Initiative. En Floride, la première ville 100% verte des Etats-Unis attend ses habitants
Babcok Ranch, à Punta Gorda en Floride, la première ville verte américaine. DR
Imaginez une cité où des voitures électriques roulent sans chauffeur, devant des maisons construites selon les dernières normes écologiques, un restaurant de produits bios et locaux ou une ferme utilisant l’énergie solaire... Non, vous n'êtes pas dans un roman d'anticipation et non, il ne s'agit pas non plus d'un poisson d'avril. Vous êtes bel et bien en Floride, Etats-Unis, au pays de Donald Trump : bienvenue à Babcock Ranch ! Si vous avez envie de vous arrêter pour y poser vos valises, n'hésitez surtout pas : la première ville 100% verte américaine cherche désormais des habitants.
Le rêve d'une ville verte clé en main
Imaginée par Syd Kitson, un ancien joueur de football américain reconverti en promoteur immobilier, Babcock Ranch est sortie de terre en Floride, dans le sud-est des Etats-Unis, comme un champignon. Le concept de cette ville verte clé en mains est né il y un peu plus de 10 ans, en 2006, lorsque son "papa"a a acheté un terrain de 38 000 hectares dans le sud-ouest de l'Etat américain, pas vraiment réputé jusque là pour sa conscience écolo. Le pionnier de l'immobilier vert a pourtant revendu une grande partie de ses terrains à la Floride, qui en a fait une réserve naturelle. Un premier bon point pour lui. Mais Syd Kirtson a conservé près de 7 300 hectares pour réaliser son rêve : construire une ville respectueuse de l’environnement, sur le modèle des nouvelles mégapoles vertes chinoises.
"Nous construisons une nouvelle ville et cela n’arrive pas très souvent [...]. La première phase va beaucoup plus vite que ce à quoi nous nous attendions. Vous allez voir beaucoup de gens vivre ici très, très rapidement". Syd Kitson
La crise financière mondiale qui a frappé en 2008 a interrompu ses plans. Pourtant, au fur et à mesure que l’économie se redressait, les constructeurs se sont à nouveau intéressés au projet et ont acheté des parcelles et le projet est monté en puissance ces dernières années. Aujourd'hui, les travaux de la nouvelle ville qui se prépare à accueillir quelque 50 000 habitants dans les vingt prochaines années ne sont pas tout-à-fait terminés. Les bulldozers s'activent encore dans les nombreux espaces encore vides. Mais cela n'empêche pas le projet futuriste et largement médiatisé de fasciner le public : Babcock Ranch, qui va se chauffer, s'éclairer et se déplacer entièrement grâce aux énergies renouvelables, a attiré plus de 15 000 visiteurs durant les seul mois de mars, venus en nombre découvrir une vision écologique pionnière en Amérique.
Ecolo, mais chère
La première maison a d’ailleurs été vendue 460 000 dollars, soit deux fois le prix de vente moyen dans la région. Les heureux propriétaires de cette belle maison de deux chambres, érigée au bord d'un lac, emménageront en mai 2017. En revanche, les tarifs élevés des habitations ont douché l'enthousiasme d’autres visiteurs.
Des habitations à prix plus modérés (entre 180 000 et 220 000 dollars) devraient voir le jour dans les prochaines années, pour attirer cette clientèle soucieuse d'écologie, mais dont les moyens sont plus modestes.
La voiture n'est plus la reine
Première particularité de la ville, une ferme solaire de presque 180 hectares fournira l’équivalent de la consommation de 20 000 logements à la Florida Power and Light, société d’électricité locale qui approvisionne Babcok Ranch en énergie. Autres innovations de taille, au travail, les employés utiliseront des voitures électriques qu’ils branchent lorsqu’ils se garent. En matière de transports en commun, Babcock Ranch teste également une navette électrique sans chauffeur, EasyMile, qui peut transporter jusqu’à 12 personnes et ne se déplace que par portion de 800 mètres, à moins de 16 km/h. Si quelqu’un passe devant, elle s’arrête automatiquement. Au pays où la bagnole est reine, la ville verte a fait des choix radicalement différents : elle propose aujourd’hui une dizaine de kilomètres de sentiers pédestres sur les 80 prévus à terme.
Pas de golf... pour le moment
En revanche, pas de terrain de golf au programme... Babcok Ranc n'a toutefois pas fait une croix définitive sur cet emblème de la Floride, symbole d'un développement non durable, car gourmand en eau et dévoreur d'espaces naturels. De futurs golfs "aux normes les plus élevées de la durabilité", pourront être envisagés, si des golfeurs viennent habiter dans la ville. L’eau irriguée dans les cultures de la région sera par ailleurs recyclée.
École déjà complète
Preuve de l’engouement pour la ville, perçue par ses visiteurs comme "ce qu'il faut faire aujourd'hui pour vivre durablement demain", l’école publique, qui ira de la primaire au collège, affiche déjà complet alors qu’elle n’ouvrira qu’à la rentrée prochaine. Donc si vous avez des enfants, il faudra les inscrire ailleurs. A moins que la ville n'ouvre des classes supplémentaires...
Cathy Lafon avec l'AFP
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