Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Pour faire rouler les trains, Alstom passe à l'hydrogène : les dessous d'une première mondiale

train à hydrogène,alstom,climat,réchauffement climatique,lutte

Le nouveau train "Zéro émissions"d'Alstom baptisé Coradia iLint, lors de sa présentation le 20 septembre 2016 au salon Innotrans à Berlin (Allemagne).  Photo archives AFP

Alstom a mis au point le premier train au monde à pile à combustible «zéro émission ». Une innovation bonne pour la planète et pour le géant français de l’industrie ferroviaire. Explications.

En pleine Cop23, le sommet sur le climat qui se déroule à Bonn, alors que tous les signaux d’alarme du réchauffement climatiques clignotent furieusement au rouge, c'est une vraie révolution écologique pour le secteur des transports, hautement émetteur de gaz à effet de serre, qui s'annonce. Avant sa fusion avec l’Allemand Siemens, Alstom a mis au point un train régional qui roule grâce à des piles à combustible. Cette innovation technologique sans précédent, destinée à en finir avec les motrices diesel ultrapolluantes circulant sur les réseaux non-électrifiés, constitue aussi une bonne nouvelle économique pour le constructeur ferroviaire qui vient de signer un premier contrat juteux en Allemagne.

Bon pour la  planète (et les oreilles)…

« Une véritable percée dans le transport ferroviaire ainsi qu’un grand pas vers un système de mobilité propre ». Gian-Luca Erbacci, Alstom

100% écolo, le train pour voyageurs «zéro émission» d'Alstom, avait été présenté au salon Innotrans, à Berlin le 20 septembre 2016, faisant rêver plus d'un écolo. Baptisé Coradia iLint, ce train high-tech bleu pétard peut parcourir jusqu'à 1 000 kilomètres avec un plein et transporter 300 passagers en atteignant une vitesse maximale de 140 km/h. Particularité : il n’émet… que de la vapeur d'eau ! Plus étonnant encore : alors qu'il pèse comme ses homologues quelques dizaines de tonnes, le train à hydrogène roule en outre quasiment en silence... Voilà pour la performance écolo du géant français.

… et le portefeuille d’Alstom

La deuxième bonne nouvelle, annoncée par Alstom sur son site Internet le 9 novembre, c’est que le groupe vient de signer un contrat avec l’Autorité locale des transports de Basse-Saxe (Landesnahverkehrsgesellschaft Niedersachsen, LNVG) et l’entreprise de gaz industriels Linde, pour fournir 14 "Coradia iLint" au länder allemand. Conçues par les équipes allemandes d’Alstom mais aussi à Tarbes (Hautes-Pyrénées) pour les systèmes de traction, ainsi qu’à Ornans (Doubs) pour les moteurs, les rames à hydrogène seront fabriquées localement dans la grande usine allemande du groupe, à Salzgitter, en Basse-Saxe. Elles circuleront outre-Rhin dans quatre ans, à partir de décembre 2021, entre Cuxhaven, Bremerhaven, Bremervörde et Buxtehude, en remplacement des automoteurs diesel actuels.

Comment ça marche ?

Le train "vert" conçu par Alstom transporte sur son toit deux réservoirs pressurisés d'hydrogène qui sert de combustible à la pile qui fournit l’alimentation électrique au moteur du train, grâce à la réaction chimique entre l’hydrogène et l’oxygène présent dans l’air ambiant. Des batteries permettent de stocker l’électricité produite et celle générée par l’énergie cinétique du train, lors des phases de freinage. L’alimentation des réservoirs à hydrogène du train sera assurée par une station de distribution appartenant à Linde.

Combien ça coûte ?

Le contrat d’un montant de 200 millions d’euros pour 14 trains, soit un prix unitaire d’une dizaine de million d’euros (à pleine plus qu’un train au diesel), porte aussi sur l'entretien et l'alimentation en énergie du Coradia iLint pour les 30 prochaines années. Il prendra en charge l'exploitation pilote sur le réseau ferroviaire du länder au printemps 2018, avec un deuxième véhicule. La station de distribution d'hydrogène des trains qui sera bâtie à Bremervörde, nécessite un investissement de 10 millions d’euros. Elle sera financée par le gouvernement allemand qui va également apporter 8 millions d’euros à la compagnie ferroviaire régionale de Basse-Saxe. La production d’hydrogène sur place par électrolyse et au moyen d’énergie éolienne sera programmée lors d’une phase ultérieure du projet.

Un énorme marché

Selon les dirigeants de l’autorité des transports qui organise le transport régional ferroviaire en Basse-Saxe,"la technologie des piles à combustible a toutes les chances de s’imposer en Allemagne dans les 10 à 15 prochaines années". Trois autres länders allemands devraient commander en tout une soixantaine de trains propres à Alstom. Le Danemark, les Pays-Bas, l’Angleterre et la Norvège lorgnent aussi sur le Coradia iLint, pionnier dans le transport régional. « Aujourd’hui, en Europe, 48% du réseau ferroviaire est non électrifié et dépend de trains diesel qui émettent du CO2 », précise Gian-Luca Erbacci, membre du comité exécutif d’Alstom chargé de l’Europe. Au-delà de l’Allemagne, Alstom voit pour ce train avant-gardiste un potentiel énorme dans un marché visé aussi par la Chine. Son concurrent chinois, " China Railway Rolling Stock Corporation" (CRCC), a en effet effet mis en service en octobre dernier le premier tramway à hydrogène au monde dans la ville de Tanshan. Son autonomie est toutefois limitée à 40 kilomètres.

C’est justement la puissance et l’appétit du géant chinois (CRCC a mis en décembre 2016 un pied en Europe  avec l’acquisition de la partie ferroviaire du tchèque Skoda et pèse à lui seul plus que Siemens, Alstom et Bombardier réunis) qui ont conduit Alstom à accepter en septembre dernier de fusionner avec son rival allemand Siemens. Le désengagement de l'Etat français avait alors été vivement contesté par l'opposition. Ensemble, les deux leaders européens pèseront 15 milliards d’euros de chiffre d’affaires (la moitié de CRRC). Un atout pour espérer prendre le leadership mondial du transport ferroviaire à hydrogène, un secteur d'avenir.

Cathy Lafon

►LIRE AUSSI 

  • Les articles de Ma Planète sur les transports : cliquer ICI
  • Les articles de Ma Planète sur les énergies renouvelables : cliquer ICI
  • Les articles de Ma Planète sur l'hydrogène : cliquer ICI 
  • Retrouvez les initiatives vertes publiées sur Ma Planète en cliquant ICI 

Les commentaires sont fermés.