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Réchauffement climatique: où en est la banquise de l'Antarctique ?

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Un immense glacier est en train de se séparer de la barrière glaciaire de Larsen C dans la péninsule antarctique. Ici, la fissure sur l'iceberg Larsen C. Photo NASA/MARIA-JOSE VINAS/AFP

La banquise de l’Antarctique est-elle en train de se réduire à peau de chagrin à l’instar de celle de l’Arctique, sous l'effet du changement climatique ? Ou pas ? A cette question brûlante pour la biodiversité exceptionnelle de cette région du globe et pour l'avenir de la planète, il semble que les scientifiques n’aient pas de réponse définitive, même si le continent blanc est touché de plein fouet par le réchauffement, avec une hausse moyenne des températures de près de 3°C depuis les années 60.

Légère tendance à la hausse jusqu'en 2014

banquise,fonte glaces,antarctique,réchauffement climatique,arctique"Les variations sont toujours importantes d’une année sur l’autre mais il y avait jusqu’en 2014 une légère tendance à la hausse" de la superficie de la banquise antarctique, explique David Salas y Melia, chercheur au Centre national de recherches météorologiques de Météo France. Paradoxalement, cette légère extension n’était pas un signe de refroidissement du continent, où le réchauffement a été de presque 3°C au cours des 50 dernières années, souligne le chercheur.

Une "fonte exceptionnelle" en 2016

Mais l'an dernier, en novembre 2016, qui correspond au printemps austral, "une rupture hors norme" dans les relevés statistiques a eu lieu, détaille le météorologue. Une fonte "exceptionnelle" a brusquement eu lieu et la banquise, formée d’eau salée glacée, a perdu presque 2 millions de km2 par rapport à la moyenne des 30 dernières années à cette période: soit 14,5 millions millions de km2 contre 16,35 millions de km2 sur 1981-2010. Le précédent minimum pour un mois de novembre était alors très largement battu: 15,5 millions de km2 en 1986. "C’est un phénomène d’une ampleur inédite et nous avons hâte de voir comment la banquise va évoluer en 2017", confie le scientifique de Météo France, qui supervise une unité de recherche de 80 personnes travaillant sur la modélisation du climat et les prévisions saisonnières.

Double record de fonte

"Les températures très chaudes relevées en Antarctique l’année dernière peuvent expliquer le record de novembre", avance-t-il. A la fin de l’été austral, fin février-début mars 2017, et donc de la fonte des glaces, un autre record a été battu, avec toutefois un écart beaucoup moins marqué qu’en novembre. L’étendue minimale de la banquise a été la plus faible jamais enregistrée avec 2,1 millions de km2 contre 2,29 millions de km2 en 1997. Sur la base de ces deux records, peut-on imaginer que la banquise de l’Antarctique est entrée dans un nouveau cycle, orienté nettement à la baisse, comme en Arctique ?

Renforcement des vents du sud

"Il est trop tôt pour l’affirmer", estime le chercheur, même si au cours du siècle "la couverture de la banquise diminuera probablement en Antarctique comme c’est déjà le cas en Arctique" du fait du réchauffement global. Mais à court terme, explique-t-il, les phénomènes expliquant la tendance haussière des dernières années seront encore présents. Le premier est un renforcement des vents du sud, en lien avec le trou d’ozone, qui pousseraient les glaces de la banquise vers le nord et contribueraient à leur étalement.

L'apport d'eau douce des glaciers produit de de la glace

Le deuxième facteur serait libanquise,fonte glaces,antarctique,réchauffement climatique,arctiqueée à l’apport d’eau douce généré par la fonte des glaciers. L’eau douce étant moins dense, sa présence accrue en surface limite les échanges avec l’océan profond qui est plus chaud. Les eaux douces relâchées dans l'océan par la banquise, après avoir fondu en quantité anormale, gèlent de nouveau en s'étendant encore plus et sur une épaisseur plus importante. Un phénomène qui a des conséquences catastrophiques sur les manchots qui vivent sur la banquise. L'étendue anormale de glace éloigne d'autant l'eau libre de la colonie, de telle sorte que les parents manchots se voient contraints de se dandiner à pied sur 80 km afin d'aller chercher et rapporter leur nourriture à leurs poussins. Ces derniers meurent de faim, épuisés, en les attendant. En 2014, le réchauffement climatique a ainsi anéanti la reproduction entière d'une colonie de manchots Adélie.

Enfin, une étude récente montre que la progression de la banquise sur la période 1979-2014 pourrait être liée à des changements dans l’océan Pacifique tropical. "Un Pacifique équatorial Est relativement froid va dans le sens d’une progression de la banquise", confirme David Salas y Melia.

Satellites et forages

Pour mieux cerner l’évolution de la banquise antarctique, les chercheurs combinent données des satellites et forages in situ. A l’image des trois scientifiques de Météo France qui entament la période d’hivernage à la base française de Dumont d’Urville, à l’est du continent austral. "Pour le prochain rapport du Giec (groupe intergouvernemental d’experts sur le climat), ces données permettront d’améliorer la représentation de la banquise" dans les modèles climatiques, explique via Skype Alexandre Flouttard, l'un des 23 hivernants de la base française. Arrivé à Dumont d’Urville le 21 décembre 2016, il en partira seulement en décembre prochain 2017. Les données qu’il collecte sur un continent grand comme 28 fois la France avec ses deux collègues de Météo France alimentent une base de données mondiale, dans laquelle piochent les climatologues pour affiner leurs modélisations du climat.

Cathy Lafon avec l'AFP

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