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Pollution de l'air : quel bilan 2016 en Nouvelle-Aquitaine ?

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En 2016, Bordeaux a connu 14 journées de pic de pollution, comme ici, le 7 décembre 2016. Photo Ma Planète

Ces dernières années, les grandes agglomérations de l'Hexagone sont touchées peu ou prou, par des épisodes récurrents de pollution atmosphérique. La pollution de l’air, véritable fléau pour la santé publique, est devenue l'une des préoccupations environnementales majeures des Français. Parvenir à la réduire, en améliorant la qualité de l'air que nous respirons, constitue aujourd’hui l'un des défis numéro 1 pour les responsables politiques.

Dans ce contexte, quel est le bilan en 2016 pour la Nouvelle-Aquitaine ? Quelles sont les évolutions constatées depuis dix ans ? Quels sont les principaux polluants qui posent problème ?  On fait le point avec Sylvanie Gassian, responsable de la communication d'Atmo Nouvelle-Aquitaine (1), qui vient de publier son rapport sur l'année écoulée, en donnant les grandes lignes de ses actions pour les cinq ans à venir. Contrastée, l'étude d'Atmo montre que si l'air a été meilleur en 2016 dans la région, notamment grâce à une météo favorable, il y a encore de grands progrès à faire pour réduire l'exposition chronique aux polluants, dont l'incidence sur  la santé est bien connue. Et ce, tout particulièrement en Gironde et à Bordeaux.

En progrès, oui mais...

Les habitants de la Nouvelle-Aquitaine, qui a la chance de bénéficier d'une situation géographique propice, avec un littoral largement exposé aux vents qui balaient la pollution atmosphérique, peuvent remercier le ciel. L'année 2016 a montré une poursuite de l’amélioration de la qualité de l’air, en raison, notamment, souligne Sylvanie Gassian, de conditions météorologiques favorables à une bonne qualité de l’air. 

Ce constat positif est toutefois à tempérer, précise-t-elle, principalement en raison de deux polluants dont la présence demeure préoccupante : les particules fines et ultrafines tristement célèbres (PM10, PM2,5), responsables de la quasi-totalité des épisodes de pollution, et le dioxyde d’azote (NO2) dont les teneurs peuvent dépasser, localement, les valeurs réglementaires. De plus, d'autres polluants présentent encore des niveaux s’approchant ou dépassant les seuils tels que le dioxyde de soufre (SO2), ou encore l’ozone (O3), un polluant secondaire qui n’apparaît que l’été.

Autre constat, pour la pollution, dans la région, tout le monde n'est pas logé à la même enseigne. Du fait de la diversité de ses territoires, les concentrations de polluants ne sont pas réparties de manière homogène et il peut ainsi exister des écarts importants d’exposition à la pollution (selon le polluant considéré, la typologie des sites…), note Sylvanie Gassian.  A émissions polluantes égales, telle ville nichée dans une cuvette sera plus polluée qu'une autre, installée sur le littoral Atlantique.

Un air bon à très bon 6 jours sur 7

Un motif de satisfaction pour Atmo: l'an dernier, la qualité de l’air a été bonne près de six jours sur sept (84% de l’année), avec des variations allant de 75 à 80% d’indices "bons à très bons" selon les zones. Les proportions d’indices "moyens" à "médiocres", eux, sont en diminution (16% en 2016, contre 19% à 23% de 2012 à 2015). Il en va de même des indices "mauvais" à "très mauvais", historiquement les plus faibles depuis cinq ans (0,3% en 2016, contre 0,9% à 2,2% de 2012 à 2015). Bordeaux est la plus mauvaise élève de la région, avec quatre jours  "mauvais" à "très mauvais".

13 épisodes de pollution aiguë

En 2016, la Nouvelle-Aquitaine a toutefois connu treize journées où une procédure préfectorale liée à la pollution de l’air a été déclenchée sur au moins un département. A l’exception d’un épisode lié au dioxyde de soufre sur la zone industrielle de Lacq (Pyrénees-Atantiques), tous ces épisodes de pollution sont liés aux particules en suspension (PM10). Atmo en a compté huit en hiver, avec des déclenchements de procédure d’information et de recommandations sur au moins un département. Et quatre au printemps, avec des procédures d’information et de recommandations, mais également des procédures d’alerte sur une partie des départements concernés. Par ailleurs, aucune procédure liée à l’ozone ou au dioxyde d’azote n’a été déclenchée en 2016 dans  la région. 

La Gironde est le département le plus fréquemment touché, avec huit jours d’épisode de pollution sur treize. A l’inverse, la Creuse, la Dordogne, le Lot-et-Garonne ou encore la Haute-Vienne ont échappé au problème en 2016.

L'exposition chronique pointée 

Plus que les pics de pollution, spectaculaires et largement médiatisés, selon les médecins et les autorités sanitaires, c'est l'exposition chronique qui fait peser le plus de danger à terme sur la santé humaine. Sur ce point, malgré une baisse globale des concentrations des polluants en 2016, Atmo relève que deux polluants dépassent localement les valeurs réglementaires en Nouvelle-Aquitaine : les particules fines et l’ozone (objectif de qualité). Par ailleurs, pour l’exposition aiguë,  des dépassements ponctuels du Seuil d’Information-Recommandations (SIR) sont toujours constatés pour les dioxyde d’azote et de soufre et
les particules dépassent également le Seuil d’Alerte (SAL), précise Sylvanie Gassian.

Les citadins, premières victimes

Comme partout dans le monde, ce sont surtout les habitants des grandes agglomérations de la région (Bordeaux, Limoges, Poitiers, la Rochelle, Communauté d'agglomération du Pays Basque, Grand Angoulême, Grand Périgueux…) qui trinquent, et en premier lieu les riverains des grands axes de circulation (autoroutes, voies rapides, rocades et grands boulevards) en raison de l’importance du trafic routier. A cela s’ajoutent, en hiver, les émissions liées au chauffage.  Ainsi, "année après année, les urbains souffrent d'une exposition moyenne trop élevée" par rapport aux seuils admissibles, alerte Atmo.

Un nouveau programme de surveillance

En 2017, Atmo Nouvelle-Aquitaine a engagé un nouveau programme de surveillance de la qualité de l'air pour cinq ans, définissant les actions à mener sur le territoire notamment pour préserver la santé des populations et l'environnement, tout en s'ajustant aux attentes et aux exigences réglementaires, explique Sylvanie Gassian. Le nouvel Observatoire de l'air veut s'atteler à cinq chantiers majeurs, définis dans un document stratégique décliné à partir du Plan national de surveillance de la qualité de l’air (PNSQA) : répondre aux besoins d’observation pour les polluants réglementés (particule fines...) et améliorer les connaissances sur ceux qui ne le sont pas (pesticides...), accompagner les projets au service de l’action locale, contribuer à l’identification des problèmes émergents et des attentes sociétales et enfin, animer la stratégie de communication et de diffusion des données vers le citoyen.

A l'Etat de jouer

Reste qu'il revient à l'Etat français de prendre ses responsabilités pour mettre en oeuvre les politiques nécessaires liées aux transports, à l'énergie, à l'agriculture et à l'industrie, afin de réduire efficacement les émissions des polluants qui empoisonnent l'atmosphère du pays et de préserver la santé de ses habitants et au delà, de la planète. Car l'air circule librement tout autour de la Terre, et la pollution que nous émettons et que nous ne respirons pas (ou peu) quand elle est balayée par le vent, d'autres la respirent ailleurs. Atmo, pour sa part, qui veut et doit, notamment, améliorer ses dispositifs afin de mieux connaître les polluants non réglementés, comme les pesticides, et mieux informer les populations, ne saurait en aucun cas à elle toute seule vaincre le mal à la racine.

Cathy Lafon

(1) Atmo Nouvelle-Aquitaine est l'Observatoire régional de l’air de la nouvelle grande région, né de la fusion des anciennes agences de la qualité de l'air en Aquitaine, Poitou-Charentes et Limousin.

►PLUS D'INFO

  • Le PRSQA est disponible sur le site www.atmo-nouvelleaquitaine.org .
  • Pour télécharger le bilan complet d'Atmo par département : cliquer ICI 
  • Pour télécharger les infographies d'Atmo pour la région et les départements : cliquer ICI 

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