier a débuté en 2005. Areva et son client TVO qui s'imputent mutuellement ces importants retards et surcoûts, avaient porté leur différend devant un tribunal d'arbitrage de la Chambre de commerce internationale (ICC) à Londres. Le groupe français réclamait 3,4 milliards d'euros de dédommagements, et TVO 2,6 milliards.

450 millions d'euros:  un montant qui équivaut à trois ans de retard

Selon les termes de l'accord trouvé entre les deux parties, annoncé ce dimanche dans deux communiqués distincts, c'est au final Areva qui va mettre la main à la poche et verser 450 millions d'euros à la Finlande, "en compensation de sa responsabilité dans les retards subis par TVO dans la réalisation du projet". Ce montant "équivaut à un retard de trois ans, alors que le chantier a dix ans de retard", a tenu à souligner à l'AFP une source proche du dossier. L'accord entre les deux parties "permet de régler tous les litiges qui les opposaient, met au point un nouveau mode de coopération pour achever le projet", et met "un terme à l'arbitrage et à toutes les réclamations antérieures, tout en maintenant les termes essentiels du contrat d'origine", selon le communiqué d'Areva.

Un "très bon accord" qui tombe à pic...

Le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, s'est "félicité" dimanche soir "du franchissement de cette étape décisive, qui conforte l'achèvement du processus de restructuration de la filière nucléaire française".  Il est vrai que l'annonce de cet accord tombe à pic : il intervient alors que Paris et New Delhi ont affirmé samedi leur objectif de débuter "à la fin de 2018" les travaux pour la construction en Inde de la "plus grande centrale nucléaire au monde", avec six réacteurs de type EPR, un dossier en négociations depuis près d'une décennie...

... mais ne fait pas oublier une perte abyssale

Avec cet accord de règlement global, négocié par le président d'Areva Philippe Varin, et son directeur général Philippe Soulié, on peut considérer qu'Areva s'en tire plutôt très bien. Pour le groupe français, l'ardoise aurait pu être bien plus lourde... Cela ne suffit pas à faire oublier qu'au total, la perte française sur le projet finlandais de l'EPR, est abyssale. En 2003, Anne Lauvergeon, la présidente du directoire d'Areva, avait signé un contrat clés en main, de 2,2 milliards d'euros, alors que l'EPR était un prototype. Areva qui n'avait jamais construit lui-même de centrale, aura dépensé quelques 7,5 milliards d'euros. Premier responsable de la déroute d'Areva, ce contrat a entraîné la quasi-faillite et le sauvetage du groupe aux frais du contribuable français.

C’est en effet l’État français qui a payé la facture, puisqu’il a recapitalisé Areva à hauteur de 2 milliards d’euros. Depuis quelques semaines, Areva n'existe d'ailleurs plus. La partie réacteurs, désormais contrôlée par EDF, a repris le nom de Framatome. Les activités du cycle du combustible sont devenues Orano.

Tout comptes faits,  avec les dépenses de son partenaire Siemens (pour la partie conventionnelle du réacteur) et celles de TVO, la facture globale de l'EPR se monte à environ 10 milliards d'euros. Soit environ le coût probable de l'EPR que construit EDF à Flamanville, dans la Manche. Démarré en 2004, l'EPR français devait coûter 3,3 milliards d'euros et entrer en service en 2012. Il accuse également 6 ans de retard, et devrait démarrer fin 2018.  

En Finlande, les essais" à chaud" d'Olkiluoto sont en cours et le chargement du combustible est prévu cet été, pour une mise en service commerciale en 2019. Si jamais de nouveaux retards intervenaient, la note d'Areva SA serait alourdie de 20 millions d'euros à partir de 2020.  

Cathy Lafon avec  l'AFP

►PLUS D'INFO

  • Outre l’EPR finlandais, cinq autres réacteurs du même modèle sont en construction dans le monde. L’un est en France, à Flamanville (Manche), deux autres en Chine, à Taishan, et deux autres encore en Grande-Bretagne, à Hinkley Point.
  • L’EPR est un réacteur à eau sous pression de troisième génération. Conçu dans les années 1990, il se voulait plus sûr et plus puissant que ceux de deuxième génération. Il doit fournir 1 650 MW soit plus que la génération actuelle, laquelle produit 1 200 MW. Il est prévu pour fonctionner durant soixante ans quand les centrales actuelles ont été conçues pour durer quarante ans. Il est supposé beaucoup plus sûr grâce à son enceinte de confinement en béton et à la présence de quatre systèmes de refroidissement indépendants. 

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