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Comment Emmanuel Macron veut se positionner en leader national et mondial sur le climat

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Emmanuel Macron, qui a fêté avec un peu d'avance ses 40 ans samedi à Chambord, était l'invité de Laurent Delahousse, ce dimanche soir, durant 40 minutes, sur France 2. Pas de gueule de bois pour le chef de l'État qui est apparu frais et dispos dans une interview réalisée... en marchant. Mais il est vrai que l'entretien diffusé en différé à l'horaire habituel du 20 Heures, avait été enregistré à l'Élysée le mardi 12 décembre au soir, en marge du sommet dédié à la lutte contre le réchauffement climatique, le "One planet summit" qui s'était tenu à Paris.  Au menu de l'interview exclusive, réalisée à un moment opportun pour le chef de l'Etat qui fait une remontée spectaculaire et inédite dans les sondages et renoue avec la popularité huit mois après son élection : les premiers mois à l'Elysée, la Syrie, Trump, les grands sujets de société... et bien sûr l'écologie, dont on a bien compris que le néo-quadra veut faire l'un de ses dossiers phares.

Passons sur les critiques soulevées sur la forme de l'interview qui, une fois de plus, surprend et brise les codes, pour nous concentrer sur le fond. A défaut de faire de véritables annonces, par rapport à ses prédécesseurs qui ont eu trop souvent tendance à noyer le poisson, dire une chose et son contraire en reculant après avoir avancé, voire à carrément faire l'impasse sur le sujet, le président de la République a eu le mérite de réexpliquer en les clarifiant les objectifs et les grandes lignes de son action et de celle de son gouvernement en matière de protection de l'environnement. Que l'on soit d'accord ou non. Notamment sur l'énergie et le nucléaire. Revue de citations.

Energie, nucléaire et renouvelable 

«Je ne suis pas du tout un idolâtre du sujet du nucléaire (...), mais je pense qu'il faut choisir ses batailles. Ma priorité en France, à l'Europe, à l'international, c'est les émissions de CO2 et le réchauffement », s'est justifié le dirigeant. Selon lui, le problème dans la production énergétique française reste «le thermique et le charbon ». 

«Si je ferme demain une centrale nucléaire, ce n'est pas vrai que je peux la remplacer par du renouvelable«, a-t-il aussi expliqué, pointant le trop grand retard de la France dans le domaine du solaire, de l'éolien et des autres énergies renouvelables. Pour Emmanuel Macron, lutte contre le réchauffement climatique oblige, priorité donc à la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre dans la production de l'électricité et à la fermeture des centrales thermiques et de charbon : « Toutes les centrales thermiques et de charbon seront donc fermées car elles sont mauvaises pour l'environnement ».   

Fermeture des centrales nucléaires 

Voyant dans le nucléaire, l'énergie « la plus décarbonnée »  il ajoute qu'une  « centrale, elle fournit de l'électricité de manière continue toute l'année  », alors que « le renouvelable c'est une énergie intermittente ». « Si je ferme une centrale nucléaire en plus, je ne peux la remplacer par du renouvelable immédiatement. Mais nous avons trop d'énergie électrique fournie par le nucléaire [75% du mix électrique français, NDLR] avec, parfois, des problèmes de sûreté. » 

La France lancera bien sous son quinquennat les procédures de fermetures de certaines centrales nucléaires, a-t-il pourtant confirmé.  Mais toujours sans aucune précision de date : le chef de l'Etat a rappelé qu'il suspendait les décisions à l'avis de l'Autorité de sûreté nucléaire qui rendra un avis dans dix-huit mois sur l'état des centrales. « À partir de là, nous fermerons certaines centrales. Nous en moderniserons d'autres. » 

Développement des renouvelables

Le président veut aussi que la France rattrape son retard dans les énergies vertes. « En parallèle, il faut développer le renouvelable. Nous allons investir de l'argent, accélérer les appels d'offres, simplifier les procédures. Même chose en ce qui concerne la méthanisation. » a-t-il précisé. En citant le cas de l'éolien, dont  la très grande majorité des projets restent bloquée des années durant, en raison des procédures administratives.

Climat 

Côté climat, le chef de l'État a abordé un autre volet, plus politique, celui du retrait des États-Unis de l'Accord sur le climat signé à Paris. Emmanuel Macron a une nouvelle fois fustigé la démarche de Donald Trump. «Il y a une règle dans le droit international: quand on signe un accord, même si c'est son prédécesseur qui l'a signé, on doit le respecter.» Sévère à l'égard du président américain, il a ajouté: « On ne peut pas prétendre garantir l'ordre international et sortir du droit quand cela ne nous arrange plus. Donc je pense que c'est une vraie erreur.»

Nicolas Hulot

Nicolas Hulot, qui enchaîne les dossiers sensibles, n'a pas échappé aux polémiques sur l'efficacité de son action au gouvernement et sa marge réelle de manoeuvre. Chez les écologistes, nombreux sont celles et ceux qui comptent les couleuvres qu'il serait censé avaler.  Notamment sur le nucléaire. Cela n'étonnera personne, le ministre de la Transition écologique garde l'entière confiance du chef de l'État, qui précise qu'il l'a choisi parce que «C'est un inquiet» et qu'il agit. « C'est un ministre qui agit. [...] J'ai besoin de gens vivant dans le creux de leur ventre la nécessité de changer, de prendre des décisions, d'aller les expliquer et de faire. Je ne veux pas des gens assis et contents d'être ministres. »  a souligné le chef de l'Etat. « Je souhaite qu'il reste (...) Il est utile au pays (...) Ça ne peut être parfait du jour au lendemain », a ajouté le chef de l'État.

A petit pas

Emmanuel Macron en sauveur de la planète ? Ses prises de position lorsqu'il était secrétaire général adjoint de l'Elysée (2012-2014) et ministre de l'Economie (2014-2016) étaient loin d'aller dans ce sens. En rappelant dimanche soir que, loin d'être un écologiste convaincu de la première heure, il avait évolué pendant la campagne sur les questions environnementales, à l'instar finalement de beaucoup de citoyens lambda, le président est apparu comme pragmatique, ouvert et non dogmatique.

Une attitude propre à faire avancer, peut-être à petit pas, mais en tout cas concrètement, la cause de l'écologie, et qui s'est notamment traduite par l'arrivée de Nicolas Hulot au gouvernement, en juin dernier. Son premier projet de loi sur la fin de la recherche et l'exploitation des hydrocarbures en France d'ici 2040, qui préfigure l'indispensable réforme du code minier, doit être adopté définitivement par l'Assemblée nationale, ce mardi 19 décembre 2017. Et puis, tout récemment, par la méthode adoptée dans le dossier de Notre-Dame-des-Landes. Alors que les trois experts mandatés par l'exécutif sur le projet ultra-controversé de la construction d'un aéroport dans le bocage nantais, s'apprêtaient à rendre leur rapport le 14 décembre dernier, le président avait indiqué dans les colonnes du Monde du 12 décembre 2017, qu'« une décision définitive sera prise au plus tard en janvier » en précisant que les « intérêts climatiques » seraient pris en compte, avec « les aspects démocratiques et économiques ». C'est ni plus ni moins ce qu'attend le pays depuis près de... 40 ans. Un président qui place l'écologie au coeur d'une interview en prime time sur une grande chaîne du service public, c'est quand même une première. Même si on aimerait qu'il aille plus vite et plus loin, on ne va pas bouder son plaisir. 

Cathy Lafon

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