Réchauffement climatique : au lieu de couler, l’archipel des Tuvalu dans le Pacifique s’agrandit
Funafuti, un atoll des Tuvalu. Photo archives AFP
Le changement climatique n'a pas fini de nous réserver des surprises. Et pour nous y adapter, les scientifiques sont nos meilleurs alliés. L’archipel des Tuvalu, minuscule nation du Pacifique longtemps considérée comme vouée à une disparition prochaine à cause du réchauffement climatique, car menacée de submersion par la montée des eaux, serait en fait en train d’accroître son territoire, révèle une nouvelle étude publiée sur Internet le 9 février 2018 par la revue Nature Communications. Ce qui n'empêche pas le réchauffement climatique de rester une une menace majeure pour ces îles, rappellent les scientifiques.
Les îles Tuvalu restent un paradis menacé par le changement climatique. Mais la montée du niveau de la mer ne devrait pas les rayer de la surface du globe. Photo AFP
L’Université d’Auckland a passé au crible les changements dans la géographie des neuf atolls coralliens qui constituent les Tuvalu ainsi que 101 îles entre 1971 et 2014, en se servant de photographies aériennes et d’images satellite. Durant cette période, les scientifiques ont constaté que huit atolls et les trois quarts des îles se sont agrandis. La surface terrestre s’est accrue de 2,9% alors même que le niveau de la mer montait deux fois plus que la moyenne mondiale.
Les îles changent en permanence
" Les conclusions de notre étude peuvent sembler contredire nos intuitions, vu que le niveau de la mer augmente dans la région depuis les 50 dernières années mais le changement dominant dans les Tuvalu pendant cette période, c’est l’expansion, pas l’érosion."
Pour Paul Kench, co-auteur de l’étude, celle-ci contredit l’idée que les îles de basse altitude seraient englouties par la montée des eaux due au réchauffement. "Nous avons tendance à voir les atolls du Pacifique comme des terres statiques qui seront tout simplement inondées par la hausse du niveau de la mer mais il y a de plus en plus de preuves que ces îles sont géologiquement dynamiques et en train de changer constamment", a-t-il déclaré. D'autres facteurs sont à prendre en compte, qui peuvent compenser l’érosion provoquée par la montée des eaux, comme l’orientation des vagues et les sédiments apportés pendant les tempêtes.
L'émigration des habitants n'est pas la réponse au problème, selon les scientifiques
Qu'on ne s'y trompe pas, "Le changement climatique reste toutefois une menace majeure pour ces îles", écrivent les auteurs. Selon eux, il faut toutefois repenser la réponse de ces pays au problème. Les autorités des îles du Pacifique doivent se pencher sur leur avenir à long terme plutôt que d’envisager l’émigration des habitants vers d’autres pays comme l’Australie ou la Nouvelle-Zélande, poursuivent les chercheurs. "Sur la base de cette étude, nous projetons une trajectoire notablement différente pour les Tuvalu pendant le siècle à venir que celle qui est généralement envisagée", a ajouté Paul Kench. "Nous reconnaissons que le caractère habitable d’un lieu dépend de plusieurs facteurs mais la perte de terrains ne devrait pas être la cause d’une décroissance forcée de la population des Tuvalu", conclut le chercheur.
Cathy Lafon avec l'AFP
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