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Climat : et si le réchauffement planétaire dépassait +2°C en 2100 ?

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Imaginez 50°C à Bordeaux en 2075... Inquiétant, non ? Photo archives Sud Ouest

La COP23 s'achève à Bonn ce vendredi 17 novembre. Le sommet devait être une étape décisive pour garantir la pleine mise en oeuvre de l'Accord climat de Paris et revoir à la hausse les engagements des Etats, avec pour objectif de limiter le réchauffement global bien en dessous des 2°C par rapport à au début de l'ère industrielle. On l'a bien compris, au-delà des discours et des belles phrases, ce n'est pas gagné... 

 

D'abord, parce que la bataille des 2°C est presque perdue2017 n’est pas encore finie, mais elle devrait être l’année la plus chaude recensée en l’absence du phénomène El Nino, depuis le début des relevés officiels des températures, indiquait l'OMM dans un bilan publié le 7 novembre à Bonn, pour l'ouverture de la 23e Conférence des parties pour le climat. Au cours des 9 premiers mois de l'année, la température moyenne à la surface du globe a dépassé de 1,1°C celle de l’époque pré-industrielle, alors que la température moyenne du globe a déjà augmenté de 1°C depuis la révolution industrielle. Quant à la séquence des cinq années de 2013 à 2017, elle est bien partie pour battre tous les records de chaleur jamais enregistrés... Ensuite, parce que les émissions de gaz à effet de serre repartent cette année de plus belle à la hausse, alors qu'il aurait déjà fallu inverser leur courbe.

Climat : c'est l'alarme !  

"Au delà de + 2°C, on commencera à sortir du système de climat actuel et à + 4°C, on entrera dans un modèle inconnu. A +3°C, l'évolution du climat ne sera pas linéaire, il y aura de effets locaux et brutaux". Hervé Le Treut, COP21, décembre 2015

Il est peut-être temps de se préparer à ce que serait l'état de la planète avec + 3°C, qui est la hausse du mercure vers laquelle nous tendons, si nous ne faisons rien ou si les Etats tardent encore trop à agir.  Les perspectives de voir, à l'horizon 2100, des vignes au Danemark et en Suède, de produire du champagne en Angleterre, dans le Kent, de faire pousser des orangers en Irlande et des olivier en banlieue parisienne, de prendre des bains de soleil à Noël dans les Alpes et dans les Pyrénées en économisant sur l'escapade hivernale en Thaïlande, font figure d'aimables plaisanteries au regard de ce qui nous attend dans un futur pas si lointain. Qu'on se le dise : il y a de très bonnes raisons de s'alarmer. Vraiment.

En mai et octobre 2017, trois études internationales publiées dans Environmental Research Letters et Nature évoquaient une élévation de 2 mètres du niveau de la mer. Selon les climatologues, la montée des océans noierait les îles Fidji, mais aussi les mégalopoles du littoral américains, ou encore Lagos, Shangaï, Bombay… Et menacer une partie du littoral atlantique français.

Cet été, le sud et l’est de l’Europe ont suffoqué, accablés par une canicule d’une exceptionnelle intensité baptisée « Lucifer », avec des températures dépassant les 40°C. Selon les scientifiques,  un été aussi chaud devrait devenir la norme dans les années qui viennent, d’ici à 2050, en Italie, en Croatie ou encore en Grèce. Le climatologue Jean Jouzel prévient lui que, si rien ne change, la température estivale maximale pourrait atteindre 55°C, dans certaines villes françaises à l’horizon 2075...

Alors, imaginez des pics de chaleur à 50°C à  Bordeaux, la fonte accélérée du Groënland et des banquises arctiques et antarctique, des cyclones du calibre d'Irma balayant régulièrement les Antilles françaises, avec des vents à plus de 250 km/h, des moussons d'une violence extrême en Asie, des sécheresses monstres aux Etats-Unis, l'augmentation des incendies hors norme au Canada, en Californie, au Portugal, dans le sud de la France...

Nos démocraties en danger

Ajoutez les 200 millions de réfugiés climatiques prévus par la Banque mondiale (ils étaient 23,5 millions en 2016, selon l'ONG Oxfam) et vous verrez se dessiner, grosso modo, une esquisse du tableau du chaos qui nous attend demain (et pas après-demain) sur une planète où la sécurité alimentaire mondiale serait menacée et où les conflits armés pour les énergies fossiles, l'accès à l'eau, etc., se multiplieraient... Nos systèmes démocratiques ont du souci à se faire ! Comme l'écrit Valéry Laramée de Tannengerg dans un essai à lire de toute urgence :  « Le changement climatique : menace pour la démocratie ? », « La démocratie n’est décidément pas 4°C compatible »...

Certes, à la grande loterie du chamboule-tout climatique dont nous avons un avant-goût, la France métropolitaine est une chanceuse. Grâce à sa position géographique, l'Hexagone devrait moins souffrir que d'autres régions du globe plus pauvres et plus exposées. Il n'échappera toutefois pas aux conséquences d'un tel bouleversement. La santé des Français, l'économie du pays et son économie seront touchées. Par ailleurs, en raison de la fonte des glaces et de la dilatation des eaux, l'élévation du niveau de l'océan affectera concrètement quatre régions littorales, dont en Nouvelle-Aquitaine, la zone qui s'étend des Sables d'Olonne au Haut-Médoc. Imaginez le cordon dunaire de la côte aquitaine amputé de 40 mètres... 

Alors, au lieu de se mettre à spéculer sur l'immobilier en bord de mer (pour ceux qui en ont les moyens) ou de filer s'acheter des palmes et un tuba, si on s'y mettait vraiment ? Pour le climat, c'est la dead line. 

Cathy Lafon

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