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Pour le macaque aux yeux ambré, chassé pour sa viande, c'est l'alarme

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Un macaque noir aux yeux ambrés, le 19 février 2017 dans la province de Sulawesi en Indonésie. Photo archives AFP

Mauvaise nouvelle pour la biodiversité ! Le macaque noir (macaca nigra) aux yeux ambrés, un singe mondialement célèbre depuis l’acte effronté d’un de ses représentants en 2011 qui avait chipé un appareil photo et pris un selfie, risque de disparaître: ce primate d’Indonésie est chassé pour sa viande et menacé par la déforestation. Une fois tué, on le grille au feu de bois, pour brûler son pelage et assurer une meilleure conservation d'une viande qui "ressemble un peu à du sanglier ou du chien", selon les Minahasan, une ethnie locale, qui prisent tout particulièrement ce mets traditionnel pour eux.

"Son habitat se réduit. Et les gens mangent les singes…"

"Son habitat se réduit. Et les gens mangent les singes…", déplorait le 4 avril 2017 auprès de l’AFP, Yunita Siwi, de l’ONG Selamatkan Yaki, qui fait campagne pour la protection de ce macaque à crête de poils et au pelage entièrement noir. L’espèce, protégée, est en voie d’extinction. Vivant uniquement dans la jungle, sur l’île des Célèbes (centre), il est victime des chasseurs Minahasan, un peuple autochtone pour lequel ce singe est un mets aussi savoureux que pour d’autres le foie gras. Suivez mon regard. Par ailleurs, comme son habitat naturel se réduit sous la pression des activités humaines et de l'agriculture, il s’aventure de plus en plus dans les zones cultivées, au risque de tomber sous les balles de paysans furieux.

2000  macaques noirs protégés dans une réserve

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Fort heureusement, la messe n'est pas finie d'être dite pour le macaque noir. Environ 2 000 spécimens de l'espèce  vivent toutefois à Tangkoko dans une réserve de 8 700 hectares où ils sont relativement protégés. Ce qui n’est pas le cas des 3 000 autres primates des forêts de la région. C’est dans cette réserve que se vit justement Maruto, le singe qui en 2011 avait dérobé l’appareil photo d’un photographe animalier britannique en reportage dans la jungle, David Slater. Ce dernier s’était absenté quelques minutes après avoir installé son trépied et avait découvert à son retour que le macaque avait pris deux selfies avec son appareil (photos Wikimedia ci-contre). Les images avaient alors fait le tour du monde et donné lieu à une bataille judiciaire aux Etats-Unis, une association de défense des animaux affirmant devant un tribunal de San Francisco que le singe devrait être propriétaire des droits d’auteur. Une requête finalement rejetée l’an passé.

Commerce interdit

Dans la région autour de la réserve, sur un marché traditionnel de la ville de Tomohon, qui regorge d’animaux exotiques dont le commerce est interdit, on trouve en bonne place des macaques morts, au milieu d’autres espèces variées : serpents, rats, pythons, chauve-souris… Mais aussi des chiens vivants, enfermés dans des cages, et promis au même sort, à côté d’étals où de jeunes hommes découpent de la viande. Des contrôles inopinés effectués sur place ont déclenché de violentes rixes et les autorités ont réfléchi à fermer ce marché. Mais elles semblent y avoir renoncé, alors que des agents de voyage ont fait de ce lieu une étape de "tourisme extrême" dans les séjours qu’ils proposent.

Programmes scolaires et églises

Les défenseurs de la nature et les autorités locales ont changé leur fusil d'épaule, et s’efforcent désormais de convaincre par la pédagogie les villageois installés autour de l’immense réserve naturelle de Tangkoko d’arrêter de chasser et de consommer du macaque noir. Sur les marchés, des officiels viennent expliquer que l’espèce est protégée et des panneaux avertissent les contrevenants qu’ils risquent jusqu’à cinq ans de prison. De leur côté, des ONG tentent, avec l’aide des autorités locales, de persuader les responsables d’écoles d’inclure la protection des espèces sauvages dans leurs programmes scolaires. Des défenseurs de la nature se rendent même dans les églises des districts à majorité chrétienne pour demander aux prêtres d’inculquer à leurs fidèles que les humains sont les gardiens de la Terre, et qu’ils doivent ainsi protéger les espèces en danger comme les singes.

En attendant, les effectifs de l’espèce se réduisent considérablement: en 40 ans, la population de macaques noirs (macaca nigra) a chuté de plus de 80%, passant de 300 primates au kilomètre carré en 1980 à 45 en 2011, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN).

Cathy Lafon avec l'AFP

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