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Eoliennes contre oiseaux : la LPO dresse un premier état des lieux

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Les éoliennes ne massacrent pas les oiseaux, confirme une étude de la LPO. Photo archives AFP

L'impact de l’éolien sur l’avifaune en France est un vieux serpent de mer, brandi régulièrement avec ardeur par le lobby anti-éolien dont on se doute bien qu'il est loin d'être motivé par le seul bien-être des petites bêtes à plumes. Le problème étant que si des suivis environnementaux ont été menés sur de nombreux parcs éoliens français entre 1997 et 2015 par des bureaux d’études et des associations naturalistes, aucune analyse globale et consolidée n’avait été réalisée jusque là, laissant le champ libre à tous les fantasmes, noyant le poisson et jetant le bébé avec l'eau du bain par la même occasion.

Ca c'était avant. Pour la première fois, la Ligue de la protection des oiseaux (LPO), qui n'a pas pour vocation de lutter contre l'énergie éolienne, mais dont le boulot consiste à exercer la plus grande vigilance pour préserver les oiseaux, présente une étude approfondie de la mortalité des oiseaux imputables aux éoliennes à l’échelle nationale, confirmant que si les éoliennes sont bien la cause de morts additionnelles d’oiseaux, on est bien loin du massacre dénoncé par les anti-éoliens. L'association présidée par Allain Bougrain-Dubourg identifie néanmoins certains facteurs d’impact et émet des recommandations pour améliorer l’intégration des parcs éoliens terrestres en réduisant leur impact sur l’avifaune. 

197 rapports

Durant un an, la LPO, dont le congrès national s'est tenu ce samedi 1er juillet à Châtelaillon-Plage (Charente-Maritime), a compilé et analysé 197 rapports de suivis réalisés sur un total de 1 065 éoliennes réparties sur 142 parcs français. L'association a ainsi récolté une masse de données importante mais a également constaté l'existence d'un certain nombre d’indicateurs limités : distribution géographique disparate, suivis parfois dé-corrélés des cycles biologiques des espèces identifiées, disparité des méthodologies mises en œuvre... Voici ses constats et ses recommandations.

La mortalité, extrêmement faible, demeure hétérogène

Premier constat : les défenseurs des oiseaux diront que c'est encore trop, mais le nombre de cas de collisions constatées, extrêmement variable d’un parc à l’autre, apparaît relativement faible au regard de l’effort de prospection mis en œuvre. Selon l'étude de la LPO, 37 839 prospections documentées ont permis de retrouver 1 102 cadavres d’oiseaux. L'estimation de la mortalité réelle (prenant notamment en compte la durée de persistance des cadavres et le taux de détection) varie selon les parcs de 0,3 à 18,3 oiseaux tués par éolienne et par an, des résultats comparables à ceux obtenus aux Etats-Unis (5,2 selon Loss et al, 2013) ou au Canada (8,2 selon Zimmerling et al., 2013).

Premières victimes : les passereaux en migration et les rapaces nicheurs 

Les migrateurs, principalement des passereaux, représentent environ 60 % des dépouilles d'oiseaux retrouvées. Les roitelets à triple bandeau et les martinets noirs, impactés principalement lors de la migration postnuptiale, sont les espèces qui tombent le plus souvent sur le champ des éoliennes françaises. Les rapaces diurnes, représentant 23 % des cadavres retrouvés – principalement pendant la période de nidification – forment le deuxième cortège d’oiseaux le plus impacté par les éoliennes.

Statut de protection et zones Natura 2000

Sur les 97 espèces retrouvées, 75 % sont officiellement protégées en France. 10,2 % des cadavres d'oiseaux appartiennent à des espèces inscrites à l’Annexe I de la Directive Oiseaux tels que le faucon crécerellette, le milan royal, le milan noir ou le busard cendré et 8,4 % appartiennent à des espèces considérées comme menacées sur la liste rouge française à l’instar du gobemouche noir, du bruant jaune, etc… La LPO constate que la mortalité directe due aux éoliennes est au moins deux fois plus importante dans les parcs situés à moins de 1 000 m des Zones de Protection Spéciale (ZPS  Natura 2000 au titre de la Directive Oiseaux) et qu'elle y affecte bien plus qu’ailleurs les espèces patrimoniales. 

Les transitions énergétiques et la biodiversité condamnées à "réussir ensemble"

En substance, afin de mieux protéger les oiseaux sans interdire les éoliennes de résidence en France, la LPO préconise un certain nombre de recommandations, au premier rang desquelles, élaborer sans plus tarder "un protocole de suivi robuste applicable à tous les parcs éoliens, afin de conforter dans le temps le suivi de l’impact des parcs en fonctionnement". Mais aussi, "mieux prendre en compte les migrateurs nocturnes" lors du développement des projets éoliens, préserver les espaces vitaux des rapaces diurnes, premières victimes des éoliennes au regard de leurs effectifs de population et enfin, "rejeter l’implantation d’éoliennes à l’intérieur et à proximité des zones Natura 2000". La LPO  ajoute qu'"elle sera particulièrement vigilante sur les projets de simplification des autorisations préalables annoncés par le nouveau gouvernement, en particulier s'agissant du renouvellement des parcs les plus anciens", mis en service avant 2004 et qui sont plus souvent que les autres situés dans des espaces naturels et à proximité des zones Natura 2000. 

Nos sociétés ont besoin d'énergie, et d'une énergie propre et non polluante, pour lutter contre le réchauffement climatique. Et, en la matière, pour préserver son avenir et celui de la nature sur la planète, l'humanité est aujourd'hui placée devant des choix fondamentaux. S'il faut tout mettre en oeuvre pour la réduire, la mortalité des éoliennes sur les oiseaux n'est rien au regard de la mortalité engendrée sur l'avifaune et la faune et de la flore en général, en cas de marée noire ou d'un accident nucléaire qui polluerait des territoires entiers pour des siècles (sans parler des victimes humaines). Toutefois, l’acquisition de connaissances spécifiques est nécessaire à l’amélioration de l’intégration environnementale des parcs éoliens. Une position que résume parfaitement Allain Bougrain Dubourg : «  les transitions énergétiques ne peuvent s'exonérer de la prise en compte de la biodiversité, les unes et les autres sont condamnées à réussir ensemble ».

Cathy Lafon

►A LIRE 

  • Le parc éolien français et ses impacts sur l’avifaune, étude des suivis de mortalité réalisés en France de 1997 à 2015 : cliquer ICI   Les autres impacts potentiels de l’éolien sur la biodiversité ne sont pas pris en compte dans cette étude  (dérangement des oiseaux et impacts sur les chiroptères) exclusivement consacrée aux oiseaux.
  • Impacts des éoliennes sur les oiseaux : diverses études internationales ont montré que les parcs éoliens peuvent perturber l’avifaune : cliquer ICI

►LIRE AUSSI

  • Les articles de Ma Planète sur les énergies renouvelables : cliquer ICI
  • Les articles de Ma Planète sur la LPO : cliquer ICI
  • Les articles de Ma Planète sur les oiseaux : cliquer ICI 

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