Innovation : à Bègles, Valorem inaugure une centrale de production et de stockage d'énergies vertes
Le futur parc éolien de Sainte-Rose, en Guadeloupe. Photomontage Valorem
Pour la transition écologique et énergétique du pays et donc pour la lutte contre le réchauffement climatique, l'innovation est de taille. Inaugurée le 4 mai dernier à Bègles près de Bordeaux, par Valorem, l'entreprise girondine spécialisée dans les énergies renouvelables, la centrale hybride de test Insul'Grid propose une solution technique appropriée au double problème majeur inhérent à la production des énergies vertes et propres : celui de l'intermittence et du stockage.
Réguler et stocker pour éviter le "black out"
Réussir à produire de l'énergie renouvelable, solaire, ou éolienne, c'est bien, mais ce n'est pas tout. Il arrive souvent que le vent s'arrête de souffler et que le soleil fasse faux bond, masqué par les nuages. Ou inversement, que les éoliennes tournent à plein régime et que les rayons de l'astre solaire bombardent les panneaux photovoltaïques, à ne plus que savoir faire de l'énergie produite. Pour que la transition énergétique atteigne ses objectifs (32% d'énergies renouvelables en 203), il est impératif que les sites de production des énergies renouvelables soient capables d'adapter la production de l'électricité verte qu'ils injectent dans le réseau, aux besoins de la consommation, en quantité et en qualité. L'objectif étant d'éviter le fameux "black out", la mise en rideau, du réseau électrique français et européen. Le consommateur d'électricité moyen ne le sait pas forcément : la surabondance d'électricité peut nuire gravement. A titre d'exemple, au début des années 2010, pour éviter les pannes, l'Allemagne, en plein essor dans la production de ses énergies renouvelables, s'est vue contrainte régulièrement de délester son électricité vers les réseaux des pays voisins, comme la république Tchèque, au risque de détériorer la qualité de leur propre service d'approvisionnement d'électricité, voire de provoquer un black out européen.
Le Codap, pour réguler
Ainsi, en avril dernier, pour gérer la flexibilité de sa production et contribuer à la sécurité et à l'équilibre du système électrique français, Clemessy, l'exploitant de la centrale photovoltaïque de Cestas (Gironde), la plus grande d'Europe (300 MW), a choisi le centre de dispatching et d'optimisation Codap de l'énergéticien Uniper, qui doit lui permettre d'assurer 24h/24h, les fonctions requises par le réseau électrique pour la production électrique de base, mais aussi en cas de tension sur le réseau. Mais il faut aussi que les sites producteurs d'énergies renouvelables puissent stocker l'électricité pour assurer la livraison d'une énergie prévisible et garantie, afin d'ajuster comme le font les producteurs énergies anciennes classiques (fossiles, nucléaire ou hydraulique), l'équilibre entre la production et la consommation d'électricité.
Le stockage : un enjeu industriel majeur
Le stockage et le déstockage de l'énergie verte ? Un enjeu industriel majeur, alors que l'Europe en 2050 devrait s'éclairer et se chauffer à 80% avec le solaire et l'éolien. Mais aussi un exercice difficile à réaliser jusque là, doublé d'"un changement de paradigme pour les renouvelables", explique Jean-Yves Grandidier, le patron de Valorem, pionnier du secteur, qui a créé, dès 2009, un département dédié à l'innovation et à la recherche pour répondre aux besoins techniques et optimiser ses installations en énergies vertes. Des recherches fondamentales pour l'opérateur béglais en énergies vertes, déjà très engagé dans de grands projets de sites de production d'énergies renouvelables en milieu insulaire, dont la particularité est d'être petits et instables.
Insul'Grid
Dans ses cartons, le projet Insul'Grid, développé pour Valorem par Philippe Etur, pour assurer l'indépendance énergétique des milieux insulaires, a donné naissance, huit ans plus tard, à une plateforme visant à développer des centrales hybrides, capables de combiner en temps réel les ressources énergétiques produites par plusieurs sources de production (vent, soleil) et différents moyens de stockage. Après un an de test à Bègles, en métropole, au printemps 2018, elle équipera le premier parc éolien hybride multimegawatt (16 MW) de Guadeloupe, à Sainte-Rose (Basse-Terre). Connectée au réseau électrique de l'île, ce parc de huit éoliennes sera le premier en France à bénéficier ainsi de son propre système de stockage d'énergie qui lui permettra de respecter un programme de prévision envoyé au gestionnaire du réseau et de participer à la stabilité de ce dernier, en tension et en fréquence.
Comment ça marche ?
Concrètement, si vous visitez le siège de Valorem, installé sur le site Newton à Bègles, vous risquez d'être déçus : pas d'éoliennes en vue. Insul'Grid, la plate-forme testée grandeur nature, se résume à quelques rangées de panneaux photovoltaïques, des cuves, des bonbonnes accompagnées d'un container (photo Sud Ouest ci-contre). L'ensemble du système fonctionne néanmoins parfaitement grâce à un générateur indépendant qui simule la production de courant par des éoliennes. Le principe étant que des batteries lithium-ion stockent l'énergie afin de pouvoir la restituer très rapidement. Une pile à hydrogène conçue par Areva Stockage d'énergie remplit la même mission de régulation de la production d'énergie, mais sur des temps plus longs.
Poule verte aux oeufs d'or
Insul'Grid, dans le monde en plein boum de l'industrie liée aux énergies renouvelables, pourrait bien être la poule aux oeufs d'or. Sa mise au point a nécessité un investissement de 4,1 million d'euros dont 2,2 millions d'aides de la Nouvelle Aquitaine et de la Banque publique d'investissement (BPI). Des fonds publics bien employés. Car la plate-forme créée par Valorem, vise un gros marché. Celui d'innombrables régions du monde, isolées ou en développement, que ce soit en Afrique ou dans certains coins reculés de l'Hexagone, et celui de ces îles qui, tout autour du globe, sont déjà engagées peu ou prou dans le développement des renouvelables (Caraïbes, îles grecques, Canaries, Açores, îles danoises, écossaises, japonaises...).
Mais aussi en France. Les habitants de l'ïle de Sein, notamment, regroupés autour du projet Ile de Sein Energies (IDSE) qui vise à approvisionner l’île uniquement en énergies renouvelables, afin de lutter contre le réchauffement climatique et la montée du niveau des océans, et qui bataillent contre le monopole d'EDF, ne manqueront pas d'être intéressés par l'innovation d'une installation qui doit aussi permettre d'optimiser les coûts de l'électricité d'origine éolienne et solaire et de la rendre encore plus compétitive face au nucléaire et aux énergies classiques.
►A SAVOIR
- VALOREM S.A.S est un opérateur en énergies vertes dont le siège social est installé à Bègles (Gironde) depuis 1994. Indépendant et pionnier dans le développement de l’éolien en France, Valorme est un opérateur responsable, présent sur et au-delà de ses projets d’EnR. Le Groupe Valorem maîtrise toute la chaîne de développement d’unités de production en énergies vertes, de la prospection à l’exploitation en passant par la conception et la maîtrise d’œuvre. Il compte aujourd’hui près de 180 collaborateurs répartis sur Bègles, Carcassonne, Amiens, Nantes et la Guadeloupe ainsi que dans ses bases de maintenance locales. Ses filiales métiers VALREA, et VALEMO, assurent respectivement les missions de construction, logistique et suivi d’exploitation et maintenance pour le compte du groupe et de tiers. Site Internet : www.valorem-energie.com
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