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Centrale nucléaire de Fessenheim : un « comité de pilotage » installé mi-janvier pour sa fermeture

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Fessenheim est la plus ancienne des centrales françaises. Photo AFP

Dix mois après la signature du décret sur la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin), on n'en sait toujours pas beaucoup plus sur les modalités d'application de cette mesure controversée. Sans parler de la question de la reconversion du site. En ce début d'année, le gouvernement d'Emmanuel Macron s'est décidé à faire un pas en avant dans l'un des dossiers les plus chauds du quinquennat. Ce jeudi 4 janvier, Sébastien Lecornu, Le secrétaire d’Etat auprès de Nicolas Hulot, le ministère de la transition écologique et solidaire, a annoncé qu’il irait le 18 janvier en Alsace pour installer un « comité de pilotage » sur la reconversion de la centrale nucléaire de Fessenheim. 

« On va enfin enclencher la procédure de concertation et de réflexion sur la reconversion du site de Fessenheim », a déclaré Sébastien Lecornu sur RTL, précisant que son déplacement dans le Haut-Rhin durerait trois jours.

Emploi et sécurité énergétique

fessenheim,sécurité,fermeture,arrêt,réacteurs  nucléaires,alsaceIl y a un peu urgence. Sauf nouveau rebondissement majeur sur le site nucléaire en construction de Flamanville (Manche) qui retarderait une fois de plus la mise en service de l'EPR, la doyenne des centrales nucléaires françaises doit en effet s'arrêter définitivement d'ici à un an, au moment où le réacteur nouvelle génération entrera en service.  Ce qu’EDF prévoit de faire entre la fin 2018 et le début 2019. Or, si elle est réclamée à cor et à cri par les écologistes et de nombreuses associations environnementales qui pointent une centrale vieillissante et potentiellement dangereuse, cette fermeture programmée est en revanche contestée par des élus régionaux et les syndicats d’EDF. Ces derniers craignent pour l’emploi et la sécurité énergétique de l’Alsace, alors que la centrale fait travailler des dizaines de sous-traitants et produit l’équivalent de 65 % de la consommation d’électricité de la région.

Dès la mi-janvier, un comité de pilotage réunissant les élus locaux, les services de l’État, EDF et les représentants des acteurs économiques va donc plancher sur les process liés à la fermeture du site et à sa reconversion industruelle, encore dans le flou, même si Sébastien Lecornu a assuré sur RTL qu'il y avait "beaucoup de pistes de travail très concrètes".

Fessenheim "vit grâce à la centrale"

Sur place, l'attente est grande. La plus vieille des centrales françaises, bien ancrée dans le paysage socio-économique local, emploie en effet directement 850 salariés d'EDF et environ 350 salariés permanents d'entreprises prestataires, sans compter nombre d'emplois indirects et induits. Le bourg de Fessenheim, 2 400 habitants "vit grâce à la centrale", rappelle son maire, Claude Brender, qui dit attendre "les compensations financières et comment recréer 2 000 emplois rapidement". Quant aux collectivités locales, elles entendent bien être compensées pour les 15 millions d'euros de recettes fiscales annuelles qui seront perdues.

Revues de détail des projets de reconversion envisagés

S'il n'y a pour l'instant rien de concret, plusieurs projets de reconversion du site ont déjà été évoquées par le passé, comme l'éventuelle installation d'une usine de voitures électriques de l'américain Tesla, un projet d'usine de batteries ou la création d'un site pilote de démantèlement de centrales. On parle aussi d'un centre de recherche, de l'installation d'une centrale à gaz dans la région, voire d'une vaste ferme solaire, domaine dans lequel EDF a récemment annoncé ses ambitions. Une chose est sûre : l'horloge biologique de la vieille dame de l'atome français tourne et le calendrier presse. La France ne peut en effet pas produire plus d'électricité nucléaire qu'elle ne le fait actuellement: l'obligation de respecter le plafond actuel est une exigence de la loi sur la transition énergétique votée en 2015.  

"C'est devenu un symbole"

Sur les 58 réacteurs que compte le parc électronucléaire français, ceux de  Fessenheim seront donc bel et bien donc les premiers à s'arrêter, selon l'engagement du président François Hollande repris par son successeur à l'Elysée, Emmanuel Macron. "C'est devenu un symbole", souligne Nicolas Goldberg du cabinet Colombus consulting. "Fessenheim a cristallisé beaucoup de choses: c'est la plus vieille, elle est à la frontière franco-allemande, il y a eu une réévaluation du risque sismique sur la zone et en plus, il y a un des réacteurs à l'arrêt depuis un petit moment", rappelle l'expert. En effet, le réacteur Fessenheim 2 est en arrêt prolongé à la suite d'une anomalie sur la virole basse d'un générateur de vapeur. Un problème lié aux irrégularités à la forge du groupe nucléaire Areva au Creusot (Saône-et-Loire).

"Manque de sécurité et de sûreté"

Autant d'arguments ressassés par les écologistes et les antinucléaires qui ont fait de la doyenne des centrales tricolores une cible prioritaire. A l'instar d'Alix Mazounie, chargée de campagne énergie à Greenpeace France, les défenseurs de l'environnement jugent qu'"il faut arrêter de tergiverser et que "la centrale de Fessenheim doit fermer.../... Son manque de sécurité et de sûreté, sa vétusté, mais aussi son faible taux de production d'électricité sont autant de critères qui rendent sa fermeture indispensable". De fait, les gouvernements des pays voisins, Allemagne et Luxembourg, ont exprimé à plusieurs reprises ces dernières années de fortes inquiétudes face au risque d'accident de Fessenheim. 

En France, le nucléaire représente quelque 75% de sa production d'électricité. Un chiffre qu'il est prévu de ramener à 50% d'ici 2025 ou 2035. Autant dire que d'autres réacteurs nucléaires vont devoir fermer dans le pays. S'ouvriront alors les longs (voire interminables) chantiers du démantèlement... Dont le coût exorbitant n'a jamais vraiment été mesuré.

Cathy Lafon avec l'AFP

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