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Trump sort de l'Accord du climat de Paris : faut-il vraiment s'inquiéter pour la planète ?

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En sortant de l'Accord sur le climat, Donald Trump tourne le dos au monde. AFP

Dénoncer l’Accord de Paris était une des promesses de campagne iconoclastes de Donald Trump le climatosceptique. Le président américain qui jouait le suspense depuis son élection avait annoncé sur Twitter qu'il annoncerait sa décision le 1er juin à 21 heures (heure française). C'est désormais chose faite. Et comme on pouvait s'y attendre, il a, hélas, choisi de retirer son pays de l'Accord international sur le climat, suscitant un véritable tollé international. Une décision catastrophique et irresponsable sur une question environnementale fondamentale, liée à la survie de l'Humanité, mais peut-être finalement plus pour les Etats-Unis eux-mêmes que pour la planète. L'Accord de Paris, loin d'être mort, pourrait en être revitalisé. Explications.

Si le deuxième pays émetteur mondial, derrière la Chine, des gaz à effet de serre qui atterrissent dans l'atmosphère terrestre (plus de 16 % des émissions de CO2 de la planète) lâche l'affaire, l'objectif fixé par l’accord de contenir en dessous de 2°C le réchauffement climatique, devient encore plus difficile à atteindre. D'autant que l'on est déjà en dehors des clous, la planète étant lancée sur la trajectoire des +3°C. Pour espérer ne pas dépasser les fameux +2°C fatidiques, les objectifs de réduction des émissions devraient donc dores et déjà être revus à la hausse.

Un seul pays sort de l'Accord du climat, 194 y restent

"On est très loin d’avoir un bloc américain qui sortirait de l’accord.” Pascal Canfin, directeur général du WWF France, sur Europe 1

Soit. Mais on peut aussi relativiser l'inquiétude et le poids réel de la décision de la Maison-Blanche. D'abord, il n'y aura pas d'effet domino mondial, les autres membres du G7 ont réaffirmé lors du dernier sommet, à Taormina (Sicile) leur volonté de continuer la lutte contre le réchauffement climatique. Ensuite, la Chine et l'Europe s'apprêtent à signer un traité commun allant avec encore plus d'ambition dans le même sens.

Un contresens économique

La transition écologique et énergétique constitue un énorme levier pour une économie mondiale en panne de croissance. Si Trump, le chantre du charbon et du pétrole ne l'a pas compris, les grandes, moyennes et petites puissances du monde elles, ont reçu le message 5 sur 5. Un certain nombre d'Etats américains, comme la Californie, et de grandes mégalopoles, à l'instar de New York et Pittsburgh, tous déjà très avancés dans la lutte contre le changement climatique et fourmillant de projets allant dans le bon sens, ont annoncé qu’ils refuseraient d’obéir et  de renoncer à leurs engagements. C'est l'avantage d'un Etat fédéral : si la Maison-Blanche quitte l'Accord de Paris, ce n'est pas l'ensemble des Etats-Unis qui tourne le dos au monde...

Une décision qui ne prendra pas effet avant 4 ans

Même son de cloche du côté des universités du pays, vent debout contre Donald Trump, et de l'industrie américaine, déjà bien engagée dans la voie juteuse d'une économie décarbonée. De nombreux grands groupes américains, inquiets des conséquences de la sortie de l'Accord de Paris, dont ExxonMobil, la plus grande société pétrolière américaine, mais aussi Tesla, Eurodisney ou encore la banque Goldman Sachs, ne sont pas dupes sur les intérêts économiques pour leur pays du fumeux "retour au charbon" prôné par Trump. Ils s'étaient déjà prononcés en faveur de l’Accord de Paris et contre la décision du président américain.  “L’échec dans la mise en place d’une économie décarbonée met en danger la prospérité américaine. Mais bien agir maintenant permettrait de créer des emploi et de renforcer la compétitivité des États-Unis”, ont ainsi alerté plus de 1 000 entreprises américaines dans une lettre ouverte au président américian. Et puis, le "climatexit" de Trump ne sera pas opérationnel du jour au lendemain. Techniquement, les Etats-Unis ne "sortiront" pas de l'Accord sur le climat avant quatre ans, le lendemain de la prochaine élection présidentielle.

La Chine, l'Europe, la France, l'Allemagne... tous prêts à reprendre le leadership

On est d'accord : pour l'avenir de la planète, on la jouerait plus tranquille avec des Etats-Unis engagés du bon côté. Certes. Mais le choix de l'isolement de Trump pour son pays, aussi stupide scientifiquement et économiquement que moralement condamnable, l'écarte surtout du terrain de jeu mondial du nouveau modèle économique vert qui va participer à la solution à la crise climatique, et dont l'essor est déjà largement amorcé tout autour de la planète. Y compris, paradoxalement, au pays de Trump. Ce sont donc avant tout les Etats-Unis eux-même qui s'auto-pénalisent, en terme de création d'emplois et de conquête industrielle et de rayonnement. Les autres grandes puissances feront tout simplement sans l'oncle Sam, qui pourrait du coup perdre son influence politique et son rôle de leader économique mondial, déjà bien amoindris. La Russie, comme l'Inde, ont  réaffirmé leur engagement, comme la Chine. Lancée dans une course effrénée à la transition écologique et énergétique, le pays le plus pollué et le plus pollueur au monde, dépasse aujourd'hui largement ses objectifs de réduction de ses émissions. Rien n'arrêtera plus l'Empire du milieu, qui a fait son aggiornamento vert et se tient prêt à reprendre le flambeau de la lutte mondiale contre le réchauffement climatique. Quant à l'Europe, à l'avant-garde de l'offensive internationale sur le climat, elle fait désormais figure de continent d'avenir, juge Emmanuel Macron, le président français.

"Make our planet great again !"

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Dès le jeudi 1er juin au soir, Emmanuel Macron a condamné la décision de Donald Trump dans un premier grand discours à portée internationale qui restera dans les annales de la cause de l'écologie. Le président a dénoncé, en français et en anglais (une première à l'Elysée), une "erreur pour l'avenir de son pays" et "une faute pour l'avenir de la planète", en appelant les scientifiques, les acteurs associatifs et économiques américains qui refusent la décision de Trump de à se réfugier en France, leur "seconde patrie". Au passage, Macron en a profité pour écarter l'appel à une renégociation du texte lancé par le président américain : "Pour le climat, il n'y a pas de plan B, car il n'y a pas de planète B", a-t-il martelé en substance, en concluant "Make or planet great again !". Judicieuse paraphrase  du slogan de campagne Donald Trump "Make America great again !".

Un électrochoc pour mettre la barre plus haut

C'est "une forme d'injure à l'avenir", a dénoncé pour sa part ce matin Nicolas Hulot sur les ondes de France Inter, dénonçant "un contresens de l'histoire". Indigné et en colère pour l'offense et la gifle faite aux millions d'hommes et de femmes déjà victimes des conséquences du changement climatique, le ministre de la Transition écologique et solidaire est toutefois loin d'être abattu. Pour lui, le retrait de la Maison-Blanche qui signe un "ultime sursaut d'un monde en train de s'effondrer et qui ne l'a pas encore réalisé", aura surtout valeur d'électrochoc et créera autour du monde plus d'ambition et de détermination pour mettre la barre plus haut, afin de préserver un avenir vivable à l'humanité sur la planète.

Quant à Trump, il est devenu le candidat idéal pour trôner en bonne place au banc des premiers grands accusés du crime  international d'écocide, une fois que ces crimes commis contre les écosystèmes de la planète, contre la paix et la sécurité de l'humanité, auront été reconnus par le droit international. C'est sûr, ça ne console pas vraiment...

Cathy Lafon

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