Biodiversité : ça va mieux pour le panda, mais pas pour son habitat...
Si le panda géant va mieux, il n'est pas pour autant tiré d'affaire. Photo AFP
La bonne nouvelle, Ma Planète s'est empressée de vous en faire part, c'est que les pandas géants sont aujourd’hui plus nombreux. La mauvaise, en revanche, c'est qu'en 30 ans, leur aire de répartition s'est considérablement amenuisée et fragmentée. Ce qui fait peser un "risque élevé" d’extinction locale pour de petits groupes isolés, indique une étude de la revue Nature Ecology & Evolution, publiée le lundi 27 septembre 2017.
De : "en danger" à "vulnérable"
En 2016, le panda est passé de la catégorie "en danger" sur la liste rouge de l’UICN à la catégorie "vulnérable". Si l'animal est toujours menacé, l'organisme international estime qu'il est désormais sur une pente positive. Selon le recensement national réalisé par la Chine de 2011 à 2014, il y avait 1 864 pandas géants dans la nature, contre 1 216 en 1988. Le hic, selon les chercheurs, c'est qu'en 2013, leur aire de répartition avait diminué de 1,7% par rapport à 1988, date à laquelle le panda était considéré comme "en danger". Or, l’évaluation de l’UICN, "basée presque exclusivement sur le nombre" de pandas, "ignore les menaces émergentes", peut-on lire dans l'étude.
De petits groupes de pandas confrontés à "un risque élevé d’extinction "
"Il y a beaucoup de bonnes nouvelles pour le panda. Sa population augmente, une beaucoup plus grande partie de son habitat est protégée", a déclaré à l’AFP l’un des auteurs, Stuart Pimm, de la Duke University à Durham (États-Unis). "Mais il y a aussi de mauvaises nouvelles: l’habitat du panda est beaucoup plus fragmenté que dans le passé et de petits espaces pourraient ne pas abriter des populations viables". Les pandas vivent dans six zones montagneuses, se répartissant en trente groupes isolés dont 18 comptent au maximum dix individus. Ces petits groupes sont confrontés à "un risque élevé d’extinction", alertent les chercheurs en pointant notamment, la déforestation à des fins commerciales, activité humaine particulièrement nocive pour la survie des pandas.
Séismes, construction des routes, réchauffement climatique...
La création de réserves naturelles à partir des années 1960 a permis de réduire "de manière significative" la perte d’habitat, soulignent-ils toutefois. Mais les menaces, nombreuses, subsistent. Il n'y a pas grand chose à faire contre la première d'entre elle : le risque sismique. Les pandas vivent dans l’une des régions de Chine les plus touchées par les tremblements de terre qui ont détruit de larges zones d’habitat. Ainsi, selon les résultats de l'étude, 71,1% des pertes d’habitat constatées entre 2001 et 2013 sont imputables au tremblement de terre survenu en 2008 dans le Sichuan.
"La densité des routes était 2,7 fois plus importante en 2013 qu’en 1976"
En revanche, l'homme a une prise directe sur les autres facteurs qui contribuent à réduire à peau de chagrin l'habitat naturel des pandas. Ainsi, la construction des routes, "un facteur important de perte d’habitat et de fragmentation". Or, constatent les auteurs, "la densité des routes était 2,7 fois plus importante en 2013 qu’en 1976". Autres menaces pour les pandas : le tourisme et surtout, bien sûur, le réchauffement climatique qui pourrait modifier la quantité et la répartition des espèces de bambous dont se nourrissent les pandas.
Si la famille panda va mieux, l'autosatisfaction n'est donc pas de mise. Les chercheurs préconisent notamment la création de "corridors" naturels , afin de connecter les populations isolées, et le développement des réserves, pour préserver et restaurer l'habitat de l'animal symbole de l'extinction de la biodiversité, devenu l'emblème iconique de la fondation WWF.
►A LIRE
- L'étude publiée le 27 septembre par la revue Nature Ecology & Evolution : Reassessing the conservation status of the giant panda using remote sensing : cliquer ICI
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