Cinéma. "Irrintzina", l'histoire du cri de la génération climat
L’"irrintzina", c’est le fameux cri ancestral avec lequel les bergers basques communiquent de colline en colline. C'est aussi le très beau titre du film documentaire réalisé en 2017 par Sandra Blondel et Pascal Hennequin, du média libre Fokus 21, au cœur d'Alternatiba, un mouvement parti du Pays basque à l’instigation de l’association Bizi !, afin d’alerter sur l’urgence climatique. Dans les salles ce mercredi, "Irrintzina", devenu le cri de la génération climat, raconte l’émergence d’une nouvelle génération de militants qui se mobilisent pour défendre le climat.
En octobre 2013, à Bayonne, au Pays basque, Alternatiba avait réuni 12 000 personnes. Photo archives Sud Ouest
Face au sentiment d'impuissance devant l'extrême gravité du changement climatique, des militants de l'organisation basque Bizi ! ont fait un pari fou : construire en quelques années une mobilisation sans précédent en vue de la Cop21 de décembre 2015 à Paris, et lancer un grand mouvement non-violent pour le climat et la planète : c'est la naissance de l'Alternatiba, à Bayonne, en octobre 2013. Avec une double idée derrière la tête : mettre en avant les alternatives de la société civile qui, partout en France, fleurissent et apportent des réponses concrètes aux enjeux climatiques, tout en organisant des actions de désobéissance civile ciblant les multinationales et les banques portant des responsabilités dans la crise climatique.
Le 5 juin 2015, le mouvement écologiste entame à Bayonne un tour de l’Hexagone à vélo de 5 600 km. Une "grande boucle verte" qui a pour objectif d’éduquer les populations aux solutions locales de lutte contre le réchauffement climatique . C'est Christiane Hessel, veuve de l’écrivain et militant altermondialiste disparu en 2013, Stéphane Hessel, parrain historique d’Alternatiba, qui donne le top départ en coupant le ruban symbolique.
De Bayonne à Paris, des centaines de cyclistes, à bord de vélos verts à trois à quatre places symbolisant la transition écologique et la solidarité, coup de pédale après coup de pédale, vont multiplier partout en France les villages des alternatives, et passeront notamment par Bordeaux. De petites victoires en grandes mobilisations contre les multinationales des énergies fossiles et les banques qui les soutiennent, le film raconte les étapes de cette mobilisation festive.
Soutenu par près de 1 250 contributeurs, avec la participation d’une vingtaine de techniciens à travers toute la France, "Irrintzina", c’est un cri d’alarme sur l'effondrement de notre monde mais c’est aussi un cri de joie poussé par des centaines de militants déterminés qui ont réalisé que si, ensemble, ils ne faisaient rien, personne ne le ferait à leur place. Après le documentaire "Demain", de Mélanie Laurent et Cyril Dion, sorti fin 2015 et qui a cartonné dans les salles et en DVD, "Irrintzina" est le nouveau film d’une génération qui ne se résigne pas, qui crée et invente un avenir désirable où bataille écologiste et sociale rime avec plaisir et joie d’être ensemble.
►PLUS D'INFO
- Le site internet d'Alternatiba Bordeaux : cliquer ICI
- Des centaines d'associations de Greenpeace à Emmaüs, en passant par Colibris, les Amap, les faucheurs volontaires... soutiennent Alternatiba, qui a pour parrains le climatologue Jean Jouzel, membre du Giec et co-Nobel de la Paix), Marie-Monique Robin (journaliste, réalisatrice et écrivaine), Hervé Kempf (journaliste et écrivain), Jean-Marie Harribey (économiste) et Simon Charbonneau (juriste en droit de l'environnement).