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Transport et climat : la Norvège, leader mondial de la voiture électrique zéro-émission

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Des voitures électriques rechargent leurs batteries dans des espaces de stationnement gratuits réservés aux voitures hybrides ou tout électriques, à Oslo. Photo archives AFP

Le chiffre a de quoi faire rêver Nicolas Hulot, le ministre de l'Ecologie, qui a fixé à 2040 la fin de la vente des véhicules diesel et essence en France. En 2017, en Norvège, plus d'un véhicule neuf sur deux était électrique. Selon des statistiques publiées ce mercredi par le Conseil d’information sur le trafic routier (OFV) norvégien, l'an dernier, les véhicules propres ou hybrides ont représenté plus de la moitié des ventes de voitures neuves dans le royaume nordique. Une bonne nouvelle pour le climat, malgré quelques bémols. Les aides de l'Etat, coûteuses, pourraient notamment être revues à la baisse par le gouvernement. 

Objectif : 100% de véhicules zéro émission en 2025 

La Norvège qui est aussi paradoxalement le plus gros producteur de pétrole d’Europe de l’Ouest, s’est fixé l’ambitieux objectif que plus un seul véhicule thermique ne soit vendu sur son territoire à compter de 2025. Un objectif partagé par tous les partis politiques du pays et qui, vu la progression exponentielle du parc de véhicules zéro-émission, pourrait bien être atteint. En 2016, les voitures zéro émission et hybrides avaient respectivement représenté 15,7 et 24,5% des nouvelles immatriculations dans le pays nordique. En 2017, les voitures zéro émission  - tout-électrique et, pour une portion congrue, à hydrogène - ont continué leur progression, s'arrogeant une part de marché de 20,9%, et de 31,3% pour les hybrides, une catégorie qui regroupe les modèles rechargeables (18,4%) et les hybrides légers (12,9%). Des chiffres qui font de la Norvège le leader mondial de l’électrification du transport routier.

Fiscalité avantageuse, privilèges multiples et infrastructures adaptées 

Fruit d'une politique cohérente et ambitieuse en la matière, un tel succès a ses raisons. Contrairement aux voitures diesel ou essence lourdement taxées, les voitures propres  bénéficient pour l’heure en Norvège d’une fiscalité avantageuse, voire quasi inexistante dans le cas des voitures tout-électrique. Ce qui rend leur prix d’achat compétitif, à égalité avec celui de leurs équivalents thermiques. Leurs propriétaires bénéficient en outre de nombreux avantages, tels que la gratuité des péages urbains, des ferries, du stationnement sur les parkings publics, de places de parkings réservés au centre des villes où ils peuvent se garer et recharger leurs batteries également gratuitement, et enfin, la possibilité de circuler dans les couloirs de bus. Et ce n'est pas fini : Oslo, la capitale norvégienne, qui dispose déjà de 2 000 points de recharge doit doubler ce dispositif d'ici trois ans. L'infrastructure de son parking tout électrique, le Vulkan, le plus moderne du genre en Europe, est déjà prête à accueillir une nouvelle génération de "super-chargeurs", capable de recharger une batterie en cinq minutes.

Laboratoire des véhicules zéro-émission pour le reste du monde

Chouchoutée par les constructeurs automobiles, la Norvège expérimente les premiers modèles tout-électriques de marques comme Audi, Mercedes ou Jaguar. Aujourd'hui, en Norvège, l'autonomie n'est plus un problème pour la voiture électrique qui remplit toutes les fonctions d'une automobile classique et équipe aussi les familles. 135 000 véhicules électriques circulent sur les routes du pays, qui compte seulement 5 millions d'habitants. L'Association norvégienne de la voiture électrique se félicite de ces chiffres, tout en appelant à maintenir les aides publiques

Les effets de ces mesures sur le climat et leur coût pour l'Etat sont en effet contestés par certains, et les autorités prévoient de rogner progressivement certains avantages à l’avenir. L’an dernier, le gouvernement de droite a tenté de supprimer une des exemptions fiscales sur les grosses –et luxueuses– berlines électriques mais a dû finalement renoncer à cette "taxe Tesla" face à l’opposition de ses alliés de centre droit. 

Le frein de l'offre 

"L’objectif de 2025 est ambitieux", relève la puissante association norvégienne de propriétaires de voitures électriques, forte de 50 000 membres. En soulignant que, pour passer de 21% de parts de marché à 100% en sept ans, "il y a encore du chemin à faire même si ça va dans le bon sens". Selon elle, le frein à une expansion encore plus rapide du marché est aujourd'hui surtout lié à l’offre et aux capacités de production encore insuffisantes du côté des constructeurs. Car la demande des automobilistes elle, est bien là, comme en témoignent les longues listes d’attente pour la commande de nouveaux modèles.

Gare au cercle vicieux

voitures électriques couloirs bus norvège.jpgL'un des revers de la médaille, car il y en a forcément au moins un, reste l'encombrement croissant par les voitures électriques des voies réservées aux bus. Un sérieux problème, quand on sait que le développement des transports en commun reste le moyen le plus efficace pour réduire le nombre de véhicules en circulation et donc lutter contre la pollution de l'air. En 2014, les voitures électriques, dont les taxis, représentaient déjà jusqu’à 85% du trafic dans les couloirs de transport collectif aux heures de pointe (photo archives AFP, ci-contre), selon une étude réalisée par l’Administration des routes publiques du pays. La circulation des bus est désormais sérieusement perturbée par les nombreuses voitures électriques qui provoquent des bouchons, au risque de détourner les usagers de ce mode de transport collectif et de les inciter à reprendre le volant d'un véhicule particulier. Avec pour conséquence un possible cercle vicieux pour la Norvège : l'aggravation d'embouteillages qui, rajoutant à la pollution de l'air, font aussi perdre du temps à des milliers de passagers. Ce qui a également un coût pour la société.

Une voiture électrique n'est pas 100% propre

Le retour d'expérience norvégien est à méditer en France. En Norvège, l'argument climatique est devenu la caution "verte" de la relance de l'industrie automobile. Or, s'ils émettent moins de gaz à effet de serre en roulant que les véhicules à carburants fossiles, les véhicules électriques ne sont pas pour autant 100% propres et écologiques. Leur fabrication a un impact sur l'environnement, de même que la production de l'électricité, leur source de motricité, produite aujourd'hui principalement dans l'Hexagone par le nucléaire. 

Sur ce point comme sur bien d'autres, le mieux est donc l'ennemi du bien. Des véhicules électriques pour lutter contre la pollution de l'air et le réchauffement climatique : oui, mais pas que.

Cathy Lafon 

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